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La République du fric contre la terre de la tradition

Le président parle. Il nous a abreuvés de ses flots de paroles pendant deux heures et demie au début de cette année 2024. Il était content de lui selon son habitude. Très content. Il nous a expliqué qu’en sept années consécutives de magistrature suprême, il n’avait pris que de bonnes décisions.

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La République du fric contre la terre de la tradition

S’il y avait encore quelques points noirs dans le paysage français, ce n’était dû qu’au retard pris dans l’application de son programme et aux conséquences non encore écartées des mauvaises décisions antérieures. Tout allait bien et irait de mieux en mieux nécessairement, car il était là, lui, encore lui, toujours lui qu’à l’évidence il convenait d’admirer pour ses étonnantes capacités et son infaillible discernement dont il donnait, au moment même où il parlait, les preuves éclatantes.

L’Europe de Macron ou la France des Français

Il fallait seulement prendre garde à l’essentiel ennemi de son action tant nationale qu’internationale, ennemi aussi de sa personne même en tant que concepteur du nouveau projet politique à réaliser urgemment, ce nationalisme français encore renaissant, ce qu’il a pour charge première et, pour ainsi dire, pour vocation de détruire comme il l’a déclaré au Forum de Davos en janvier 2018, comme il l’a réaffirmé récemment, l’hydre épouvantable qui n’est heureusement qu’un reliquat des temps anciens, mythologiques, et qui se dissimule dans les réactions insanes d’un peuple ignorant, en particulier dans les slogans primaires et stupides du Rassemblement national qu’il appelle exprès de son nom ancien de Front national. Car il sait, il voit, il dénonce, il anathématise. Et peu importe que ce soit 30 ou 40 % des Français de France. N’était-il pas, lui, l’intelligence supérieure qui abordait avec une aisance presque surnaturelle tous les sujets et qui prévenait qu’il était encore là pour empêcher les crétins néfastes de lui succéder en 2027. Il y veillait. Il prendrait toutes les mesures nécessaires. Car, ça ne se discutait même pas, là était le Mal absolu, l’adversaire quasi ontologique, celui qu’il faut toujours battre et rebattre. Et qui, de plus, avait un programme économique de gauche, voire d’extrême gauche, la mauvaise parce qu’elle s’est mise dans le tort de ressembler au Front national ; et ce programme remettrait en cause les avancées libérales qu’avaient opérées les réformes qu’il avait initiées. Quel argumentaire ! Tous les journalistes présents étaient captivés par ces visions stratégiques et surtout les gauchards libéralo-socialistes des établissements d’État et des journaux de la bien-pensance subventionnée. Seule Laurence Ferrari osa une incongruité et la réplique qui ne fut pas une réponse, lui fit sentir son insolence.

Dans cet exercice qui se voulait étincelant, de sophistique allongée à toutes les sauces, les esprits, quelque peu perdus, cherchaient un cap. Ce lui fut reproché dans les commentaires qui suivirent. Pourtant, en fait de cap, il y en avait un et, à vrai dire, un seul, toujours le même, depuis ses premiers discours fleuves à Athènes ou en Sorbonne en 2017. Inchangé : l’Europe à construire, l’Europe pour moyen et pour fin. Moyen obligé, fin exclusive. Avec indéfiniment le même alignement de projets qualifiés, tous, d’enjeux nécessaires, indispensables et inéluctables, de défis à relever sous peine de disparition ; d’où il résulte que la France en tant que telle n’a aucun avenir, un pays voué à la sclérose, sauf à se lancer à fond dans la construction européenne qu’il convient sans cesse de parachever, sans esprit de retour et en allant jusqu’au bout de l’intégration la plus complète, politique, économique, financière, sociale et sociétale ; c’est, d’ailleurs, pour l’Europe elle-même, la seule condition de sa survie et une impérieuse nécessité pour le maintien de l’euro comme monnaie unique.

Voilà ce que pense Macron – et son entourage avec lui. C’est sa ligne de conduite qui transparaît dans tous ses propos depuis le début de sa carrière politique, même s’il a eu des doutes avant ; et il apparaît, par tout ce que l’on sait, qu’il a été propulsé dans ce but par des forces qui l’ont aidé fort concrètement, bien qu’il ait eu l’art de dissimuler ses ressources et ses soutiens, notamment du côté des cabinets de conseil, des échanges de services à des niveaux élevés, des réseaux de décideurs qui ont sa caution comme il bénéficie de la leur. Jamais aucune enquête n’a abouti. Et un Marleix aura beau pointer du doigt de nombreuses irrégularités dans les décisions du jeune Macron, aucune procédure ne sera déclenchée. Il est protégé et super-protégé comme l’a montré sur un autre plan l’affaire Benalla. Les commissions parlementaires en macronie ne servent à rien.

