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La plus noble ambition 1/2

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La plus noble ambition 1/2

Parmi les multiples échecs de la République française, aujourd’hui en état de décomposition avancée, il en est un particulièrement grave : le domaine social. Programme-phare de la gauche et de l’idéologie laïque, il n’est pas pour autant étranger aux préoccupations des politiciens dits de droite, ne serait-ce que par souci de présenter une alternative crédible.

Mais que faut-t-il entendre par « domaine social » ou « programme social » d’un point de vue politique ? On peut énoncer que, l’adjectif « social » qualifiant d’abord ce qui touche la société dans son ensemble, le politique au sens noble du terme, se doit d’être extrêmement attentif à la cohésion de cette société, à l’équilibre de ses composantes, à ses forces et faiblesses, à ses perspectives d’avenir. Remarquons l’apparition d’un aspect international du domaine social avec l’immigration massive et la présence de nombreux nouveaux Français récemment issus d’autres continents et d’autres civilisations.

Pour être plus concret, on peut convenir que l’instruction, l’emploi, la santé, le logement, la famille font partie du domaine social, et que à ces questions sont étroitement liés nombre d’aspects transverses politiquement, comme les infrastructures, les finances publiques, les projections démographiques, la politique étrangère…On admettra également qu’une politique sociale peut être évaluée à l’aune de ce qui est fait en faveur des plus démunis.

Rappelons que, historiquement, le domaine social en France a été longtemps l’objet d’un partage de rôles entre l’Etat et l’Eglise ; que depuis deux cents ans cette association a évolué vers une mainmise de l’Etat, particulièrement au XXe siècle. A cela deux raisons liées : l’hostilité de plus en plus affirmée de l’Etat envers l’Eglise, et les traumatismes démographiques, moraux, économiques, culturels produits par les  deux guerres mondiales.

Donc, pour des raisons multiples, parmi lesquelles l’idéologie tient une grande place, l’action de l’Etat, de la République, est devenue prédominante dans le domaine social, celles qui ressortissent à l’Eglise et aux initiatives privées demeurant minoritaires, voire marginales.

Or, si nous considérons les différents aspects du domaine social, que constatons-nous ?

Que l’illettrisme augmente tandis que la performance de l’instruction régresse, que le chômage progresse, que la santé publique est en crise, que la politique du logement est en échec, que la relève des générations des Français actifs ne s’effectue pas, et qu’enfin un nombre croissant de citoyens français vivent en marge de la société, ne connaissent pas leur langue nationale, et restent liés à leur pays d’origine plus qu’ils n’adoptent véritablement la France…

Ce constat à lui seul déconsidère non seulement une politique, mais encore bien plus un système politique. Or, sur quoi le système politique français repose-t-il ? Sur une République dite « laïque », qui en vertu de la loi de 1905 et conformément à ses racines rousseauistes, se considère elle-même comme source de toute légitimité, ses lois émanant de « la volonté générale » n’admettant aucune autre source de droit. C’est cette prétention à l’infaillibilité concernant le gouvernement des hommes, cette vision totalitaire de la société, ce refus aveugle de toute loi naturelle et a fortiori de toute transcendance qui ont présidé et président encore à l’effacement progressif de l’antique collaboration  du public et du privé, du  spirituel et du temporel.

Ce verrouillage obstiné est à l’origine d’erreurs, d’échecs, et d’injustices, à commencer dans le domaine social : on ne peut venir en aide aux plus faibles, ni venir à bout de la misère  sociale avec des fonctionnaires, des subventions aveuglément dispersées, un clientélisme démagogique qui éclate notamment dans la politique du logement et de la santé.

Soyons résolument convaincus de l’inanité du système qui accapare le pouvoir, et dans une large mesure, nos destinées sociales. Soutenons les initiatives, les idées, les propositions  qui tendent à nous affranchir de ce pouvoir qui à force d’être injuste, en devient illégitime.

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