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L’Allemagne anti-libérale

L’horrible AfD mobilise les médias mais la contestation de la coalition en place s’étend à la gauche – et une gauche conservatrice, irritée elle aussi par l’immigration. Une manœuvre du pouvoir en place pour faire pièce aux affreux ? Le centre lui-même a sa propre concurrence, avec les Électeurs libres et l’Union des valeurs, eux aussi hostiles à l’immigration.

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L’Allemagne anti-libérale

(AP Photo/Ebrahim Noroozi)/XEN130/24046644724997//2402151858

Tout le monde se focalisait sur l’extrême droite allemande, l’AfD (« Alternative pour l’Allemagne »). Elle paraissait en mesure de gagner beaucoup de sièges dans les Länder de l’ex-Allemagne de l’Est, où des élections doivent avoir lieu à l’automne (Saxe, Thuringe et Brandebourg), ainsi qu’aux élections européennes du 9 juin. Et nous avions vu récemment qu’elle perçait également à l’Ouest, en Bavière et en Hesse.

Les déclarations de mise en garde se multiplient, ainsi que les rappels à conjurer le retour du nazisme ; des manifestations contre ce parti ont lieu chaque dimanche depuis quelques semaines, qui rassemblent du monde, et des pétitions réclamant son interdiction circulent. Le gouvernement « feu tricolore » multiplie les manœuvres politico-policières (du projet de modifier les règles électorales, ce qui pourrait empêcher la CSU bavaroise, qui ne présente pas de candidat dans le reste de l’Allemagne, d’accéder au Bundestag, diminuant ainsi considérablement les chances de la Droite de revenir au pouvoir, aux interrogations publiques du service de sécurité fédéral sur l’opportunité d’interdire l’AfD).

Une gauche conservatrice

Ainsi que la mystérieuse réunion de Potsdam en novembre dernier, au cours de laquelle les groupes d’extrême-droite se seraient mis d’accord sur un programme d’expulsion de deux millions d’immigrés. Réunion programmatique ? Ou rencontre privée, comme l’affirme la direction de l’AfD, indûment grossie par le groupe militant Korrektiv, comme le suggère la très libérale Neue Zürcher Zeitung, peu suspecte de sympathie pour l’AfD ?

On verra aux élections. Les manifestations et les pétitions ne signifient pas grand-chose, quand on ne sait pas qui participe et qui signe, dans un pays en crise, avec un gouvernement en grande difficulté (32 % d’intentions de vote seulement). Mais un autre événement a pris tout le monde par surprise : l’apparition, à gauche, d’une opposition radicale, mais conservatrice sur bien des points, dont l’immigration. En effet Mme Wagenknecht, députée au Bundestag et précédemment chef de la fraction parlementaire de Die Linke (héritière du SED de l’ex-Allemagne de l’Est) a quitté récemment ce parti, en perte de vitesse, et a fondé le 8 janvier dernier l’ « Alliance Sahra Wagenknecht pour la justice et la raison », qu’elle copréside. Les sondages lui ont tout de suite prédit de bons scores aux prochaines élections : d’emblée 7,5 % des voix, alors que l’AfD recule de 2,5 % et retombe à 20,5 %.

Son programme est tout à fait spécifique : elle défend une politique économique et sociale « de gauche », mais elle est hostile à l’immigration à haute dose, au « wokisme », au soutien à l’Ukraine, à l’atlantisme : en bref, elle défend des valeurs politiques et culturelles « de droite ». Et elle met le doigt sur un problème bien réel : en se coupant des sources d’énergie et du marché russes, la RFA a cassé son modèle industriel et économique. Elle n’est pas la seule à le penser, et elle touche certainement un nerf sensible en Allemagne depuis toujours !

Elle présente donc une offre originale, à mon avis très bien adaptée aux tendances profondes de l’électorat allemand (la Fondation pour l’Innovation politique, toujours utile, lui a consacré une étude parue en janvier : Patrick Moreau, L’émergence d’une gauche conservatrice en Allemagne : l’Alliance Sarah Wagenknecht pour la raison et la justice (BSW)). La personnalisation du nom du parti peut étonner, mais c’est une façon de se distinguer de la marée montante des sigles politiques, et de se démarquer de son parti précédent, Die Linke.

