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L’Allemagne gagne du temps

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L’Allemagne gagne du temps

Un pas en arrière, un pas en avant… Alors que, depuis deux ans, on observe des tensions entre une Allemagne jalouse de son indépendance et de sa prédominance européenne, et des fédéralistes décidés à créer un État central sur le continent, la situation s’enlise depuis peu dans un jeu de cache-cache étonnant.

Début septembre, sous l’impulsion d’un président passé par la très stratégique Goldman Sachs*, la Banque centrale européenne annonçait des achats potentiellement illimités de bons du Trésor d’Etats européens en difficulté. La décision était révolutionnaire : pour la première fois, l’Eurosystème se donnait la possibilité de mutualiser massivement différentes dettes publiques. Certains membres du directoire, comme le Français Benoit Coeuré, affirmait que le plus grave danger pour l’euro résidait dans une explosion du marché des capitaux uniques en Europe. Par là, il désignait un phénomène naturel observé depuis une dizaine de mois : les difficultés budgétaires des gouvernements espagnol ou italien poussent les banques étrangères à vendre leurs obligations, lesquelles sont rachetées par les établissements commerciaux de ces pays. Ainsi, la dette change de main, et l’interdépendance financière des différentes nations se résorbe d’elle-même.

Cependant, c’est cette interdépendance des dettes qui était le principal argument financier aux projets de transferts budgétaires entre États et de gestion commune de leurs deniers. Elle était, en dernier ressort, au cœur de la stratégie visant à créer un État unique (ce pour quoi l’euro a été imaginé)*.

Imbroglio financier

L’idée de la BCE est simple : tout en aidant les Etats cités à se financer à moindre coût, elle cherche à re-fédéraliser les dettes publiques des différentes nations par le biais de l’Eurosystème. Mais, entre les plans qu’elle avait élaborés cet été et l’annonce du 6 septembre, une énorme différence est apparue : seuls les titres remboursables à moins de trois ans pourront être acquis. Or, cette maturité est similaire aux vastes opérations de refinancement des banques commerciales qu’elle a consenties en début d’année. Pour les établissements financiers gorgés de liquidités, le message est clair : assurés d’avoir – en dernier ressort – un acquéreur aux moyens illimités, ils n’ont plus de raison de vendre leurs bons du Trésor, et ils ont même tout intérêt à en acheter. Depuis l’annonce de la BCE, l’attrait des obligations des Etats en difficulté est remonté en flèche, et les rendements – jusqu’ici juteux – ont fortement baissé.

Plus besoin donc, pour la banque centrale, de mettre son programme d’achat à exécution…

Est-ce un hasard si la reculade (relative) de la BCE a été suivie, six jours plus tard, par un accord de la Cour constitutionnelle allemande au sujet de l’adoption du traité dit MES ? Véritable fonds fédéral échappant au contrôle des États*, la validité du MES avait été mise en doute par une association allemande ayant regroupé plus d’un million de signatures, ainsi que par des juristes et économistes d’outre-Rhin.

L’adoption du MES est néanmoins assortie de conditions. La première d’entre elle a été émise par la Cour de Karlsruhe, qui souhaite que le capital apporté par l’Allemagne ne soit augmenté qu’en cas d’accord du Parlement. La seconde provient de l’exécutif actuel, qui met déjà en doute les capacités d’action du fond en désignant les marchés sur lesquels il pourra ou non intervenir. Toutes visent à limiter la force de frappe d’un MES échappant au contrôle de Berlin.

Contradictions apparentes

Fédéralisation des dettes, BCE, fond fédéral : le triptyque est lancé et l’Allemagne cherche à gagner du temps. Elle « n’écarte aucune option » au sujet de l’euro, avait affirmé son ministre de l’économie il y a un an. Une assertion qui révèle les schémas multiples envisagés par les politiques allemands, ce que confirment les entreprises récentes de ses plus hauts responsables.

D’un côté, le président de la Banque centrale allemande (membre de la BCE) publie un communiqué dans lequel il condamne le plan de rachat de dettes publiques par l’Eurosystème. Cette sortie médiatique rarissime intervient au moment où les grands journaux du pays critiquent vivement la dérive expansionniste de la BCE et que la population allemande devient hostile à l’euro. En outre, la Bundesbank préparerait un dossier pour attaquer le projet de la BCE en justice.

Par ailleurs, le ministre des affaires étrangères – Guido Westerwelle – mène de discrètes négociations pour renforcer l’intégration politique en Europe. Les discussions déboucheraient sur une déclaration générale des quatre « présidents » de l’Union européenne en décembre prochain (le président de la Commission européenne Barroso, celui du Conseil Van Rompuy, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, et… celui de la Banque centrale européenne Mario Draghi).

Tiraillée entre une expression populaire de plus en plus hostile à Bruxelles et une crise de l’euro aux effets potentiellement redoutables, Angela Merkel laisse toutes les portes ouvertes. Mais que pense, au fond d’elle, la chancelière allemande ?


*1 Banque d’affaires américaine qui entretient des relations ambigües avec le pouvoir états-unien, et s’est distinguée ces vingt dernières années par ses interventions dans les finances d’autres Etats (Russie sous Eltsine, Grèce pour son entrée dans l’euro…).

*2 Voir notamment L’euro et l’unité de l’Europe de Robert Raymond (2001 – éd. Economica). L’auteur n’est autre que l’ancien directeur général de l’Institut monétaire européen, l’établissement qui a préparé l’avènement de la BCE.

*3 Ainsi, le traité prévoit une réserve financière permanente dirigée par une administration qui jouira d’une immunité complète (art. 30). Le MES ne sera soumis à aucun droit national (art. 1 et art. 27) et ne peut donc être porté devant la justice pour un défaut d’ordre constitutionnel. Reproduisant les instances de l’UE, où la difficile recherche du compromis donne les clés effectives du pouvoir à la Commission, le directeur administratif non élu bénéficiera de pouvoirs étendus. Enfin, la direction pourra demander aux Etats-membres d’approvisionner sans condition et irrévocablement le fond sous sept jours (art. 8-4 et 9), et le MES sera autorisé à emprunter de manière illimitée auprès de banques privées (art. 17).

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