Civilisation
Le tour du théâtre en 80 minutes
De et avec Christophe Barbier. Mise en scène Charlotte Rondelet.
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Présenté par Christophe Barbier, d’après l’œuvre de Jules Barbey d’Aurevilly. Mise en scène Nicolas Briançon, avec Gabriel Le Doze, Magali Lange, Krystoff Fluder, Reynold de Guenyveau.
Les quatre nouvelles sur les six du recueil des Diaboliques, présentées par Christophe Barbier comme les autres, sont reliées à l’adultère, au meurtre, à la vengeance, à la passion promise à la tragédie, chacune nous plongeant dans un univers étrange presque angoissant : le comte de Savigny prend des leçons d’escrime avec son amante, la belle et mystérieuse Hauteclaire Stassin, qui empoisonne son épouse avant de goûter avec lui une félicité dépourvue de tout remords (Le bonheur dans le crime) ; le vicomte de Brassard envoyé en garnison en Normandie s’éprend d’Albertine, la jeune fille de ses hôtes, diaboliquement provocante (Le rideau cramoisi) ; Sanzia Florinda Conception de Turre-Cremata nous livre son terrible secret : épouse d’un grand d’Espagne, elle déshonore son nom en se prostituant (La vengeance d’une femme) pour se venger de son mari qui a tué son amant ; le surprenant capitaine Mesnilgrand, soldat de Napoléon qui, bien que proclamant l’athéisme le plus dur, se rend discrètement dans une église pour se confesser sur un drame qui l’implique lors de la guerre d’Espagne entre sa maîtresse Rosalia et le compagnon de cette dernière, le major Ydow (Un dîner d’athées). Le rideau se lève sur le procès fait à l’auteur inculpé d’outrage à la morale publique pour son œuvre jugée licencieuse. Le feu est si fort qu’on en voit que les flammes mais l’auteur des Diaboliques se défend : « J’ai voulu par la vivacité de mes peintures, cabrer les âmes devant le vice au lieu de les y entraîner. Mon caractère, ma vie, mon passé répondent de moi. J’ai pu être coloriste, mais sciemment immoral, jamais ». C’est ce que met en lumière la brillante mise en scène de Nicolas Briançon qui révèle la magnétique écriture de l’auteur dans la démonstration de l’étourdissement du désir érotique et de ses corruptions où les héroïnes constituent, selon l’auteur, un « petit musée » de monstres bien réels. L’alliance d’énergie et de finesse chez les comédiens, leur engagement sans faille nous attachent infailliblement.