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Barkhane, cinq années en Afrique

Sahel. Il est si difficile pour les idéologues et les politiciens de voir les choses comme elles sont. Rien ne vaut la réalité militaire. Deux soldats français viennent encore de tomber au Mali.

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Dans un communiqué laconique du 14 février l’État-Major des armées annonçait une opération menée dans la nuit sur trois concentrations de groupes armés terroristes au nord du Mali, entre Boughessa à 20 km de la frontière et Tin-Zaouatène, 150 km plus haut en Algérie. Ces précisions laissent-elles supposer un droit de poursuite combiné avec l’Algérie, très sensible à ces affaires ? On n’ en saura rien ; et pour cause : la traque menée par nos forces spéciales justifie une extrême discrétion aussi bien dans les médias que sur les fréquences radio tactiques ou dans l’obscurité de déserts qu’on croit inhabités mais où chaque brindille écrasée peut alerter ; même dans la nuit glaciale, pas question d’y allumer un feu.

Nuit bleue

Le communiqué précise que « l’opération a débuté par des frappes aériennes simultanées sur les objectifs, suivies d’assauts héliportés appuyés par des hélicoptères Tigre et conclues par un engagement au sol. Le bilan, provisoire à ce stade, est d’une vingtaine de terroristes tués ou capturés, 3 véhicules détruits, des armements récupérés, ainsi qu’un grand nombre de documents saisis. » Une vingtaine donc, morts ou vifs, peu importe ; et un bilan intéressant : de nombreux documents saisis.

L’objectif se situait à une heure de vol pour les Mirage 2000 de Niamey au Niger, à deux heures pour les hélicoptères Tigre et Caracal basés à Gao au Mali ; ces derniers étaient probablement déjà en embuscade, plus près, en attendant l’hallali. Une opération emblématique de l’efficace coordination entre les Mirage qui placent leur bombes au mètre près, dans l’obscurité, sur des groupes armés très furtifs, puis les hélicoptères qui attaquent dans les secondes qui suivent cette « préparation d’artillerie » pour sécuriser l’assaut des forces spéciales. Les équipements de vision nocturne permettent aux équipages des Tigre de concentrer leurs feux, canon et missiles, sur les objectifs les plus dangereux pour nos fantassins qui viennent ensuite « au contact ».

En amont un travail long et méticuleux de préparation, de recherche et de traque par satellite, drones, écoute électronique, confronté au renseignements « humint » (humain) sur le terrain. Il s’agit de débusquer des groupes très mobiles dans une zone aussi vaste que l’Europe, des aiguilles dans une botte de foin! Aucune perte pour les nôtres. Bref, du très bon travail.

Mais après 5 années de présence, près de 20 soldats français tués, des blessés et une facture annuelle de 700 millions d’euros pour la France, quel résultat a-t-elle obtenu?

La stabilité du Mali suspendue aux prochaines élections. Politique magazine

La stabilité du Mali suspendue aux prochaines élections. Politique magazine

5 ans pour rien ?

En janvier 2013 l’opération Serval mettait un coup d’arrêt à l’invasion islamiste du Sahel, conséquence de la désastreuse aventure libyenne de Sarkozy-Juppé en 2011 approuvée, ne l’oublions pas, par toute la gauche. Après trois années de présence et de traque patiente les dispositifs Serval puis Barkhane avaient effectivement réussi à stabiliser le Sahel en gênant les mouvements des terroristes entre leurs bases de Libye, le Niger et le Mali. Ces derniers avaient alors frappé au Sud dans des attentats meurtriers, à Bamako en novembre 2015 et à Ouagadougou en janvier 2016. À Paris les controverses naissaient déjà sur l’efficacité du dispositif où certains voyaient « une ligne Maginot contournée ». En août dernier 18 civils étaient tués à la terrasse d’un café de Bamako, en janvier 3 militaires français étaient blessés par un attentat suicide. Malgré ces drames le général directeur du renseignement militaire n’a pas tort quand il dit : « la situation n’est pas satisfaisante, mais elle est contrôlée ». En d’autre termes, actuellement, Barkhane ne peut pas partir sans que le Sahel ne s’embrase à nouveau.

