Les innovations merveilleuses nous viennent toutes d’Amérique. On a d’abord eu le Coca-Cola. Puis est venu le « gender ». Là, il faut dire que le père ou la mère du « gender » (on ne sait plus trop bien), l’ancêtre, quoi, était Simone de Beauvoir, qui était Française ou Français (on ne sait plus très bien). Et puis est venu le « végan », qui nous a appris qu’il n’y a aucune différence entre la cervelle et les capacités d’un Marcel Proust et celle et ceux d’un aimable ver de terre. Maintenant, il faut avouer que les végans ont encore beaucoup à cogiter et à pousser leur pittoresque réflexion un peu plus loin. D’abord, il faudrait qu’ils dénichent une nouvelle Greta du Tonnerre qui irait faire la leçon aux chats en leur enjoignant de ne plus croquer de souris ni même de croquettes où les sales humains ont mis de la bidoche de bœuf ou de canard. Ensuite, nous leur ferons remarquer que si leurs copains « gender » ont pour grand-père ou grand-mère (comme on veut) Simone de Beauvoir, les végans pourraient chercher chez les Grecs et ils découvriraient Aristote, lequel leur ferait un bon pépé ou mémé (comme on veut), puisqu’il a raconté dans De l’Âme que si les hommes ont une âme raisonnable, les animaux ont une âme animale et les végétaux une âme végétative. Certes, le mot âme est incompréhensible pour un contemporain bien élevé, mais l’idée y est. Remplaçons âme par ego, là, on se comprend. N’arrachez pas le poireau, dira Greta du Tonnerre, son ego souffre. A contrario, quand une dame, qui est peut-être un homme, lui parle et lui fait les yeux doux, le poireau pousse mieux, il s’érige fièrement, la dame (peut-être un homme) a eu la main verte. Mais le poireau lui-même, admonestons-le, de quoi se nourrit-il ce grand efflanqué ? hein ? hein ? lui non plus, il n’est pas clair. En fin de compte, c’est toute la Nature qui est corrompue, ça se bouffe et ça s’entrebouffe, ça se croit supérieur à son voisin, ça se trouve le droit de faire souffrir. C’est toute la Création qui souffre et fait souffrir. À bas la Nature, à bas la Création, à bas l’homme, le chat, le poireau, tout, tout !
À mort la vie !