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Le défi du nombre des hommes

La pression démographique planétaire est évidente. Mais comment réduire la natalité des pays émergents, à l’urbanisation croissante ? Et surtout, la vraie question n’est-elle pas celle des espaces plus que du nombre ?

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Le défi du nombre des hommes

Le défi du Nombre est de nouveau posé. Comment arrêter le train fou de la croissance démographique ? 85 millions d’hommes en plus chaque année sur la planète et donc à terme, comment nourrir 8 à 10 milliards d’hommes en 2050 ?  Dans les années 60, tel était le discours tenu par les démographes et les économistes ; nous étions 1 milliard 700 millions d’humains en 1900 et plus de 6 milliards à l’orée du XXIe siècle. Au cours du XXe siècle, l’Occident a globalement réduit sa fécondité, suivi par le Japon et par des pays comme la Chine – mais cette dernière sous la forme d’une régulation contrainte assez peu comparable à celle de l’Occident qui se fit essentiellement par l’élévation de son niveau de vie. Puis la révolution verte dans le tiers-monde est venue et l’on a pu, un temps, se rassurer, comptant sur le progrès technique comme panacée. Mais patatras ! Voilà que l’équation malthusienne se repose en termes de subsistances, entendues au sens large, alimentation, certes, mais aussi ressources énergétiques, par exemple. Malthus en avança l’hypothèse à la fin du XVIIIe siècle. Selon lui, la population croît en raison géométrique tandis que les subsistances croissaient (quand c’était le cas) selon la seule raison arithmétique. Il appliquait, en agriculture, la loi des rendements décroissants et craignait pour l’avenir de l’humanité. Les révolutions industrielles du XIXe l’ont démenti, la loi des rendements décroissants en agriculture ne se vérifiant pas grâce au développement des engrais et, globalement, l’entrée de la force mécanique dans le domaine agricole (et donc le paramètre essentiel de l’énergie). Tandis que dans le Tiers-monde, dans les années 60, la révolution verte (engrais et irrigation, comme en Inde) augmentait significativement les subsistances et que des politiques de restriction des naissances se mettaient en place, avec un succès, il est vrai, inégal.

Pourquoi, alors, le retour de l’interrogation malthusienne ? Tout d’abord parce que 800 millions d’humains sont encore guettés par la famine, même si celle-ci est souvent de nature politique (guerres, révolutions… : le Soudan du sud, le Yémen, l’Afghanistan sont touchés par la guerre et la famine), mais surtout parce qu’il se produit une conjonction nouvelle qui n’infirme plus Malthus. Deux paramètres sont en cause, celui, de nouveau, des ressources alimentaires (ralentissement de la productivité agricole, acidification des terres irriguées, etc.) et celui de l’énergie, et singulièrement de l’énergie fossile. On peut bien sûr contester l’origine anthropique des gaz à effet de serre, on peut même défendre le CO2 comme nécessaire – ce qui reste vrai –, mais on reproduit néanmoins la notion de rendement décroissant quand on touche les limites des cycles géochimiques qui n’absorbent plus nos émissions de carbone. 

On sait par l’observation des sociétés développées que le niveau de vie est un facteur puissant de réduction de la fécondité mais un nouveau problème se pose : l’alignement de l’ensemble de la planète sur le mode de consommation occidental paraît une entreprise difficile. En conséquence, le niveau de vie occidental doit-il fatalement se réduire. C’est la thèse des écologistes et généralement des partisans de la décroissance. Le problème étant que la croissance démographique favorise en effet la croissance et le plein emploi, les trente glorieuses françaises en sont une illustration. En ce domaine, il y a des écologistes qui parlent haut et fort et qui sont une variante d’un marxisme repeint en vert ; mais il y en d’autres, plus rationnels, qui intègrent le facteur démographique dans l’analyse de la crise écologique et proposent une stratégie de développement en fonction de la baisse de la fécondité, cette stratégie s’appuyant sur la notion de transition consumériste parallèle à la transition démographique des pays développés (Mouvement des Écologistes indépendants, président Antoine Waechter). 

Sommes-nous des lemmings ?

Les lemmings sont ces petits rongeurs arctiques qui se jettent dans les rivières glacées quand les subsistances viennent à manquer. En sommes-nous ? Non, bien sûr. L’histoire nous enseigne que de fortes régulations contraintes se sont régulièrement produites. La peste antonine, parfois appelée peste de Galien, éclata en 165 de notre ère, à l’apogée de la puissance romaine dans le monde méditerranéen, sous le règne du dernier Antonin, Marc Aurèle (161-180 de notre ère). On pense aussi à la peste noire de 1348 qui survint dans un monde plein, au maximum de ses capacités du moment, après la fructueuse révolution agricole du XIIe et du XIIIe siècle. On pense aussi aux guerres et aux invasions, à dire vrai « peu efficaces » dans la régulation : ainsi la population mondiale, sans la Seconde Guerre mondiale, aurait atteint le chiffre de l’an 2000 cinq ans auparavant. Beaucoup de démographes et d’économistes avancent l’hypothèse d’une régulation vers 2050. La question est de savoir si cette régulation sera naturelle ou volontaire. C’est le propre de l’humanité de vouloir agir sur son environnement et son destin. C’est le XXe siècle qui fait brusquement croître la population mondiale et le XXIe continue. 

