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PRISONS : la faute est politique

Cette fois-ci, l’alerte est sérieuse et on ne peut que donner raison aux syndicats.

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PRISONS : la faute est politique

Une fois de plus le milieu carcéral est en révolte. C’est la tentative d’assassinat au ciseau et au couteau perpétrée le 11 janvier dernier à l’encontre de quatre surveillants de la Maison centrale de Vendin-le-Vieil, à 30 km de Lille, qui a mis le feu aux poudres. L’auteur, un terroriste islamiste, ancien lieutenant de Ben Laden, condamné à 18 ans de réclusion criminelle en 2009, libérable le 24 janvier, était soumis au régime des détenus particulièrement signalés, placé à l’isolement, menotté pour ses déplacements et escorté par quatre surveillants revêtus de tenues spéciales. Mais le dispositif avait été levé quelques jours auparavant par le directeur de la prison, au grand dam des surveillants qui savaient qu’il allait passer à l’acte, parce qu’il le leur avait dit et l’avait laissé entendre à sa compagne au téléphone. Sa prochaine extradition vers les États-Unis l’avait incité à jouer les prolongations.

Les incidents se multiplient
  • Le 15 décembre, avait été découvert à la prison d’Orléans-Saran un Smith & Wesson dissimulé dans une boîte à chaussures…
  • Le 5 janvier, à Arles, un détenu avait tenté de s’en prendre à un surveillant avec un pic artisanal de 26 cm.
  • Le 14 janvier, à Uzerche, un autre s’est livré à une attaque en règle sur un surveillant dans son bureau. D’autres agents venus à son secours ont également été blessés : traumatisme crânien, entorse cervicale, entorse d’un genou et d’un doigt, douleurs lombaires, dos bloqué, oreille interne endommagée et multiples contusions.
  • Le 15 janvier, un islamiste radicalisé s’en est pris à des agents de la prison de Mont-de-Marsan chez lesquels sont à déplorer de multiples contusions, entorses, nez cassé avec déviation nasale, doigt cassé et douleurs au plexus.
  • Les incidents de ce type sont innombrables. Il est à déplorer entre 4000 et 5000 agressions par an et une vingtaine de prises d’otages sur le personnel pénitentiaire.

Et ce n’est pas d’aujourd’hui que les syndicats déplorent « l’impunité totale dans les prisons et le laxisme des gouvernements successifs face au traitement des détenus radicalisés les plus violents. » Ils réclament « une bonne sécurité » pour « dynamiser des actions de réinsertion, de travail pénal, de prise en charge sociale, médicale, sportive » et des recrutements : « un surveillant qui doit gérer jusqu’à 140 détenus, alors qu’il devrait en avoir 40, ne peut remplir ses missions ». Ils réclament aussi des formations : « certains surveillants n’ont pas eu d’entraînement aux tirs depuis des années et (n’ont) aucune connaissance du milieu terroriste ».

Lorsqu’on sait, comme l’affirme Emmanuel Baudin du SNP FO Pénitentiaire, qu’« aujourd’hui on agresse pour tuer », que « maintenant les détenus ont une pratique, ils visent la carotide », on comprend l’angoisse du personnel.

La radicalisation en prison est extrêmement préoccupante. Les dispositifs qui ont été mis en place comme les « quartiers d’évaluation de la radicalisation » sont insuffisants, ne concernent qu’une petite minorité de détenus et, pour tout dire, sont sans effet. Jean-François Forget, secrétaire général du syndicat pénitentiaire UFAP-UNSA déplore que

« 80% des terroristes circulent dans des conditions de détention classiques ». « La diaspora de ces prisonniers problématiques fragilise toutes les prisons (…) Car ils peuvent continuer à faire du prosélytisme et du recrutement. Voire organiser des attentats. Un danger pour les surveillants, mais plus largement pour toute la société. »

Il avait déjà, en 2015, à l’occasion de précédents incidents, qualifié les unités de prévention de la radicalisation dans les prisons, de « cocooning » : « On accroit le nombre d’activités. Il n’y a aucune pression de coercition visant à mettre de la sécurité dans la prise en charge. Il y a dix-huit mois, le Premier ministre s’est engagé à mettre en sécurité la société vis-à-vis […] des 325 terroristes incarcérés dans nos murs et des 1400 détenus en voie de radicalisation. Nous n’avons aucun retour positif visant à dire que l’on avait réussi à déradicaliser le moindre individu. »

Des réponses insuffisantes

Me Guillaume Jeanson, avocat au Barreau de Paris et porte-parole de l’Institut pour la Justice préconise de spécialiser les établissements selon la dangerosité des détenus. Il rappelle que, pour les profils les plus dangereux, les Italiens disposent d’un régime de détention appelé « 41 bis » dont la France pourrait s’inspirer. Il s’agit d’un régime sévère d’isolement, développé à l’origine pour les parrains mafieux et qui s’applique également aujourd’hui aux détenus radicalisés les plus durs. Cette préconisation se rapproche de revendications syndicales qui appellent à l’édification « de toutes petites prisons ultra-étanches avec une sécurité maximale dans lesquelles [les détenus les plus radicalisés] n’ont aucune possibilité de communiquer entre eux et avec l’extérieur. »

Malheureusement, le malaise, et pour parler de manière plus réaliste, le désastre, n’est pas circonscrit au seul monde pénitentiaire. C’est toute l’institution judiciaire, dans toutes ses composantes, qui est atteinte. Disons dès cet instant qu’à quelques exceptions près, les fonctionnaires en charge de la sécurité publique sont hors du champ de nos critiques.

