Dans son dernier roman, Romain Slocombe nous transporte au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une France encore marquée par les ombres de l’Occupation.
L’auteur, issu d’une famille franco-britannique, dépeint avec une précision captivante l’histoire troublante d’Aline Beaucaire, une femme au destin complexe. En fait, il y a deux Aline, ou peut-être qu’une seule. Qui le saura ? Aline Beaucaire ou Aline Bockert. Le nouveau roman de l’auteur est réalisé à partir de documents officiels de la police datant de l’Épuration, témoignages directs et rapports divers. Un collage de documents qui donne un roman inédit, dans sa forme, et rend l’intrigue encore plus mystérieuse. Y a-t-il deux Aline ? Qui est cette « sale Française » dont le titre se fait l’écho ?
Alsacienne travaillant dans un hôtel, Aline est confrontée à l’interrogatoire minutieux d’un commissaire de police intrigué par son passé. Tombée éperdument amoureuse d’un séduisant sergent pilote, elle le suit clandestinement en zone libre, bravant la ligne de démarcation dans l’espoir de rejoindre Alger. L’aventure romantique prend rapidement une tournure tragique, laissant planer des doutes sur l’innocence d’Aline et révélant un lourd secret qu’elle semble vouloir dissimuler.
Le récit se complexifie davantage avec l’ombre d’une autre Aline, surnommée la « Panthère rouge », une figure mystérieuse qui aurait collaboré activement avec la Gestapo. La question centrale demeure : Aline Beaucaire est-elle réellement celle qu’elle prétend être, ou cache-t-elle un côté obscur qui la lie à cette « sale Française » aux actions troubles ? L’auteur, déjà reconnu pour des œuvres telles que Monsieur le Commandant et L’Affaire Léon Sadorski, tisse une toile complexe où les frontières entre l’innocence et la culpabilité, l’amour et la trahison, sont floues et continue d’explorer les profondeurs de l’histoire avec une maîtrise remarquable.
Romain Slocombe, Une sale Française. Seuil, 2024, 272 p., 20 €