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La prison à ciel ouvert

Les rets numériques nous guident et nous contrôlent. Nous sommes tous si bien surveillés, tracés et monitorés que nos actions sont transparentes aux yeux du Grand Gardien qu’est l’État moderne. Mais cela ne suffit pas encore. Pour être bien certains d’être parfaitement protégés, de tout et de nous-mêmes, il reste le pas de la monnaie numérique à franchir.

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La prison à ciel ouvert

Jusqu’à une période récente, la prison avait pour unique but de retirer un individu de la société afin de l’empêcher de nuire. Le condamné, reconnu coupable d’avoir commis un forfait, était donc privé de la liberté d’aller et venir car c’était le plus sûr moyen de l’empêcher de recommencer. Nul, alors, ne s’inquiétait du confort qu’il pouvait trouver derrière les quatre murs entre lesquels il était enfermé. La privation de liberté était destinée à la protection des autres, celle du confort était la sanction de la faute. Petit à petit, la société ayant admis que les délinquants et les criminels ont des droits imprescriptibles, la prison a été réduite à un processus de surveillance permanente assorti d’une obligation de réinsertion. Si la surveillance est censée être la sanction, la réinsertion est devenue le moyen de « protéger » la société. Hélas, cela n’a pas fait baisser la criminalité, bien au contraire, et les prisons ont vite été saturées. Plus les délinquants se voient reconnaître des droits, plus les prisons se remplissent.

Une autre caractéristique d’une société résolument progressiste est de considérer que son devoir n’est pas simplement de corriger mais de prévenir, n’est pas de punir les fautes mais d’empêcher qu’elles ne soient commises : la surveillance ! Pour rendre la société plus juste et plus sûre, on ne cherche plus à intervenir après coup, on prétend agir en amont en empêchant tous les déviants de nuire. Il résulte de cette évolution deux conséquences pratiques graves : d’une part, tous les citoyens sont des délinquants en puissance qu’il convient de surveiller en permanence et, d’autre part, comme aucun jugement ne peut les contraindre à accepter leur totale sujétion, il est indispensable de les pousser à aliéner eux-mêmes une à une toutes leurs libertés. Cette aliénation volontaire des libertés prises une à une n’est pas, aux yeux de la pensée humaniste, une atteinte à la liberté puisque, dans les limites fixées par les Pouvoirs publics, elle ne conduit qu’à contrôler en permanence l’usage que chacun en fait. La liberté de chacun ne s’arrête plus, comme le disaient autrefois les libéraux, là où commence celle des autres, elle s’arrête désormais là où commence l’unité de la masse.

Une désirable aliénation

Depuis l’époque où l’on imaginait que la meilleure prison était celle où tout le monde surveillait tout le monde, l’individu est devenu plus circonspect. Si par malheur, l’un de ces surveillants s’avérait être un maillon faible, un prisonnier pourrait retrouver une once de liberté. Le seul moyen de ne pas se trouver confronté à ce type de défaillance était de remplacer toute surveillance humaine par une surveillance technique, n’ayant aucun état d’âme, fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre et tous les jours de l’année sans prendre de vacances ni exiger de retraite. Pour faire librement entrer la population dans ce « meilleur des mondes », il restait un seul obstacle : rendre cette aliénation désirable.

Pour cela on a saucissonné cette surveillance en de nombreuses applications prétendues indépendantes les unes des autres et dont le caractère disjoint est censé être soumis à la prudence de la CNIL. On occulte le fait que les serveurs informatiques chargés de gérer cette surveillance ne sont pas tous, loin s’en faut, situés en France, que les liaisons techniques sont elles-mêmes entre les mains de puissances étrangères et que les règles édictées en France pour protéger les Français ne sont pas opposables à tous les acteurs intervenant le long de cette chaîne de processus.

L’assurance de la non-connexion des divers fichiers étant cependant supposée acquise, il ne restait plus qu’à mettre en œuvre, un à un, les divers outils de surveillance et surtout à y faire adhérer les citoyens qui, tels la grenouille dans sa casserole, se sentent de mieux en mieux au fur et à mesure que les degrés s’ajoutent les uns aux autres jusqu’au moment où il est trop tard pour songer à s’échapper. Cet engourdissement a été rendu désirable en mettant chaque fois en avant une conséquence positive immédiatement appréhendable et en oubliant de montrer les risques sérieux qui se cachaient derrière. Comme cette mise en œuvre s’est déroulée dans des domaines différents les uns des autres et que chacun croyait indépendants, nul n’y a prêté malice. Aujourd’hui, le système est suffisamment avancé pour que les risques soient devenus apparents et les dangers pour les libertés, réels et concrets. Pour s’en convaincre, et sans chercher à être exhaustif, il suffit d’examiner succinctement quelques domaines différents qui montreront que derrière le paravent d’un objet sympathique peut toujours se cacher une utilisation plus sournoise qu’il sera de plus en plus difficile d’interdire.

