Les spécialistes sont inquiets. Ils se consolent avec des chiffres de croissance qui donnent l’impression d’une embellie qu’on voudrait perpétuer. L’inquiétude ne se dit pas trop ; l’embellie s’affiche sur tous les tableaux.
Pour une raison simple. C’est qu’en matière financière et économique, la confiance est la règle d’or. Il est indispensable de créer la confiance ! Le ressort essentiel en ces matières qui se donnent volontiers des allures scientifiques, est en réalité d’ordre psychologique. Acheter, vendre, placer supposent la garantie de l’ordre et de la durée. La spéculation, elle, ne vit que de l’instant et de l’agitation.
Cependant, quand les banques et, en particulier, les banques centrales se mettent elles-mêmes à jouer avec la réalité en soutenant des pyramides de dettes soit des particuliers, soit des États, arrivent un jour, et soudainement, ce qui doit arriver : un effondrement qui est alors plus qu’une légère correction.
2008 faillit être tragique. Qui s’en souvient ? Dix ans après, des symptômes analogues annoncent des dysfonctionnements semblables dans le système. L’effort considérable consenti en 2008 – et qui a coûté fort cher à la France et alourdi considérablement sa dette – sera-t-il renouvelable au cas où… ? Il est des questions qu’il est interdit de poser. Politique magazine n’hésite pas à les exprimer. D’autant plus que s’ajoute à l’incertitude économique et financière, l’incertitude monétaire et politique. Plus rien n’est sûr et surtout pas en Europe où tout éclate ; et, contrairement à ce que nous serine une certaine « gouvernance » au pouvoir à Bruxelles et à Paris, « la zone Euro » est en passe de souffrir – elle plus que d’autres – de toutes ces fragilités tant politiques que monétaires. À ce jour, personne ne peut prédire l’avenir. Et le peindre en rose entretient aussi bien la crédulité dans le présent que l’illusion dans le futur.