Cet homme qui devrait être traduit devant les tribunaux – avec une possible accusation de trahison – est ainsi le maître de la politique française. Il a choisi de casser toute politique proprement nationale. Ainsi, il n’y a plus de diplomatie française ; il se l’est appropriée comme un jouet personnel. Les diplomates français ont disparu ; les quelques restes de la vieille école critiquent très virulemment le chef de l’État. Lui, il s’amuse internationalement, dernièrement en faisant une visite d’État en Inde qui s’apprête à le rouler dans la farine de son nationalisme hindou implacable, puis en Suède, pour faire le malin dans le cadre de l’OTAN en complicité avec les Turcs, pendant que les agriculteurs veulent bloquer Paris et Rungis. Il laisse Attal à sa solitude avec une déclaration de politique générale complètement gâchée, en s’imaginant, lui, reprendre la main triomphalement. Car il ne doute de rien. D’ailleurs, vu le mal que se donne Attal à redresser la France tout en se plaçant sous l’infaillible patronage du président, il est clair que Macron, trois semaines auparavant, n’a raconté que des carabistouilles !

La République de Macron ou la France des Français

Or, c’est là, maintenant, que le dilemme va exploser. Macron se fait toujours fort de faire de « l’en même temps ». C’est devenu impossible. Ou c’est l’intérêt français qu’il faut faire valoir, ou c’est la construction européenne et tout ce qu’elle implique qui domine. Il pense qu’il va encore tromper les Français comme ne l’a que trop montré sa conférence de presse. Il l’a dit et répété : il a choisi l’Europe ; l’Europe est pour lui l’avenir, le seul avenir. Dans son esprit, il faut avancer comme il l’a toujours pensé et affirmé dans la construction de la souveraineté européenne qui est par définition la négation pratique de la souveraineté française. L’ambivalence est inconcevable. Précisons, d’ailleurs, pas nécessairement pour la souveraineté allemande, l’Allemagne ayant des instances constitutionnelles qui sauvegardent son indépendance en tant que peuple allemand, la cour de Karlsruhe entre autres ; la plupart des autres pays européens se préservent aussi des sauvegardes, même l’Espagne et le Portugal. La France, elle, a tout sacrifié par idéologie politique. Ses cours suprêmes, autrefois dites souveraines, ont admis leur totale subordination à l’Europe, aux conventions internationales, et aux principes universels qui méconnaissent le droit national, Conseil constitutionnel, Conseil d’État, Cour de Cassation, tout ce beau monde se retrouvant dans les mêmes allées du pouvoir. Pas un seul de ces illustres personnages n’a brillé pour un service effectif rendu à la patrie. Ils ont fait carrière et tout sacrifié à leur carrière. C’est la République dans toute sa splendeur. Nos rois exigeaient le service et même le sacrifice de la vie.

Macron qui préside, non la France ni les Français qu’il ne connaît pas et qu’il méprise, mais cet empilement d’institutions et d’organismes en charge de la rectitude républicaine, veut de manière délibérée sans demander l’avis des Français qui ont, d’ailleurs, déjà répondu non, passer rapidement aux étapes suivantes de la fédéralisation de toutes les politiques publiques en se mettant dans le sillage d’Ursula von der Leyen, qu’il a rencontrée encore le jeudi 1er février dans un sommet européen extraordinaire en vue d’une stratégie d’évitement devant la crise agricole. Il a depuis longtemps accepté et décidé de se plier aux futures nécessités de la communautarisation des décisions aux majorités qualifiées, avec, en même temps, une extension du territoire de l’Union européenne à d’autres pays en instance d’y entrer et un élargissement des domaines de compétences. C’est littéralement une folie. Même un Baverez le dit. Macron va faire semblant de mettre un bémol. Pour un temps, le temps, pense-t-il, d’apaiser choses et gens. De la part de la macronie, notons qu’il n’y a aucune critique du système en place qui achèvera de tuer l’agriculture française, l’artisanat français, ce qui reste de petites et moyennes industries françaises, et qui continuera par conséquent de déchirer tout le tissu social et territorial. Sauf que pour se dédouaner, Macron et Attal dénoncent une certaine bureaucratie – ça fait bien auprès des Français et c’est facile – qui est pourtant évidemment dans la logique de leur volonté constructiviste : c’est l’essence même de cette fédéralisation à outrance dont l’amplification normative et la surtransposition sont les règles justificatives pour un développement indéfini de pouvoirs sans finalité sociale.

Et comme la France est écrasée, car l’administration républicaine en rajoute elle-même en surtransposition normative, le peuple français n’en peut littéralement plus, ses agriculteurs en premier. Mais Macron ne renoncera jamais au schéma qu’il a dans la tête : « périsse le peuple plutôt que les principes », disaient les révolutionnaires dans leur terrible logique. Macron de même. Il n’y a pas de doute à avoir : la communautarisation des décisions, programmée dans la prochaine étape, s’effectuera aux majorités qualifiées et sera doublée de l’extension territoriale prévue et déjà actée de l’Union européenne. Le plan d’Ursula von der Leyen et de Macron est implacable. D’autant plus que Macron y joue son avenir politique dans ce cadre européen dont il rêve pour lui-même.