De quelques chiffres significatifs

L’apocalypse démographique abuse des chiffres, lesquels ne disent pas tout. Prenons la densité au kilomètre carré : le Bengladesh, 167 millions d’habitants, est plus peuplé que la Russie (146 millions). Bengladesh : densité 1130 hab/km2, Russie : 8 hab/km2, Mongolie 2 hab/km2. Taux de fécondité de l’Asie, 2,1, mais 1,4 au Japon et 1,2 à Taïwan. En Amérique latine, le taux de fécondité est de 1,9 avec 1 milliard d’habitants. Au Brésil, il est de 1,7 et 2,1 au Mexique. Afrique, 1,3 milliard d’habitants, 43 h/km2 et un taux de fécondité de 4,4, le plus élevé de la planète, avec les pays les plus déshérités.

La recherche des solutions

Pour faire accepter une réduction de la natalité dans les pays à forte croissance, il faut une adhésion populaire, et celle-ci est très difficile à obtenir en régime démocratique. L’Inde et la Chine en sont une illustration : en Chine la réduction des naissances par la politique de l’enfant unique a été obtenue par la force, avortements obligatoires, pénalisations financières, etc. En Inde, pays démocratique, la population continue de croître en dépit des campagnes de prévention des naissances et dépassera bientôt celle de la Chine. Un autre facteur décisif est la scolarisation des jeunes filles et l’élévation de leur niveau d’éducation afin de leur permettre de maîtriser leur fécondité, surtout si elles travaillent ; le facteur travail a joué un rôle décisif dans la réduction de la fécondité en France, par exemple, à partir de 1967. Autre facteur, ambigu celui-ci, l’émancipation féminine (on pense au problème du statut de la femme dans les sociétés patriarcales). L’assurance vieillesse, enfin, décisive quand on sait que les enfants nombreux sont précisément… « l’assurance vieillesse » des peuples africains, par exemple… Cela reste vrai pour les pays développés, non pas de façon directe mais par le jeu de la retraite par répartition, menacée d’ailleurs dans ses modes de financement. On aura compris qu’en la matière il ne saurait y avoir de régulation naturelle, laquelle se montre souvent, comme la nature et l’histoire, cruelle (avec la peste noire c’est un tiers de la population européenne qui fut éliminée). Mais si le régime démocratique est peu apte à cette réduction de la fécondité, il l’est pareillement pour parvenir à la sobriété écologique et économique : la démocratie, antithèse de l’austérité ? On sait qu’un tiers environ de la production alimentaire est gaspillé et le record, on s’en doutait, est détenu par les États-Unis, mais l’Europe n’est pas en reste, il y a là certainement une source pour agir sur les subsistances. C’est là d’ailleurs que se pose le problème du modèle économique de la mondialisation, anti-« écologique » par définition avec la nécessaire recherche d’une production plus locale et moins nomade. Dans cette analyse, la ville apparaît comme une concentration mortifère. Jadis lieu de civilisation (civis, citoyen) elle est devenue la ville-barbarie, surtout dans les mégalopoles. On mesure aujourd’hui les désagréments de la densité et le retournement négatif de l’urbanisation, même dans les pays développés. La ville est entrée en rendement civilisationnel décroissant. Les fortes densités humaines réduisent les capacités d’empathie et d’hospitalité, elles sont source d’agressivité et augmentent les coûts de façon exponentielle. On observe une corrélation entre délinquance et urbanisation (alors que le mot urbanité désigne justement le contraire).

La France et l’Europe, zone de basse pression démographique

La question démographique est peut-être moins celle du nombre absolu des hommes que de leur déplacement dans l’espace. Ce déplacement est une vraie question politique. La différence de potentiel démographique (et économique) attire les populations de migrants. Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières, constate une hausse de 70 % du nombre d’entrées illégales sur le territoire de l’Union européenne. Sur les neuf premiers mois de l’année 2022, 228 240 entrées irrégulières ont été enregistrées aux frontières de l’Union européenne. « Un record depuis 2016 », note l’agence Frontex dans son compte rendu publié le 13 octobre. Sur le seul mois de septembre 2022, 33 380 passages clandestins ont ainsi été comptabilisés, soit 25 % de plus qu’au mois de septembre 2021. L’agence européenne de gardes-frontières souligne que la très grande majorité des migrants clandestins emprunte la route des Balkans pour entrer sur le sol européen. Le reste rallie l’espace Schengen par la Méditerranée et l’Europe de l’Est.

Selon Frontex, ces migrants irréguliers sont originaires en grande majorité de Syrie, d’Afghanistan, de Tunisie, d’Égypte, du Maroc, du Bangladesh et d’Afrique subsaharienne. Au printemps dernier, la démission à grand bruit du patron de Frontex révélait au grand jour les impasses de la politique migratoire de l’Union européenne où les droits fondamentaux des migrants clandestins passent avant la sécurité des États. En France, à peine une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) Sur dix est réellement exécutée. 

Seules la Pologne et la Hongrie ont adopté une politique de fermeté vis-à-vis de cette immigration, ces deux pays ont aussi une politique d’encouragement à la natalité, preuve s’il en est besoin que l’immigration est bien une forme de (grand) remplacement et que la vraie question démographique n’est pas le nombre (en valeur absolue) des hommes, mais leur répartition dans l’espace.

 

Illustration : Lagos, Nigéria, 22 829 561 habitants.

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