En effet, l’effort de la France pour fédérer, autour du G5 Sahel – Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad – une force africaine capable de tenir la situation est à ce jour un échec. Plus par le manque de volonté politique ou les divergences d’intérêt que par l’incapacité militaire de ses membres.

Les élections régionales puis présidentielles prévues en 2018 au Mali, sur fond d’irrédentisme Touareg, n’arrangent pas les choses. La dictature « démocratique » du nombre imposée à l’Afrique par la Doxa universaliste de la Communauté internationale ne fonctionne pas plus au Mali qu’au Rwanda.

Un vieux contentieux entre les agriculteurs noirs sédentaires au Sud, majoritaires donc au pouvoir, et les nomades berbères et arabes du Nord, anciens esclavagistes, attise des tensions internes : la France pourchasse les islamistes mais le gouvernement malien lutte plutôt contre les Touaregs qui se sont prudemment éloignés des islamistes serrés de trop près par nos soldats. À Bamako, sur fond de campagne électorale, l’opinion publique récrimine contre la France accusée de faire la part trop belle aux Touareg de l’Azawad au Nord Mali.

Afrique réelle

Les analyses lucides de l’africaniste Bernard Lugan, très écouté par nos militaires en première ligne, moins par nos politiciens, sont ici précieuses. Même si nous ne partageons pas ses foucades macrono–malthusiennes sur la « démographie suicidaire de l’Afrique qui interdit tout développement », – c’est en fait la vieille Europe qui est en train de mourir –, nous recommandons volontiers cet universitaire et expert de terrain. C’est lui qui, dès 2011, écrivait dans une métaphore explosive que l’affaire libyenne « roulait comme une grenade dégoupillée sur l’Afrique sahélienne », c’est lui, qui, mieux que personne, décrit cette « plaie ethno-raciale surinfectée par l’islamisme radical » que nos idéologues germanopratains ne veulent pas voir.

Fin connaisseur de la région il écrivait encore le 4 février : « C’est sur les réseaux de la contrebande que se sont originellement greffés les jihadistes repliés d’Algérie. Or, ce que nous baptisons « trafic » à travers notre lecture européo-centrée est la continuation moderne du commerce traditionnel transsaharien qui fait vivre les populations à travers des routes trans-ethniques millénaires. Nous y attaquer multiplie nos adversaires et fragilise nos axes de communication car, bien que se combattant, les groupes armés sont tous impliqués à des degrés divers dans cette activité. »

Message reçu cinq sur cinq par le général directeur du renseignement militaire qui explique le lendemain aux journalistes parisiens : « Nous ne pouvons pas nous attaquer au trafic de manière désordonnée, parce que cela déstabiliserait l’économie et que nous n’avons pas d’économie alternative à proposer ». « Nous nous attaquons aux trafics quand ils servent à financer le terrorisme ».

Effectivement l’affaire de Boughessa ce 14 février à eu lieu dans une région qui est la plaque tournante des trafics d’armes et de drogue, mais elle ciblait un groupe terroriste parfaitement identifié.

Que faire maintenant ? La question du maintien de Barkhane est épineuse. Partir, c’est laisser le champ libre aux meutes islamistes que nous avons contenues et risquer, après quelques génocides, un califat terroriste du Sahel à la Libye. Rester, c’est s’épuiser sans traiter le problème car le suffrage universel n’a jamais rien résolu ici. Ce mode rustique de désignation du chef ne passe que chez de vieilles civilisations policées par des siècles de christianisme et de monarchie où la perspective de l’éternité est plus édifiante que la danse du Vaudou ou les mille vierges du prophète. La IIIe République n’est restée qu’un demi-siècle en Afrique préférant l’Islam au christianisme. Rome est resté trois siècles en Gaule et le lui avait apporté.

Quoiqu’il en soit, après avoir bêtement tué Khadafi, il faut maintenant assumer. Alors, Macron, roi des rois d’Afrique ? En dépit de ses formules et malgré qu’il en ait !

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