Le pouvoir macronien ou les Français

Alors les mêmes discours seront tenus pour abuser l’électeur. Ça fait des décennies que le monde politique français répète les mêmes mots. Il suffit de simplifier ; oui, simplifions nos normes, redit en boucle le discours officiel. Les gouvernements successifs chantent la même chanson depuis Chirac, Sarkozy, Hollande, avec son ridicule « choc de simplification », reprise maintenant par Macron et Attal, alors que les mêmes continuent dans les mêmes errements, multiplient les lois de plus en plus mal rédigées, abrutissent le peuple et même leurs fonctionnaires de décrets, de règlements, de circulaires sur tout et n’importe quoi, surtransposent comme il a déjà été dit les directives et les règles que la Commission et les administrations européennes se plaisent à édicter pour renforcer leur propre pouvoir. Le tout avec contrôles, questionnaires, paquets de paperasses en triples exemplaires, comptages et recomptages au pied de vigne près, au chou près, à la vache près, puis mise en place d’un système de dénonciation, y compris par satellites.

Évidemment l’agriculteur français n’a pas résisté à ce pilonnage massif technobureaucratique, à quoi se sont ajoutées les fatwas des ayatollahs de l’Écologie idéologique, ce saccage complet étant effectué au nom des valeurs et des impératifs de la République. Ne jamais oublier cet aspect capital qui n’existe nulle part ailleurs à ce point, car il s’agit bien de tout uniformiser et de réduire en poudre l’esprit paysan, jugé naturellement réactionnaire. Voilà ce qu’a concocté dans sa superbe politique cette bande de petits bourgeois, type Pascal Canfin, le copain de Macron au parlement européen, président de la commission Environnement. Ça vit confortablement dans sa résidence urbaine, ça ne sait pas planter un poireau et ça s’imagine tout connaître du climat et des humeurs de la planète.

La boucle est bouclée quand des experts vous signifient ce qu’il convient de produire au nom des nécessités mondiales pour l’établissement d’équilibres dans les diverses productions du monde et les échanges commerciaux. Ainsi faut-il faire place sur les marchés européens au blé ukrainien. Ça peut aller loin ! Les choix relèvent d’organisations mondialisées, telle l’OMC, mais aussi bien des organismes européens en lien avec d’autres entités ; l’intérêt national français est constamment et évidemment bafoué, Macron dût-il jurer le contraire. Pourquoi faudrait-il sacrifier le lait et l’élevage français au lait et à l’élevage néo-zélandais, et pourquoi les productions françaises végétales, céréalières, fruitières, animales, volailles et viandes, aux pays de l’Amérique du Sud, au Canada, à l’Australie, à l’Ukraine ? Il serait question de réexaminer l’accord avec le Mercosur. Gageons que le temps d’arrêt n’empêchera pas la poursuite des tractations.

Même à l’intérieur de l’Europe, nos gouvernements ont abandonné les intérêts français aux stupides lois dites du marché. Impossible de lutter contre des inégalités iniques de coûts. Il y aurait des solutions. Elles n’intéressent pas nos politiques, encore moins Macron. À commencer par des législations moins monstrueuses dans leur prétention à tout régenter, et plus précises dans l’exigence d’une qualité décente. Ce serait favoriser la France et les Français, rendre la France aux Français, l’horreur absolue pour Macron.

Les lois Egalim qui sont censées rééquilibrer les rapports de force entre les producteurs, les agro-alimentaires et les distributeurs, n’offrent en réalité aucune place véritable aux agriculteurs eux-mêmes qui ne sont mis dans la course qu’une fois les conventions passées, les prix établis et les conditions fixées. Tout le monde le sait. Jamais rien ne change. La fausse colère de Le Maire est le dernier degré de l’hypocrisie. Il faudrait, au niveau régional d’abord, puis au niveau national, une vraie représentation du monde rural, de l’activité paysanne, bien au-delà des seuls syndicats, condamnés par nature soit à surenchérir, soit à faire semblant de jouer le jeu en compensation de petits avantages gouvernementaux.