En outre la contemplation des photos ou vidéos la figurant peut aussi aider à comprendre l’intérêt de la chose…

On remarquera que des tendances comparables existent dans l’ensemble du monde germanophone. La maire communiste de Graz (Autriche) depuis 2021, Elke Kahr, est sur la même ligne. « Leningraz », plaisante la presse allemande. Or, quand on sait à quel point la région de Graz est fondamentalement conservatrice, on comprend mieux la situation. En Suisse aussi un débat équivalent se développe autour de la question de la neutralité, qui a une signification politique, historique, mais aussi culturelle. Pour la première fois les conservateurs sont prêts à envisager de l’abandonner et à rejoindre l’OTAN d’une façon ou d’une autre, alors que la « neutralité perpétuelle » est devenue le cheval de bataille d’une certaine gauche – qui souvent, depuis les années 1980, réclamait la fin de la milice…

Dans le cas allemand, la naissance du BSW pose bien des questions. On peut se demander si elle n’aurait pas été « encouragée » par la coalition en place pour faire pièce à l’AfD, avec la perspective d’entrer dans une coalition avec la SPD et les Verts (qui risquent de perdre l’appui du FDP libéral, qui pourrait bien être ne pas être présent dans le prochain Bundestag, lors des élections en 2025) ? En effet Die Linke est trop marquée comme successeur du SED est-allemand pour pouvoir entrer dans une coalition et le BSW serait un bon substitut.

Un tiers des votes seront anti-libéraux

Mme Wagenknecht est à mon sens meilleure oratrice et organisatrice que Mme Weidel, qui dirige le parti AfD au Bundestag, mais qui n’est que l’un des dirigeants d’un parti complexe par son histoire et sa composition. En même temps l’électorat n’est pas le même, plus bourgeois pour l’AfD, plus ouvrier pour BSW. À mon avis le recul de l’AfD restera tout relatif et BSW prendra des voix surtout aux partis de gauche, ce qui diminuerait l’efficacité de cette éventuelle manœuvre politique de gauche.

Mais les choses ne s’arrêtent pas là, dans la décomposition politique : la CDU et son alliée bavaroise la CSU connaissent elles aussi une concurrence croissante : les « Électeurs libres » pour la CSU, et l’« Union des valeurs », pour la CDU, dirigée par Hans-Georg Maassen, ancien directeur du service de sécurité intérieur fédéral, tous très hostiles à l’immigration. Si les « Électeurs libres » ont une chance d’entrer au prochain Bundestag, c’est douteux pour l’« Union des valeurs », qui aura du mal à atteindre le seuil de 5 %.

Notons cependant que l’ensemble des partis hostiles au libéralisme, à l’immigration, ou aux deux (comme BSW et dans une certaine mesure les Électeurs libres et l’Union des Valeurs) ont un potentiel, d’après les sondages, de 34 ou 35 % des votes. Avec une incertitude liée à la question de savoir si les votes en faveur des partis antilibéraux se cumuleront aux dépens des autres partis, ou, par concurrence entre eux, s’annuleront en partie…

On peut imaginer en 2025 un retour à une grande coalition CDU-SPD, l’équivalent de la « concentration républicaine » sous notre IIIe République. Le FDP risque en effet de ne pas revenir au Bundestag, et les Verts, à la suite du désastre de leur politique écologique et de de leurs dérives sociétales, auront du mal à revenir au pouvoir, alors que depuis 1998 ils étaient devenus « salonsfähig ». Mais, avec 45 % des intentions de vote pour le moment, une telle combinaison « GROKO » n’est pas certaine (on ne voit d’ailleurs pas actuellement quel pourrait être son programme, en dehors de la volonté de barrer la route aux « extrêmes »…) et on pourrait verser dans l’imprévisible et l’instable.

La combinaison de l’ouverture des frontières en 2015, des conséquences de la guerre par procuration contre la Russie, et d’un système de partis à bout de souffle (et très marqué par la corruption…) rend opaque l’avenir du pilier de stabilité qu’était devenue la RFA. Avec d’immenses conséquences pour nous tous…

 

Illustration : L’AFD est contesté par une partie de la population.

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