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Le veau d’or est toujours debout

Aucune théorie économique n’est capable de rendre compte de la course folle du capitalisme financiarisé à outrance. Seule l’anthropologie peut expliquer comment nous en sommes arrivés à un monde fait de concupiscences immédiatement satisfaites.

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Le veau d’or est toujours debout

Le veau d’or est toujours debout et plus que jamais, c’est à peu près la seule certitude économique dans l’interprétation contemporaine des évènements. Tout se passe, en effet, comme si les économistes et leurs théories étaient renvoyés au magasin des accessoires. L’observateur éprouve une grande difficulté à s’y reconnaître tant les événements économiques contemporains présentent un manque de lisibilité interprétative.

Quand la « science » économique ne dit plus rien

Sans vouloir être iconoclaste, il faut bien avouer qu’Adam Smith, le père de la pensée libérale, ne nous aide guère à comprendre ce monde qui se dit libéral ; la métaphore de la main invisible qui devait assurer la régulation naturelle, dans la liberté, est une main de fer dans la mondialisation non régulée et largement monopolistique. Quant à Marx, on serait tenté d’être marxien pour rendre compte de l’énorme concentration capitaliste produit de la mondialisation (Gafas, Tesla, BlackRock et autres Big Pharma) mais cette concentration semble ne pas lui être aussi fatale que le prédisait le barbu de Londres, bien au contraire, l’accumulation du dit capital le fait croître plus encore. Quant au prolétariat, il n’est plus ouvrier, les régimes établis en son nom se sont effondrés, le néoprolétaire se définit beaucoup plus par sa race (le racialisme est passé par là) ou même son sexe. Produit d’importation, ce néoprolétariat se montre très attaché à l’opium du peuple quand il vient des pays d’islam. Weber, quant à lui, est infirmé dans sa description de l’ascèse du capitalisme et l’esprit d’investissement qui savait attendre avant de voir le profit. Aujourd’hui, le capitalisme financier veut du profit hic et nunc et il l’obtient dans la sphère financière, grâce aux États impuissants à le réguler mais tout empressés à lui fournir par le truchement des banques centrales les liquidités dont il est vorace. Et, jusqu’à présent, cette planche à billets n’a pas provoqué d’inflation, Jean Bodin lui aussi est démenti. Mais les choses sont peut-être en train de changer en ce domaine, quoique nous ne soyons pas sûrs que ce soit la planche à billets qui fait se pointer l’inflation mais plutôt les ruptures des chaines fournisseurs, les pénuries et autres facteurs. Quoi qu’il en soit, il y a quelque chose de frénétique dans l’inflation si elle venait ajouter à la confusion ambiante.

Reagan souhaitait que l’État descende de notre dos et retire sa main de notre poche, inspiré en cela par Milton Friedman et… Bastiat, économiste français du milieu du XIXe siècle : l’État n’est pas descendu de notre dos, il s’est affaibli pour notre protection mais a aidé les oligarques du capital à y monter. Keynes n’est pas plus pertinent pour interpréter la politique économique d’aujourd’hui. Certes, l’assouplissement monétaire est une lointaine application de la cheap money, mais Keynes n’alla pas jusqu’à la fabrication inconsidérée de monnaie, il se contentait de préconiser le déficit budgétaire. 

Une économie du diable

On ne voit plus non plus les bons vieux cycles, types Juglar, Kitchin ou Kondratieff qui décrivaient avec un certain bonheur les périodes de croissance et de crise, une forme de prévisibilité qui rassurait les économistes. Bref, désormais, les indicateurs de la macro-économie, croissance, inflation, déflation, investissement, chômage, plein-emploi, consommation, production, sont là en vrac, sans liens organiques et rationnels entre eux, rendant incompréhensible l’époque à travers ce que l’on a retenu, jusqu’à nos jours, de la dite science économique. Le capitalisme, protéiforme, c’était entendu, avait historiquement une forte propension à se refaire et à faire feu de tout bois. Mais il prend aujourd’hui des formes si inédites (profit immédiat, financiarisation, numérisation) qu’on se demande si, cette fois, il ne va pas tuer l’épargne, antique vertu des peuples, dans un enterrement de première classe. Ce n’est pas la corde pour le pendre mais le cercueil pour l’enterrer, dans ses formes traditionnelles, qu’il vendrait. Ce manque de visibilité interprétative fait donc de l’économie contemporaine une économie du diable. 

