Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Depuis qu’une épidémie est partie de là, les journalistes français se déchirent le gosier à prononcer Wuhan à la chinoise, ce qui doit bien faire rire les Chinois, de même que quand j’étais à Prague je fis bien rire une charmante Tchèque en lui racontant que les Français disaient « Vorgiaque » pour leur compositeur national, alors que les Tchèques disent tout autrement. Nos journalistes veulent peut-être faire croire qu’ils sont calés sur les langues étrangères, mais ils ne veulent le faire croire qu’à propos de langues étrangères qui ont du prestige, parlées par des peuples puissants et dangereux ; il ne faut pas oublier que la France est le pays de la repentance, du rasage de murs et de l’aplatissement. Toutes les langues étrangères ne bénéficient pas de cette servilité. L’espagnol a droit à une jota prononcée gutturalement, mais c’est tout. L’allemand est systématiquement prononcé à l’anglo-saxonne ; dès qu’un Allemand se prénomme Peter, on l’appelle « Piteur », alors qu’en germain on entend quelque chose comme « Péta ». Michael (prononcé en allemand Michael avec un ch chuintant) devient Maïkeul. Il n’y a pas que l’allemand. Le coureur cycliste slovaque Peter Sagan devient Piteur Sagan. Il y a une quinzaine d’années, un coureur cycliste belge s’appelait Steels (prononcé en flamand à peu près comme ça s’écrit) ; nos journalistes disaient Stiiils, ce qui, en vérité, accroissait la vélocité du coureur, l’air sifflait quand il le fendait, ses freins crissaient terriblement quand il les actionnait. Pour me démarquer désormais de nos journalistes cérémonieux, je dirai Dvorak en distinguant toutes les lettres, j’imiterais Maurice Chevalier qui, dans Ah si vous connaissiez ma poule, dit Nève-Iorque pour la ville américaine riche en gratte-ciel. De Nève-Iorque, j’irai à Wachingueton au cinéma voir des Indiens et des covebois, tout en mangeant du bacon, qui rimera avec balcon, d’où, selon Brassens, on voit passer des gens pas très intelligents.