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Les BRICS, une menace crédible pour l’hégémonie américaine ?

Les pays émergents ont pris conscience de leur puissance nouvelle. Ayant fini d’émerger, ils entendent gouverner et même diriger, à l’instar des vieux pays rangés sous la bannière occidentale. L’hémisphère Sud se prend à rêver d’une union politique et même financière qui arracherait aux États-Unis leur leadership étouffant.

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Les BRICS, une menace crédible pour l’hégémonie américaine ?

Les BRICS sont à la mode. Cette alliance économique rassemblant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, prend de l’ampleur alors qu’elle a longtemps été considérée comme artificielle par l’Occident. Artificielle car réunir sur la même photo les deux dirigeants des pays les plus peuplés du monde qui sont en conflit géopolitique structurel peut sembler relever d’intentions utopiques qui ne déboucheront sur rien d’essentiel. L’Inde et la Chine ont en effet des différents frontaliers qui engendrent des tensions parfois meurtrières, comme en juin 2020 lorsque 20 soldats indiens furent tués au Ladakh, petite région de 60 000 km2, située à cheval sur l’Inde, le Pakistan et la Chine, au cœur de l’Himalaya. L’Empire britannique avait autoritairement donné cette région à l’Inde, ce que la Chine n’a jamais accepté. Ce conflit provoqua une vraie guerre en 1962 et n’est toujours pas achevé malgré la victoire chinoise et la rétrocession partielle du Ladakh.

L’Inde est certes amie avec la Russie qui l’est avec la Chine mais, en géopolitique, les amis des amis ne sont pas nécessairement amis. D’ailleurs, sur chaque photo concluant un sommet des BRICS, on observe avec amusement que l’Indien et le Chinois ne sont jamais l’un à côté de l’autre.

La guerre en Ukraine est passée par là

Malgré cela les BRICS ont maintenant le vent en poupe, car la guerre en Ukraine est passée par là, et leur élargissement en est la conséquence directe. Cette guerre, préparée de longue date à Washington, avait un objectif précis : abattre l’économie russe et affaiblir ainsi durablement un pays que l’Amérique considère comme un ennemi, quelle que soit la forme de son régime. Ce but, fièrement confirmé par notre grand écrivain-ministre Bruno Le Maire (« Nous allons détruire l’économie russe »), devait aller de pair avec l’isolement diplomatique définitif de cet incurable ennemi des démocraties occidentales.

Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. L’économie russe ne se porte pas si mal et la propagande occidentale sur la guerre en Ukraine ne fonctionne plus. Les milliards dépensés à soutenir l’effort militaire ukrainien, sans lesquels la guerre serait finie depuis longtemps, s’avèrent finalement insuffisants pour donner la victoire à l’armée de Zelensky, lui-même moins en cour d’ailleurs. Surtout, Américains et Européens n’ont pas pris la mesure de l’exaspération du « reste du monde », comme ils l’appellent parfois avec une candeur déconcertante. Les leçons de morale et les interventions militaires illégales, habillées de délicieux paravents humanitaires, n’ont pas été oubliées. L’Afrique était très hostile à l’attaque contre la Libye de Khadafi et le monde arabe a été outré de l’agression contre l’Irak. Le fiasco afghan n’a rien arrangé. Le bombardement de la Serbie a moins touché ce fameux « reste du monde » mais il n’a échappé à personne que l’indépendance du Kosovo a permis à son protecteur d’y bâtir sa plus grande base en Europe.

Le non du Sud global

Alors, les pays du « Sud global » (qui ne sont plus sous-développés ni même émergents) ont dit non aux derniers projets de l’Empire américain. Non aux sanctions contre la Russie, non à l’ostracisation de la Chine, non à l’aide militaire au régime ukrainien dont ils n’ont que faire. L’Occident a déclaré la guerre à la Russie, par fantassin ukrainien interposé, et c’est son affaire. Dans cette nouvelle psychologie géopolitique, l’élargissement des BRICS prend tout son sens. Six nouveaux pays, sur les dizaines qui ont posé leur candidature, rejoindront dès 2024 les cinq membres actuels : l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie et l’Argentine.

Le poids lourd, c’est bien sûr l’Arabie Saoudite. Ce pays est en train de vivre une révolution historique sous la houlette du prince héritier Mohamed ben Salmane : modernisation de l’économie, des mœurs, de la condition des femmes, tout y passe. Sans oublier, peut-être le plus important, l’éloignement de la doctrine wahabite des origines. Écrasé par la poigne de fer de MBS, le clergé se tait, d’autant qu’il sait que la popularité du futur roi est très grande. Humiliation suprême : toutes les mosquées du pays ont reçu l’ordre de baisser le son des appels du muezzin.