Destruction créatrice ?

On pourrait encore suivre Schumpeter dans sa « destruction créatrice » au spectacle de la vieille industrie agonisante et du triomphe du numérique, mais la logique des révolutions industrielles se brouille, on ne sait plus si nous sommes à la quatrième ou la cinquième et surtout, quel que soit leur numéro, elles interfèrent désormais dans la transformation totale de l’homme avec une ambition de démiurge que ne voyait pas l’économiste autrichien. Certes l’exode rural, l’industrialisation et l’urbanisation eurent des conséquences sociales modificatrices sur la société, mais peu d’économistes ont vu la grande réorganisation (le fameux Great Reset), laquelle d’ailleurs est plus le résultat d’une occasion à saisir, au moins pour les politiciens (ainsi le prétexte de la pandémie) qu’un réel plan concerté, dont ils pourraient dire : « ces évènements nous dépassent, feignons de les organiser ». Sauf pour quelques intellectuels fumeux qui les ont appelés de leurs vœux constructivistes et nous rejouent au XXIe siècle, sur un autre mode, les utopies criminelles qui ont affecté le XXe.

Une révolution anthropologique

Pour comprendre ce qui est en train de se passer, ce sont plutôt la sociologie et l’anthropologie qui peuvent nous éclairer. En réalité, comme jamais, l’économie confine à l’anthropologie et produit des effets sociétaux qui dépassent ceux observés dans les précédentes périodes. Prenons un exemple européen : il est quand même tout à fait singulier de se souvenir du discours de Robert Schuman dans le grand salon de l’Horloge du quai d’Orsay (9 mai 1950) annonçant la création de la CECA à finalité d’économie d’échelle, à l’origine de l’actuelle Union européenne, et de le comparer avec l’actuel zèle obstiné à imposer l’idéologie LGBTQ… (l’alphabet n’y suffira pas !) avec sanctions à l’appui, pour des questions de mœurs, contre la Pologne rebelle. La révolution numérique modifie considérablement notre rapport au temps, à l’espace et à la loi naturelle, qu’elle semble capable d’abolir, et c’est là que réside le rôle démiurgique de cette économie contemporaine. Alvin Toffler (Le choc du futur) montrait qu’aux vagues de l’industrie puis de l’agriculture a succédé la vague informationnelle. La tyrannie de la communication règne en maître et Lucien Sfez va jusqu’à comparer cette inflation à une pathologie. Un monde de simulacres et de simulations selon Baudrillard. Jürgen Habermas s’inquiète de ce que cette tyrannie numérisée modifie la perception que l’homme a de la réalité, et plus précisément des notions d’espace et de temps, conditions de toute expérience. On pense au métavers, ce monde virtuel, dernière nouveauté de Facebook.

La seule chose qui reste compréhensible c’est que le veau d’or, lui, est toujours debout, plus que jamais, désormais servi par le numérique. C’est à lui que l’on peut attribuer des effets induits paroxystiques sur les mœurs et les nations avec cette mondialisation de la concupiscence consumériste.

On se prend à songer au livret du Faust de Gounod où le librettiste Jules Barbier – les textes d’opéra ne sont pas toujours de grands textes – ne manque pas de sagacité. Écoutons-le (sans la musique, qui est magnifique !)

Le veau d’or est toujours debout !

On encense Sa puissance, [les médias]

D’un bout du monde à l’autre bout ! [la mondialisation]

Pour fêter l’infâme idole [la communication]

Roi et peuples confondus, [peopolisation]

Au bruit sombre des écus, [le bitcoin et ses gigantesques “fermes” de minage informatique, le dollar et sa domination]

Dansent une ronde folle [tels les traders devant leurs écrans]

Autour de son piédestal ! [Nyse, Nasdaq Eurostoxx]

CHŒUR : Et Satan conduit le bal !

Mais, à Bethléem, un enfant nous est né, pauvre aux yeux du monde !

 

Illustration : Les ventes d’Alibaba atteignent 498,2 milliards de yuans (environ 69,4 milliards de dollars américains) lors de la fête annuelle du shopping en ligne de la Journée des célibataires, le 12 novembre 2020. 

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