C’est un livre qui réécrit l’histoire en vrai et, en particulier, l’histoire contemporaine. L’auteur utilise les sources les plus variées pour expliquer les évènements dans lesquels l’Allemagne s’est trouvée jetée. Ce pays dont l’unité fut tardive avait su s’inventer un modèle de développement économique et social qui aurait justifié sa nouvelle assise politique et son expansion. En réalité les intérêts anglo-saxons, d’abord, états-uniens ensuite, en ont été contrariés. L’Angleterre et l’Amérique n’ont cessé de ruser avec elle, tantôt s’en servant contre la France, tantôt l’acculant à la faute. Le livre tourne en réquisitoire implacable contre la politique anglaise et américaine de l’entre-deux guerres et de l’après-guerre : citations, démonstrations abondent. Mais les États-Unis eux-mêmes traversent une crise économique fondamentale dans laquelle ils entraînent le monde. Cette crise à des conséquences sociales dramatiques. Elle est essentiellement d’origine financière et implique toute la gouvernance mondiale dont les élites partagent les mêmes intérêts, les mêmes conceptions, les mêmes réseaux. Les vieilles nations européennes sont condamnées et submergées par des politiques insensée et voulues de flux migratoires sans fin. Reste que les peuples se réveillent. L’élection de Donald Trump n’est qu’un signe ; le Brexit un autre ; la ténacité de Poutine aussi et les réactions qui se font jour un peu partout. La nouvelle puissance allemande est fragile. Angela Merkel a commis une faute grave à son égard. Les Allemands pourraient jouer leur rôle. Encore faut-il qu’ils le veuillent.
Allemagne, Les véritables enjeux,
Thierry Gobet, Ed. Erick Bonnier, 351 p, 20 €