Ce livre porte sur un sujet majeur, mais bien trop souvent négligé des économistes : la famille.
C’est sans doute du fait de l’approche trop naturellement individualiste de la plupart d’entre eux, mais cela les conduit à négliger ce qui est véritablement l’éléphant au milieu de la pièce : le rôle décisif que joue la famille, non seulement pour les personnes concernées ou pour la société, mais même pour l’économie au sens le plus étroit du terme.
C’est en effet la famille qui assume un rôle décisif pour ce qu’on appelle techniquement la reproduction du capital humain, c’est-à-dire la naissance et la première éducation de ceux qui feront vivre l’économie de demain. Et c’est aussi, bien sûr, le lieu où s’effectue la vie de la plupart d’entre nous, ce qui économiquement se traduit comme unité de consommation mais aussi, fait largement négligé, de production : le travail domestique, évalué selon des méthodes très prudentes, représenterait plus de 30 % du PNB s’il était pris en compte. Il est donc essentiel de réintroduire cette question majeure dans le contexte de la réflexion sur l’économie.
Mais en l’espèce cette considération va bien au-delà, notamment en termes de politique économique et sociale. En témoignent les interrogations graves posées par l’effondrement de la natalité dans nos pays. D’où là aussi le besoin d’une réflexion sur les voies et moyens d’une contribution de l’économie au redressement de cette situation.
Ce livre compétent et innovateur n’est en rien réservé aux spécialistes et se lit très agréablement. J’ajoute qu’il a bénéficié de contributions multiples des membres de l’Association des économistes catholiques que je préside, dont la mienne.
Jean-Didier Lecaillon, La famille au cœur de l’économie (préface de Xavier Fontanet). Salvator, 2024, 260 p., 22 €
