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Rien ne va plus dans la « Davocratie » !

Mondialisation. Et si la mondialisation n’était pas si heureuse, et si elle produisait ce que les économistes appellent des effets pervers, et si l’histoire était imprévisible et infirmait en permanence les schémas théoriques de l’économie ?

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Rien ne va plus dans la « Davocratie » !

On a déjà dit, avec Raymond Aron, que les hommes font l’histoire mais ne savent pas quelle histoire ils font. Beaucoup ont voulu faire une économie globalisée réputée libérale et ont en même temps cru à la fin de l’histoire, un peu hâtivement. Cette histoire en effet n’a cessé de revenir en force dans sa nature tragique. Il fallait être Alain Minc ou Jacques Attali pour ne pas s’en apercevoir.

Et nous assistons, en la personne de Klaus Schwab, patron fondateur du Forum de Davos, à un des revirements les plus spectaculaires en cette fin d’année 2018. Le doute en effet le saisit : et si la nation était le remède aux maux qu’engendre cette mondialisation ?

Certes, cette mondialisation a sans doute permis le décollage des pays dits émergents et de soustraire des foules à la faim et la misère, mais d’autres schémas de décollage économique sont observables : la Chine mercantiliste et colbertiste (si l’on peut risquer le terme), par exemple, s’est développée d’une façon qui est loin d’être libérale. Cela n’a d’ailleurs pas empêché Klaus Schwab d’accueillir chaleureusement Xi Jinping en 2017 à Davos. Et tout le monde se félicitait alors de la défense, par le maître du parti communiste chinois, du libre-échange et de la globalisation dont il désirait fortement qu’elle continuât : « Ne pas fermer la porte au monde », disait-il, affichant une foi globaliste avec un aplomb de sycophante.

Mais depuis cette heureuse communion globaliste rien ne va plus dans la davocratie : protectionnisme, guerre des monnaies, montée des populismes, révoltes, dettes, crises de pays émergents, corruption, bref le doute s’insinue sur la globalisation et ses lendemains qui chantent. Ecoutons Klaus Schwab s’inquiétant, après la crise des Gilets jaunes en France : « On voit le risque pointer en France : si l’on n’arrive pas à maintenir un degré minimal de cohésion sociale, il y a un danger pour la démocratie », prévient-il. Et d’affirmer : « il faut moraliser la mondialisation » (Le Figaro, 13/12/18). Était-elle donc immorale ?

Moraliser la mondialisation ?

Klaus Schwab impute le phénomène des Gilets jaunes, en France, à la rapidité avec laquelle le monde change. Ce rythme, selon lui, provoque peur et repli sur soi. S’agit-il seulement d’une affaire de rythme ? Après tout, les Français se sont plutôt bien adaptés aux changements considérables qui se sont produits dans la société française ; ils ont même su s’approprier les nouvelles technologies par cette jacquerie numérique qui affole les hautes sphères. La vraie question est posée par Paul Volcker, un homme du sérail s’il en est. Âgé aujourd’hui de 92 ans, il fut, sous Reagan, le patron de la FED et conseilla un temps Barak Obama. Libre à son âge de sa parole, pour lui : « La ploutocratie s’est emparée du monde ». Il stigmatise un pouvoir financier qui a mis la politique à son service.

La chose n’est pas nouvelle dans l’histoire, les Grecs l’avaient déjà définie, mais la nouveauté tient dans le fait qu’elle ne connaît aucun contrepoids depuis la chute de l’URSS et la péremption du syndicalisme et du socialisme, même social-démocrate, avec en plus un degré de concentration de la richesse inédit et à une échelle qui, pour le coup, est mondiale. Klaus Schwab, grand prêtre de la globalisation, semble faire amende honorable et se justifie ainsi : « Je n’ai pour ma part jamais prêché le mondialisme » (idéologie qu’il oppose à la mondialisation, laquelle relève des faits). « Les salaires excessifs, les comportements inappropriés et le fait d’agir dans des zones d’ombre légales ne contribuent pas à renforcer la confiance de la population dans le leadership du monde des affaires ». La phrase est quelque peu alambiquée, une circonlocution qui hésite encore à dire les faits ; on préférera, à tout prendre, la phrase de Christine Lagarde sur les élites déconnectées. Amende honorable, opportunisme récupérateur ? Vent du boulet, plutôt ; peut-être une des victoires méconnues des Gilets jaunes ? « Dans un éditorial qui remonte à 1996, j’avais déjà écrit que la mondialisation n’était pas soutenable. Si nous n’y ajoutons pas une dimension d’inclusion, elle n’échouera pas, mais se heurtera à de sérieux obstacles politiques et sociaux. »

Du prolétariat au précariat, la Nation comme solution !

