Il y a des mots qui, déplacés d’un milieu à l’autre, changent de sens comme un drapeau change de main au cours d’une bataille. « Beauf », par exemple. On se souvient des planches de Reiser, des vociférations de Jean Yanne, de l’odeur du formica et du pavillon en meulière. Le beauf, c’était le beau-frère médiocre : sentencieux, vaguement cocardier, amateur de saucisses grillées, de bibelots criards et d’avis définitifs sur tout. Un être rivé au conforme, à l’évident, à l’étroit. Bref : le règne du quelconque.