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Une comète nommée Allais [PM]

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Une comète nommée Allais [PM]

Depuis 2012, la fondation Maurice Allais s’active pour faire connaître l’œuvre du plus grand économiste français du XXe siècle, dont les « traits de génie » sont encore inexploités.

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« Si les premiers écrits de Maurice Allais avaient été publiés en anglais, une génération entière de la théorie économique se serait développée différemment », affirmait le grand économiste Paul Samuelson, prix Nobel en 1970. « Beaucoup de modèles économiques célèbres attribués à des Américains avaient été découverts au préalable par Maurice Allais, sans que personne ne s’en rende compte », relève le professeur Bertrand Munier, ancien membre du CNRS et président du jury de la fondation Maurice Allais. Le scientifique, qui avait également mené des prospections poussées en sciences physiques, son autre passion avec l’histoire, avait finalement été récompensé de la médaille d’or du CNRS en 1978 puis il avait été le premier Français à recevoir le prix Nobel d’économie, en 1988. « Le comité Nobel avait primé deux ouvrages majeurs : le Traité d’économie pure écrit dans les années 40 et Economie et intérêt, publié initialement en 1947 mais resté dans les cartons de l’Imprimerie nationale. Ce sont des livres où l’on trouve beaucoup de traits de génie mais ils sont encore largement ignorés en France et inexploités dans le monde », analyse Bertrand Munier.

Boycott médiatique

C’est pour casser l’ignorance dans laquelle est tenue l’œuvre du grand chercheur, décédé en 2010, que sa fille a lancé la fondation qui porte son nom. L’une de ses actions-phares est le prix de sciences économiques créé il y a deux ans. « Nous recevons des candidatures de grande valeur. Nous ne retenons que les projets qui sont d’une rigueur indiscutable et qui relient la théorie à l’observation, comme le faisait Maurice Allais », détaille le président du jury. Le 29 mai 2015, dans l’auditorium du prestigieux Paris Tech, le prix a été remis à Xavier Gabaix, un professeur agrégé enseignant actuellement aux Etats-Unis. « Le lauréat affirme et prouve que les marchés ne fonctionnent jamais de manière idéale, car tous les acteurs économiques n’ont pas à l’esprit tous les prix à tout moment. Cela rejoint une théorie absolument géniale de Maurice Allais sur la mémoire économique que presque personne n’a lue », explique Bertrand Munier. La fondation organise en outre, un an sur deux, un colloque portant sur les travaux du prix Nobel.En 2014, l’évènement a réuni plus de 400 personnes dont des invités de marque comme Nouriel Roubini ou Jean-Claude Trichet.

Comment expliquer que l’un des penseurs français les plus féconds en économie ait été si longtemps ignoré du monde universitaire et du grand public ? « Maurice Allais a parfois publié des théories géniales dans des revues de quatrième ordre, et il n’a commencé à écrire en anglais qu’à partir des années 60 », souligne Bertrand Munier, qui voit là l’une des causes majeures. Le boycott médiatique qu’a subi le chercheur à partir des années 90 pourrait également s’expliquer par ses critiques de plus en plus acérées à l’encontre de ce qu’il appelait « l’Organisation de Bruxelles ». Dans La mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance – l’évidence empirique (éd. Clément Juglar, 1999), Maurice Allais affirmait, graphiques et modèle économique à l’appui, que la levée forcée de toutes sortes de barrières commerciales menée par la Commission européenne depuis les années 70 concourait de manière inévitable à la crise économique et au chômage. Pour ne rien arranger, le professeur estimait à plus de 15 % du sous-emploi total l’impact de l’immigration non communautaire…

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