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Pschitt, putsch, pschitt : fais-moi peur, Gaulois !

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Pschitt, putsch, pschitt : fais-moi peur, Gaulois !

L’heure est grave. Le fascisme est à nos portes. Voici le retour des heures les plus sombres de notre histoire avec ses relents nauséabonds. Imaginez-la, tapie dans l’ombre, la bête immonde dont le ventre est encore fécond. Pinochet, Videla, Mussolini, Hitler et Franco ont, hélas, des successeurs. Préparons-nous à entendre à nouveau dans nos rues claquer les bottes. Une horde furieuse de vingt-trois mille militaires en retraite, officiers, sous-officiers et soldats, menés par une cinquantaine de généraux en deuxième section (âgés en moyenne de soixante-dix ans) menace « l’ordre républicain« .
Quel est le projet liberticide ourdi par ce conglomérat de factieux, de soldats de fortune, de ganaches, de soudards ? Veulent-il se saisir par la force du gentil pouvoir démocratico-inclusif et solidaire, après avoir annoncé (suprême habileté tactique) leur coup d’État dans la presse ? Prévoient-ils que l’armée s’empare de tous les points névralgiques du pays et instaure la loi martiale ? Devons-nous nous attendre à un régime de laisser-passer, à un couvre-feu, à une restriction des libertés individuelles, comme si quelque pangolinesque virus mutant se trouvait à nos portes ? Non, bien pire que cela ! Ils ont écrit une lettre ! Mais attention, pas n’importe quelle lettre ! Une lettre qui affirme que la nation française part en cacahuète (ils disent « délitement« , mais je traduis pour les jeunes), que l’islamisme gangrène les banlieues, que des pans entiers de territoire sont hors de contrôle et que si l’on n’y prend garde, tout cela va très mal se terminer. Bref, un peu ce que disait Gérard Collomb, alors ministre de l’Intérieur, au moment de son départ du gouvernement. Mais lui, ça allait, ça n’était pas grave, tandis que des militaires en retraite (des généraux en charentaises a déclaré Mme Panier, ministre de l’Industrie, dont je viens de découvrir l’existence), ça fait peur. Parce que dans « militaires en retraite« , il y a « militaires« , et ces gens-là sont capables de tout, ma brave dame, même d’exprimer une opinion, serait-elle celle d’une majorité des Français…
Heureusement, la réaction n’a pas tardé ! Nous pouvons toujours compter sur le feu de la résistance. Les Français libres parlent encore aux Français. Outre la susdite ministre de l’Industrie, dont les services rendus à la France égalent sans doute ceux de tous les putschistes cumulés, Ali-Luc Mélencheguevarra s’est fendu de plusieurs tweets (n’oublions pas que la République, c’est lui), Mme Parly, ex-chef de gare surpayé propulsée ministre des Armées par la grâce de Sa Seigneurie, a pris un air de lama fâché et le chef d’état-major des armées (que je plains sincèrement, parce que c’est un vrai guerrier et qu’il est un peu gêné aux entournures) a annoncé qu’il ferait bientôt les gros yeux aux sacripants. Sans oublier, bien sûr, la presse gentille (par opposition à la presse méchante) dont les journalistes, excités comme des poux sur la tête d’un chauve, sont immédiatement montés au front armés de leurs seuls claviers. On va voir, ce qu’on va voir ! Il n’y a pas que les militaires qui aient du courage ! No pasarán !
Bon, halte au feu ! mettons un terme à la parodie, même si c’est tout ce que mérite cette débauche d’émotion surjouée et, convenons-en, ceux qui font mine de s’affoler de la « lettre des généraux » s’amusent à se faire peur. Au reste, ils interprètent bien mal leur rôle et donnent à la tribune une portée qu’elle n’a pas. Il ne s’agit nullement d’un appel à l’insurrection mais d’un constat, certes subjectif, que tout Français pourrait faire, que beaucoup de Français ont fait, en ce compris parmi les politiques (comme Gérard Collomb – déjà mentionné – qui se trouvait tout de même à un excellent poste d’observation). Bien sûr, il y a le devoir de réserve. Mais ne tombons pas dans l’excès : il s’agit ici, pour l’essentiel, de militaires en retraite, qui se sont trouvés au contact de la réalité qu’ils décrivent, qui aiment leur pays avec passion, lui ont consacré toute leur existence et qui se bornent à dire ce qu’ils voient. Or, comme l’écrivait Charles Péguy, « il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. »
Much ado about nothing (Shakespeare).

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