MBS n’est pas en reste sur le plan diplomatique. Il a accepté la médiation de la Chine pour une réconciliation historique avec l’Iran et a mis en sourdine ses différents avec les Émirats Arabes Unis sur le conflit au Yemen. Émirats qui, justement, sont un des six pays à intégrer les BRICS. Ces grands producteurs de pétrole et de gaz vont renforcer considérablement le poids de l’alliance sur le marché des matières premières.

Les grandes institutions internationales sont confisquées par les occidentaux, les États-Unis surtout : les BRICS actuels n’ont que 10 % des droits de vote au FMI.

Personne ne sait jusqu’où ira MBS dans sa révolution interne et externe mais l’Amérique doit observer cela avec inquiétude. Après l’assassinat du journaliste d’opposition Khashoggi, Biden avait finement déclaré qu’il ferait de l’Arabie Saoudite « les parias qu’ils sont ». La phrase est un peu confuse mais l’idée générale a été parfaitement comprise par MBS qui s’est paisiblement vengé en recevant Biden l’été dernier. Ce dernier lui a demandé d’augmenter la production de pétrole afin de faire baisser les cours pour gêner la Russie et calmer le consommateur américain. MBS lui a beaucoup souri et, à l’issue d’une réunion avec Vladimir Poutine, a annoncé une baisse de ladite production…

L’arrivée de l’Égypte et de l’Éthiopie va renforcer l’attraction de l’Afrique pour les BRICS, et celle de l’Argentine, malgré ses très graves difficultés économiques, a valeur de symbole sur le continent américain : deuxième pays après le Brésil, la doctrine Monroe a du plomb dans l’aile. Quant à l’Iran, on comprend mieux l’opération réconciliation avec l’Arabie Saoudite : tout cela avait été bien préparé.

La dédollarisation du « Sud global »

De nombreux autres pays frappent à la porte des BRICS : des poids lourds du pétrole, comme le Venezuela, le Koweit ou le Nigéria, du gaz, comme l’Algérie, mais aussi l’Indonésie, le Vietnam, le Kazakhstan, la liste est longue.

Les BRICS (il faudra sans doute changer de nom…) attirent donc. Mais quels sont leurs véritables objectifs ? Ils découlent d’un constat simple : les grandes institutions internationales sont confisquées par les occidentaux, les États-Unis surtout. Ainsi les BRICS actuels n’ont que 10 % des droits de vote au FMI et 15 % à la Banque mondiale. De plus, les conditions mises par le FMI pour octroyer des prêts sont maintenant jugés insupportables : immixtion dans les affaires intérieures, droit de regard sur les réformes, exigences dans tous les domaines de la vie sociale et économique. L’Argentine estime ainsi que le programme du FMI la concernant a contribué à l’aggravation de la crise.

Pour se défaire de ce carcan, les BRICS ont créé la Nouvelle Banque de Développement, basée à Shangaï et dont la dirigeante est l’ancienne présidente brésilienne, Dilma Rousseff. Les fonds versés par les adhérents, Chine en tête, sont conséquents mais la banque est encore loin de pouvoir concurrencer le FMI. En réalité, le nœud du problème est la dédollarisation du monde. Des avancées importantes ont eu lieu, notamment lorsque l’Arabie Saoudite a accepté que ses livraisons de pétrole soient réglées par la Chine en yuan. Toutefois, si le montant des transactions mondiales en dollars est en baisse, la devise américaine reste largement en tête. Le yuan progresse, mais lentement. Il sera très intéressant d’observer le comportement des nouveaux adhérents. Vont-ils pousser à l’accélération de la dédollarisation, ce qui serait une révolution sur le marché des matières premières ? Ou vont-ils négliger cet aspect pour se concentrer sur l’aspect politique de l’alliance ?

Car ne nous y trompons pas : la guerre en Ukraine et son cortège de sanctions contre la Russie a beaucoup inquiété le « Sud global ». Le gel des réserves en dollars de la banque centrale russe et l’exclusion des banques russes du système interbancaire Swift ont bien montré que tant que le dollar serait roi, l’Amérique peut punir qui elle veut, quand elle veut. Alors pourquoi pas moi un jour, se demande chaque pays ?

Si l’on ajoute à cela l’incroyable trouvaille de l’extra-territorialité américaine lui permettant d’infliger une amende à toute entreprise (8,8 milliards pour la BNP en 2015) ne respectant pas une sanction américaine, on comprend que la démarche BRICS est au moins aussi politique qu’économique : ne plus être sous la menace américaine. Le « Sud global » a d’ailleurs remporté une victoire symbolique à la dernière réunion du G20 en résistant aux pressions américaines et en empêchant que l’opération russe en Ukraine ne soit qualifié d’« agression » dans le texte final. L’aventure des BRICS ne fait que commencer.

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