Sollicités au-delà du raisonnable, policiers et gendarmes font preuve d’une abnégation et d’un sens civique exemplaire. Le 9 janvier dernier ce sont eux qui étaient dans la rue pour protester contre les agressions dont ils sont régulièrement victimes, de même que les pompiers …

Contrairement à ce que l’on dit trop souvent, la justice n’est pas particulièrement laxiste dans ses condamnations. Ce ne sont que quelques décisions dignes du « Mur des Cons », relayées par une presse gourmande de sensationnel, qui dénotent dans le paysage. C’est au regard des délais que rien ne va plus, là aussi depuis longtemps. Le manque d’effectifs en est la première cause. À titre d’exemple, le Procureur de Rennes, une des Cours d’Appel les plus importantes de France, constatait il y a quelques mois que 17 000 dossiers restaient à traiter par la Chambre des appels correctionnels, soit un délai d’attente d’environ deux ans. Nombreux sont les tribunaux dont les effectifs sont en permanence inférieurs aux postes qui leur sont affectés. À tel point que la détention provisoire de certains individus dangereux doit être levée, faute d’avoir été jugés dans les temps. Une fois le jugement prononcé, c’est son exécution qui fait défaut. Des milliers de décisions restent en attente. Et pour éviter la surcharge des prisons tous les expédients sont imaginés : placement sous surveillance électronique, mise à l’épreuve, liberté surveillée, … Rares sont les peines inférieures à deux ans de prison qui sont effectivement mises en œuvre. Avec le constat qui est fait aujourd’hui sur la situation pénitentiaire, on se demande ce qui pourrait se passer s’il en était autrement !

La boucle est bouclée. Le système est paralysé, schizophrénique, inefficace.

La question est politique

Toutes ces institutions régaliennes ont, en réalité, été délaissées par la lâcheté du microcosme politique et quelques hauts fonctionnaires, constamment préoccupés de ne pas déroger à l’idéologie dominante et la culture de l’excuse. Le passage de Mme Taubira au ministère de la Justice a constitué le point d’orgue de cet aveuglement poussé jusqu’à la caricature. N’a-t-elle pas renoncé au plan de 20 000 places lancé sous le quinquennat Sarkozy ?

On voit bien que cette pauvre Nicole Belloubet, ministre de la Justice, totalement démunie de solution, ne peut que reprendre maladroitement ce que ses prédécesseurs ont toujours fait, quelques promesses d’effectifs supplémentaires qui seront plus ou moins tenues, et de maigres primes qui ne satisferont personne.

Pour lutter contre la surpopulation carcérale, Macron a annoncé 15 000 places supplémentaires (en décembre la surpopulation était de 14 405 détenus). Quand on sait qu’il faut 10 ans pour créer seulement 10 000 places, on apprécie à sa juste valeur la démagogie de circonstance.

La révolte actuelle du personnel pénitentiaire n’est pas la première et, à voir comment le gouvernement entend y apporter des solutions, ce ne sera certainement pas la dernière. Un représentant syndical a excellemment résumé la situation :

« Les tensions ne sont pas nouvelles et ne trouveront pas leur issue dans l’accord qui est en train d’être négocié. Les difficultés et les problèmes auxquels ils sont confrontés sont beaucoup plus globaux ».

On aura beau tourner dans tous les sens les préconisations techniques, tenter de réagir au coup par coup pour colmater les fuites d’une tuyauterie fatiguée, l’état désespéré de notre système judiciaire et pénitentiaire n’en sera pas pour autant réparé. Si l’on se tourne systématiquement, quand tout va mal, vers les ministres ou le chef de l’État, c’est parce que la solution est avant tout politique. L’importance du sujet exige une volonté sans faille du pouvoir, qui ne peut s’exercer que sur la durée. Lui seul est en charge, et doit rester maître de ce qui constitue la colonne vertébrale de toute nation équilibrée.

Le cadre de nos institutions ne répond pas à cette nécessité. Un petit quinquennat, ou même deux, ne suffiront pas, d’autant que les décisions, comme trop souvent en régime démocratique, ont d’abord une visée électoraliste et clientéliste. Malgré la meilleure volonté des responsables, l’effet mécanique du système les emportera. Soit ils gagneront ou conserveront des voix par des engagements et promesses souvent démagogiques, soit ils seront balayés. À quand des institutions pérennes, suffisamment dégagées de toute influence idéologique et politicienne pour disposer du temps et des moyens nécessaires à la mise en œuvre d’une politique au seul service de l’intérêt général et de la vraie Res Publica ? C’est cette question qui est systématiquement posée dans les pages de ce magazine. Il est, à l’évidence, urgent d’y répondre.

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