Les chemins de la servitude

De même que les routes de l’enfer sont pavées de bonnes intentions, de même la voie de la servitude est semée de belles applications, toutes plus séduisantes les unes que les autres. Commençons par le GPS qui permet à chacun de trouver sa destination sans avoir à essayer de se repérer sur une carte et qui, en prime, indique le temps escompté pour le trajet. C’est un formidable outil qui permet de « tracer » les automobilistes, de savoir où ils sont allés et quand. Vis-à-vis de ces mêmes usagers, les radars routiers ont été présentés comme des outils de sécurité : en forçant les automobilistes à lever le pied, ils permettent de sauver des vies. Oui, mais ils permettent aussi de surveiller et dénoncer les mauvais conducteurs ce qui est subsidiairement une magnifique façon de faire entrer de l’argent dans le tonneau des Danaïdes que constituent les caisses de l’État ; les taxes sur les produits pétroliers ne suffisaient pas ! Il n’y a pas que les déplacements automobiles qui doivent être surveillés. Tous les déplacements intéressent la vie en société. Il n’y a pas que la vitesse qui soit une incivilité. Il faut donc étendre les champs d’observation, ce qui est le rôle dévolu aux caméras que l’on installe partout « pour notre sécurité » ! Comme on n’est jamais trop prudent et que les mauvais gestes peuvent être commis n’importe où, on développe les caméras montées sur des drones. Elles permettent de renseigner sur les faits et gestes des malfaisants, et aussi de voir qui sort de chez soi, à quelle heure, pour où aller… Tout est transparent.

Il n’y a pas que les faits et gestes des citoyens qui doivent faire l’objet d’une surveillance de tous les instants ; il faut aussi prévenir toute mauvaise pensée. Pour y arriver, Internet a été d’un secours merveilleux. Certes le système permet à chacun de se tenir informé de ce qu’il se passe, mais il permet aussi à ceux qui le pilotent de voir toutes les informations consultées par chacun, de mesurer le temps passé sur chaque site. Il permet encore d’identifier tous les mal-pensants et les auteurs de prétendues « fake news ». Poussant la logique encore plus loin, les réseaux sociaux permettent de « communiquer » dans un monde où on ne se rencontre plus, mais permettent aussi de dénoncer toutes les mauvaises relations. De plus, ces réseaux donnent tous les éléments nécessaires pour identifier exactement les personnes surveillées. Les informations recueillies complètent les images traitées par les logiciels de reconnaissance faciale et facilitent toutes les recherches ultérieures. L’ensemble de ces outils permet d’établir un « profil » précis de chaque individu que l’on peut ensuite soumettre à la sagacité statistique de l’Intelligence artificielle. Au-delà, on a vendu aux usagers des objets connectés : merveilleux pour allumer le chauffage de la maison avant qu’on rentre chez soi mais aussi efficaces mouchards de toutes les habitudes de chacun. Pour tout savoir de quelqu’un il ne manquait plus que de connaître son état de santé. C’est chose faite avec Mon espace santé. Le lendemain de l’intervention du président Macron, il a été annoncé que parmi les mesures destinées à emplir la feuille de route des « Cent jours », le fisc allait lutter contre la fraude à la TVA en se branchant directement sur la comptabilité des entreprises.

La dernière étape avant d’arriver à la case « prison à ciel ouvert » sera la mise en place de la monnaie numérique, celle que Jim Ricks appelle à juste titre la « monnaie espion ». Certes, elle sera présentée comme facilitant et accélérant les transactions, mais elle permettra surtout à la banque centrale de contrôler étroitement les avoirs de chacun et de geler tout compte de dépôt d’un individu qui ne consommerait pas selon les canons fixés par les organismes financiers internationaux.

Comme chacun le sait, les risques de dérapage sont inexistants : la CNIL veille au fait que ces divers systèmes ne communiquent pas entre eux ; ceux qui les font fonctionner sont au-dessus de tout soupçon ; le détournement des images filmées à l’intérieur des voitures Tesla, le recours aux caméras iraniennes pour identifier les femmes qui osent sortir sans voile, la publication de documents classifiés émanant du Pentagone et concernant la guerre en Ukraine ne sont que des épiphénomènes qui ne sauraient en aucun cas servir d’avertissement. Quiconque s’en inquièterait ne serait qu’un vil complotiste. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes et bienvenue dans la prison à ciel ouvert.

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