Le revirement étrange du premier ministre grec dans les négociations avec Bruxelles et le vote positif du parlement athénien pour accepter une nouvelle vague d’austérité contre un prêt en euros montre l’ampleur des pressions subies par Athènes.
« Si l’on suit le communiqué de presse de l’Eurogroupe, réuni samedi et dimanche, la Grèce n’a d’autre choix que la mise sous tutelle par la zone euro. Sa seule liberté est celle du défaut et de la sortie de la zone », notait l’économiste Antoine Waechter le 13 juillet.
Au total, le gouvernement grec a cédé le week-end dernier sur la majorité des points demandés par la Commission européenne, sa Banque centrale et le ministre allemand des finances : nouvelle hausse du taux de la TVA et élargissement de l’assiette d’imposition, réduction des retraites, ouverture du travail le dimanche et libéralisation des professions réglementées, révision du processus de négociation salariale.
En outre, le gouvernement grec devra soumettre à l’avenir toute réforme d’envergure à l’analyse préalable de ses créanciers, quelle que soit leur nature.
Les actifs stratégiques dans des mains étrangères
Enfin, Athènes devra privatiser pour cinquante milliards d’euros d’actifs, dont le transport d’électricité grec. Un chiffre qui correspondrait au tiers du total des avoirs de l’Etat. Les fonds allemands et américains se frottent les mains…
En contrepartie, le système bancaire grec recevra un prêt sous conditions de 85 milliards d’euros, lequel sera distribué par tranches en trois ans.
Il faut que la pression commerciale, diplomatique et militaire ait été très forte pour forcer Alexis Tsipras à accepter un tel accord, pourtant rejeté par un référendum populaire une semaine plus tôt.
Les négociateurs européens n’ont quant à eux pas laissé de marge de manœuvre à Athènes. Le parlement grec a été sommé d’approuver sous les trois jours l’accord signé à Bruxelles le 13 juillet, sous peine de voir la Banque centrale européenne couper toutes les liquidités en euros au système bancaire hellène.
Le projet d’unification politique en cours
Et maintenant ?
Les marchés financiers respirent. Les titres d’Etat des pays de la zone euro sont davantage achetés par les gestionnaires et les actions des banques grimpent de nouveau en Bourse. Surtout, le projet d’unification politique européenne – et son prolongement le Traité transatlantique – demeure en cours.
Pour la Grèce, la situation s’annonce plus difficile. Plusieurs économistes prévoient un nouveau recul du PIB après la hausse d’impôts à venir. Le chômage, qui atteint déjà officiellement le quart de la population active, pourrait encore augmenter.
Le gouvernement d’Alexis Tsipras ne semble pourtant pas activer l’option de la mise en place d’une monnaie nationale, seule capable d’éviter le plan imposé par l’Union européenne.
Rendez-vous dans six mois pour une nouvelle crise politique ?