Portés par une recherche de qualité, les spécialistes français de la santé sont bien placés dans le développement des médicaments de demain. Découverte.
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En Bourse, l’évolution des entreprises de biotechnologies est impressionnante : +370 % depuis le début de l’année pour le spécialiste des cellules anti-cancéreuses Cellectis, +320 % pour Genfit qui développe des produits destinés à préserver le métabolisme cardiaque, +150 % pour le jeune spécialiste des protéines Hybrigenics. Des investisseurs institutionnels, notamment des fonds américains, ont investi en masse dans le secteur cette année. « C’est un très bon indicateur de la qualité des entreprises françaises, estime Pierre-Olivier Goineau, président de France Biotech, un groupement visant à faire valoir les intérêts du secteur auprès des décideurs publics. La Bourse française est la première place en Europe ». à l’heure où les brevets qui protégeaient les médicaments chimiques tombent les uns après les autres dans le domaine public, rendant possible leur copie, les recherches récentes sur le génome et les protéines constituent un relais de croissance potentielle pour les grandes compagnies pharmaceutiques, lesquelles participent au financement et au développement des technologies du vivant. C’est que la santé est un marché juteux : en France, les seules dépenses en médicaments remboursés se sont élevées à 22,6 milliards d’euros en 2013.
Un risque souvent payant
S’il est riche d’espoirs, le secteur des biotechnologies est pour l’instant pauvre en bénéfices. En France, les entreprises cotées perdent toutes de l’argent et aux états-Unis, pays pionnier dans le domaine, la plus vieille entreprise indépendante – Amgen (fondée en 1980) – n’a distribué ses premiers dividendes qu’en 2011. C’est que le temps est long entre la découverte d’une solution thérapeutique potentielle et la commercialisation d’un médicament, « dix ans en moyenne », explique Pierre-Olivier Goineau. Et les déceptions sont nombreuses. Une entreprise doit en effet valider plusieurs étapes de développement pour obtenir une autorisation de mise sur le marché par les autorités sanitaires : essais sur animaux, tests sur humains, et suivis à long terme de l’impact thérapeutique et des effets secondaires. « Amener un médicament sur le marché coûte de 100 à 500 millions d’euros en général », souligne Pierre-Olivier Goineau.
En cas de commercialisation, les marges bénéficiaires peuvent en revanche atteindre 80 % et l’exclusivité du brevet donner une sorte de monopole durant une quinzaine d’années. La France est bien placée. « On est très bon dans la recherche fondamentale, explique un analyste parisien. Un réseau de pointe s’est formé autour des anciens pôles de recherche en vaccins, notamment les instituts Pasteur et Mérieux à Lyon et en région parisienne ». Une qualité qui mériterait d’être mieux valorisée. Selon Pierre-Olivier Goineau, les jeunes pousses françaises sont ainsi freinées par « une fiscalité qui pénalise plus le risque que la rente », d’où un déficit de liquidités dans les premières années de développement. Si la Banque publique d’investissement et les fonds d’amorçage régionaux ont partiellement pris le relais, « tous les jeunes projets auront des problèmes de financement dans deux ans », prévient-il. En outre, les délais de contractualisation avec des instituts de recherche publics (Inserm, CNRS etc) – trois à cinq fois plus longs en France qu’en Allemagne ou aux états-Unis – devraient être réduits. Néanmoins, « on est à l’aube d’un changement de taille dans le secteur en France », positive Pierre-Olivier Goineau. Autant le faciliter.
Conseil : panachez vos placements dans ce secteur.
Photo : André Choulika, PDG de Cellectis, laboratoire français qui a acheté le brevet pour la France des découvertes sur les cellules-souches du Nobel de médecine 2012, Shinya Yamanaka.
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