Tout contre la France et les Français

En fait, la République en tant que telle ne veut pas de cette représentation paysanne ; elle n’en a jamais voulu. Que représentent les agriculteurs ? Et les pêcheurs ? électoralement parlant. Toute la politique agricole, depuis De Gaulle, a consisté à faire entrer de force le monde paysan et rural dans la prétendue modernité du productivisme, de la quantité, de la financiarisation, du regroupement systématique sans lignes directrices, principalement de la dissociation de l’exploitation et du patrimoine, surtout familial, en haine systématique et idéologique de tout ce qui pouvait apparaître comme une continuité historique. Pisani et tous les successeurs d’un tel parangon ont totalement bouleversé l’agriculture et la ruralité française. Le paysan, le châtelain, le notaire, le curé, les artisans et commerçants locaux ont été remplacés par les banquiers, les politiciens, les syndicalistes, les militants de gauche et, au final, les endettés permanents de la terre.

Les mêmes qui faisaient la guerre aux propriétaires et aux paysans dits attardés il y a trente ans et plus, chercheraient aujourd’hui à recomposer des domaines à taille humaine ? Les mêmes qui détruisaient les haies et transformaient les bocages en plaines beaucières, édicteraient aujourd’hui des règles insensées pour la préservation des haies, des bois, de la nature ? La république et ses petites bandes d’affidés qui ont dominé dans les SAFER, organismes chargés prétendument de défendre le pauvre monde agricole, ont systématiquement sapé ce qui constitue le socle même de la vie terrienne. Tout était mis, y compris les tribunaux, y compris les organismes dits paritaires, y compris les assurances, au service de la subversion qui devenait l’expression des « valeurs suprêmes de la République ».

Peu importait si la ruralité se rétrécissait et en souffrait, si le « désert français », pour reprendre l’expression de Jean-François Gravier, s’étendait – et on sait à quel point aujourd’hui ! –, si le nombre des exploitations et des paysans agricoles diminuait tragiquement – 390 000 en 2022, 200 000 demain très rapidement –, l’esprit de la République l’avait emporté. Le paysan, c’est encore, quoi qu’on veuille, une famille, et si possible stable, une terre, un enracinement, des habitudes immémoriales, et à l’horizon un clocher. Tout ce que la République déteste, congénitalement, substantiellement. Ne pas voir cette réalité écrasante, c’est s’aveugler. Là est l’origine du mal et pas ailleurs. Le reste est du baratin de politicien. Ce point se vérifiera dans les jours et les années qui viennent. Mais rien n’y fait. Et qu’on n’aille pas dire que c’est inéluctable et que la modernité impose de tels choix ; c’est faux, archifaux. La modernisation de l’agriculture fut toujours le fait des élites éclairées de la terre, propriétaires et paysans.

Mais les dirigeants français ont remis intégralement l’agriculture française à la PAC. Dont on félicite De Gaulle et qui fut une erreur, pour des avantages financiers immédiats et furieusement alléchants. En fait, la France devenait dépendante de l’Europe et il est possible d’en évaluer les conséquences maintenant ; l’agriculteur français n’était plus qu’un subventionné de Bruxelles, un homme travaillant à la prime, à l’aide financière ; le travail agricole n’était plus rémunérateur par lui-même, sauf cas particulier, heureusement, d’astuces personnelles et hors circuits obligatoires ; enfin, surtout, le paysan est dorénavant obligé de se soumettre aux fameuses normes que les dirigeants de la prétendue PAC imposent drastiquement. Les effets de ces aberrations se répercutent jusque sur les jachères ! Loin de rapporter à la France, tout compte fait, ce système lui coûte, et fort cher. Macron n’en continuera pas moins dans cette voie.

Après avoir détruit en partie l’industrie française, mis à mal le nucléaire et EDF, cassé l’appareil productif français en tous domaines, chaussures, vêtements, étranglé les artisans et les commerçants, le gouvernement républicain de Macron, dans la suite de ses prédécesseurs, achève de tuer l’agriculture française. Il ira jusqu’au bout en faisant semblant de tergiverser. Il préfère sa chimère ; il déteste concrètement la France et les Français dont il ignore tout, la civilisation et l’histoire. Il ne sortira pas de cette crise par le haut. Son jeune Attal va révéler ses insuffisances. La France est épuisée ; il s’en moque. Son dernier souhait, c’est encore de trancher dans le vif : détruire la famille française, tout ce qui la constitue, encourager constitutionnellement à l’avortement généralisé, aider activement les vieillards et les malades à mourir, supprimer les derniers liens entre les enfants et les parents, puis ouvrir largement les frontières françaises avec l’aide du Conseil constitutionnel et des autres institutions judicaires à l’immigration étrangère, soit aujourd’hui l’équivalent d’une grande ville de France chaque année.

Il aura ainsi satisfait à son programme initial et rempli ce qu’il a appelé lui-même sa mission, lors de ses entretiens à Davos. Ce Davos où il est si heureux d’être lui-même en parlant anglais, même quand il s’adresse à des Français, et où il livre ce qui reste de France et d’ingénieurs français au capitalisme international, essentiellement anglo-saxon. N’a-t-il pas été sélectionné dans ce but ? Reste à sélectionner le successeur.

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