Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Et Dieu créa la femme
Une des créations les plus exaltantes de notre époque est le concept de femme libre. La femme libre est libre ; elle fait ce qui lui plaît. Les engagements sont tout à fait incapables de la contraindre. Quand son mari commence un petit peu à l’agacer, elle le plaque sans façon ; il ne s’agit pas du tout qu’elle le trompe ; elle lui dit carrément, franchement : « Je te plaque, je m’en vais. » ou, si elle reste parce que le gîte lui plaît : « Toi, tu m’énerves, va ronfler dans la soupente. » Elle ne dit pas qu’elle prend un amant, vieux mot, ringard, désuet, ridicule, bon pour le théâtre de boulevard, elle change de partenaire. Quand le partenaire commence à la fatiguer, elle le bazarde. Si un partenaire ne lui suffit pas, elle en prend deux, trois, quatre, successivement ou simultanément, elle fait ce qu’elle veut. Elle peut prendre aussi une autre femme, on ne verrait plus que ça que les barrières sexuelles la retiennent. Et les enfants dans tout ça ? S’ils lui plaisent, elles les embarquent ; les petits choux voient du pays. S’ils ne lui plaisent pas trop, parce que tout de même, les enfants, c’est encombrant, elle les laisse à leur géniteur, ou si le géniteur n’en veut pas, parce qu’il y a aussi des hommes libres, elle les laisse n’importe où à n’importe qui. Elle est libre. Et ses vieux parents dans tout ça ? C’est encombrant, des vieux parents. Ils ne servent à rien, ils poussent même l’ignominie jusqu’à réclamer des soins et pour les plus atteints, des câlins, alors qu’ils devraient se souvenir que, quand elle était jeune, ils ont tenté de la brider, ils lui ont flanqué des préceptes, des interdits, des conseils, les salauds ! Elle a dû conquérir, contre eux, sa liberté. Donc, elle les laisse claquer dans un mouroir. A-t-elle d’ailleurs des parents ? On ne s’en souvient plus. Elle est peut-être née orpheline.
Quand j’étais enfant, mes parents m’emmenaient à l’opéra voir Carmen et me disaient en pensant à l’héroïne : « C’est une sale femme ». Ils auraient même pu employer des gros mots, mais ils n’aimaient pas les gros mots. Maintenant, on s’exclame : « C’est une femme libre ! » Dans la version de Carmen filmée par Francesco Rossi, la scène finale est poignante et élève l’âme ; on y voit Carmen poignardée par Don José, étendue morte, le cadavre entouré des plus belles fleurs. C’est une déesse, c’est une sainte. Quand on annonce la mort d’une femme qui s’est signalée par son talent, on n’ajoute pas : « Quelle actrice ! Quel génie ! », on s’écrie : « C’était une femme libre ! »