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Le secret du vallon

Voilà quelques années que Stanislas Bouvier pose obstinément son regard sur un coin de Normandie et un coin de Provence.

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Le secret du vallon

En Provence, il a rencontré des pins, dont un majestueux pin Wharton, qu’il dessine au fusain, en contre-plongée ou de face. La structure du pin est là, son architecture, sa poussée vitale, et le fusain ajoute à ces portraits sylvestres un flou plein de douceur qui enveloppe le spectateur : on croit percevoir la chaleur du jour ou le frais du matin, on entend le vent, et cette précision sans sécheresse est pleine d’une vie tranquille.

On retrouve cette vie sourde et vibrante dans nombre de dessins aux dimensions plus modestes : fumées de locomotives dans la nuit, vapeur le long des quais, ombre portée sur un mur dans une chambre à moitié plongée dans l’obscurité… Cette veine-là, qui assume tranquillement et avec talent une inspiration pictorialiste (mouvement artistique photographique des années 1900-1920), tend vers l’illustration et on sent qu’il y a une narration qui sous-tend les images. Ne pas connaître l’histoire ajoute un certain charme aux œuvres, mais en même temps l’anecdote amoindrit la portée de ce qui est montré, sauf dans le cas de La Chambre (2021) où Bouvier tend vers le réalisme conceptuel d’Hammershøi.

En Normandie, Stanislas Bouvier contemple un vallon et une marre. La marre est moussue, vaseuse, envahie de lentilles d’eau, on devine des grappes d’œufs, elle exhale de placides mystères et recèle de tranquilles fermentations, de lentes gestations. Le vallon est plein d’arbres et la lune le couronne. Quand elle disparaît, les brumes s’élèvent ou le jour colore à peine les frondaisons.

Trois siècles de peinture du paysage

Ces arbres et cette marre reviennent sans cesse. Le peintre les peint et les dessine d’un bout de l’année à l’autre, du petit matin au milieu de la nuit, en plein soleil et sous la neige. Il scrute la marre au plus près, sous un ciel gris, miroir tavelé de plantes où un arbre projette sa silhouette noire ; il la dessine en triptyque, avec un fusain sensible qui sait à la fois rendre le détail des mousses posées sur une eau claire et la douceur fondue des berges, plongées dans l’ombre du hallier qui les borde. 

Le vallon est un sujet plus difficile. Autant on sent Bouvier à l’aise avec la marre, étale et végétale, qui se laisse approcher sans broncher, autant ce creux entouré d’arbres paraît plus intimidant. Il n’y pénètre qu’en hiver, quand les arbres sans feuilles et roidis laissent la neige les engoncer. Les fusains les montrent, stoïques, le peintre dissimulé par les flocons qui tombent (Neige sur le val, 2021). Du printemps à l’automne, c’est une autre affaire. Soir sur le val (2022) ou Brume sur le val (2019) ou Artémis (2022) sont peints de loin et ce qui se passe dans l’enclos des arbres ne sera connu que d’eux, des nuages et de la lune. Le spectateur n’aura accès qu’à la masse des frondaisons, aux lumières de nacre et de perle, et à la lune, d’un argent à peine jauni, surplombant le val, manière de bosquet sacré par la seule grâce du regard du peintre – et de ses pinceaux, qui réussissent à synthétiser trois siècles de peinture du paysage. 

C’est tout à la fois familier et original, sans effets de style vulgaires et néanmoins d’un style unique. Je ne saurais mieux dire qu’à contempler ces œuvres on croirait entendre quelqu’un qui parle aujourd’hui un excellent français sans pour autant pasticher les orateurs défunts ; ce naturel sans effort qui ne s’obtient qu’à force d’un grand travail et d’une sensibilité préservée à grands soins. Stanislas Bouvier nous offre la possibilité de voir la nature comme on l’observait il y a deux ou trois cents ans sans pour autant ne proposer qu’un vain exercice d’imitation virtuose : le choix de ses sujets, même et surtout parce qu’il est restreint, témoigne à quel point il est contemporain.

Stanislas Bouvier, « Diurnes & Nocturnes », jusqu’au 9 décembre 2022. Galerie De Bayser, 69 rue Sainte Anne – 75002 Paris.

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