Non dépourvu de lucidité, Klaus Schwab voit bien la précarisation qu’engendre la globalisation, mais il est convaincu que le progrès technique détruit, par l’automation, plus d’emplois que les délocalisations et la concurrence. C’est pourquoi il entend faire du Forum qui s’annonce le lieu de réflexion sur l’adaptation du monde à la quatrième révolution industrielle, la mondialisation 4.0 qui faisait l’objet de son dernier livre (La quatrième révolution industrielle, Dunod, 2017).

Quelle solution à cette fatale précarisation ? Là, les choses sont claires : sauvegarder la cohésion sociale passe, selon Klaus Schwab, par… le cadre national ! Stupéfiant retour en grâce de la nation ! Au moment même où on nous explique que le nationalisme est une lèpre, voilà que le maître des maîtres du monde en esquisse une théorie positive. Il se montre peu disert sur les solutions mais la formulation est méritoire. À l’évidence le cadre national est le seul approprié à une politique sociale d’« inclusion » de nature à assurer la cohésion sociale perdue. Ce faisant le président du Forum de Davos postule des principes exactement contraires à la philosophie du pacte de l’ONU sur la migration. Toute inclusion implique, en effet, la notion d’exclusion, d’appartenance ou de non-appartenance à une nation.

Il avoue d’ailleurs que son cœur penche plutôt pour ce qu’on appelle le capitalisme rhénan et l’économie sociale de marché (Sozialemarktwirtschaft), fondée à l’époque d’Adenauer, modèle un peu mythique mais dont les caractères ne semblent pas avoir nui à l’Allemagne. Enfin, au détour d’une phrase, voilà qu’il laisse poindre les limites du multilatéralisme n’allant pas jusqu’à préconiser son abandon mais le laissant entendre, certes à mots couverts – on ne peut renier ouvertement ce que l’on a adoré. À propos de Trump et de son affrontement avec la Chine pour la maîtrise de cette fameuse quatrième révolution industrielle, il ne peut nier que si la Chine est en train de gagner, c’est qu’elle a le plus souvent choisi l’unilatéralisme, qu’elle s’est, en quelque sorte, sino-centrée.

Et Klaus Schwab de craindre pour la démocratie, le problème étant qu’au cœur de la revendication des Gilets jaunes, il y a aussi la revendication démocratique face à l’oligarchie ou globarchie. Voilà, quoi qu’il en soit, autant de réflexions que devrait méditer le président de la République pour s’extraire de ses chimères, s’il n’est pas trop tard, lui qui n’a cessé de conduire une politique visant à « décentrer » la France et les Français.

 

 Klaus Schwab, portrait du fondateur

Klaus Schwab a fondé le Forum économique mondial qui se tient à Davos, en Suisse, depuis bientôt 50 ans. Il accueillera, à partir du 22 janvier prochain, environ 70 chefs d’État et de gouvernement. Ce forum est une oligarchie de 3000 sachants et possédants (19 000 euros d’inscription et 50 000 FS de cotisation au club). Klaus Schwab est ingénieur et économiste, formé en Allemagne et en Suisse, avant de passer par la Harvard Business School. Plutôt sympathique, bon communicant, l’homme n’a rien du monstre froid qu’on s’attend à trouver à ce haut poste. Il a commencé sa carrière professionnelle comme professeur de management industriel à la fin des années 1960 à l’université de Genève où il a enseigné jusqu’en 2002. Le Forum qu’il a fondé est « committed to improving the state of the world » (engagé pour améliorer l’état du monde). Rien moins que cela ! Et tous les grands de ce monde n’avaient pas assez de mots pour célébrer ce forum, auquel ils se rendaient dans une forme d’allégeance qui indique bien où se trouve la réalité du pouvoir. Une devise y avait cours : « Faisons du commerce, pas la guerre ! » ; formule un peu creuse, il suffit pour cela de lire le vocabulaire du marketing pour comprendre : campagne, conquête, positionnement, stratégie, engagement… Pour paraphraser Clausewitz, le commerce serait-il la continuation de la guerre par d’autres moyens ? Nous sommes loin du paradigme de Montesquieu sur le « doux commerce » ! Il est donc des vainqueurs mais aussi des vaincus et ceux-là semblent se compter en nombre grandissant et ne plus supporter cet ordre instauré depuis une génération. La similitude et la simultanéité des populismes dans les pays développés (USA, Europe) et dans les pays émergents (Brésil) interroge sur les effets de cette globalisation.

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