Le justiciable de nos jours est soumis à une nouvelle forme de hasard. Apparemment, ce n’est plus une question de dés, mais il ne sait toujours pas sur quel pied danser, il ne sait jamais sur quel juge il va tomber. Sera-t-il bon ? Sera-t-il mauvais ? Sera-t-il sévère ? Sera-t-il laxiste ? Qui en décide ? On ne sait pas, c’est le hasard. Si vous tombez sur un juge sévère, vous aurez droit à un séjour dans un lieu non pas frais, comme disait Voltaire à une époque où ces lieux possédaient de très gros murs en pierres massives, mais dans un endroit surchauffé en été grâce à des cloisons modérées, ceci pour un temps adapté à l’offense que vous aurez fait subir à la société. Si, au contraire, vous tombez sur un juge laxiste, tout dépend. Si vous êtes délinquant, récidiviste et plutôt de gauche, c’est-à-dire du genre petit marrant, il vous sera accordé un séjour de très courte durée, quasiment symbolique, ou à un sursis plus symbolique encore, à moins qu’on ne veuille vous orner un des membres d’un gracieux bracelet électronique. Mais si vous appartenez de près ou de très loin à un de ces groupuscules qualifiés d’extrême droite ou pire : de droite extrême, qui sèment la terreur dans nos campagnes et dans nos villes, comme l’a constaté un élu de la Nation, Jean-Duc Monbouchon, clairvoyant extra-lucide, vous bénéficierez d’un séjour prolongé, bien clos, logé, blanchi, nourri, aux frais de la princesse Thémis la Jolie. Dans le meilleur des cas, vous aurez des compagnons d’hébergement, qui vous feront connaître toutes sortes de délices.

Illustration : Laurence Blisson, qui fut Secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, a tendance à être du côté des petits marrants, par idéologie plus que par nature.