Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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En France, malgré la notoriété d’Élisabeth II, les souverains anglais restent peu connus. Pourtant, les liens entre la couronne britannique et la France sont forts. Certains monarques ont été par ailleurs de grands admirateurs de notre pays, à l’instar de George IV (1764-1830). Devenu prince-régent en 1811 à cause de la maladie mentale de son père, George IV n’eut qu’un règne assez bref (1820-1830). Mais ce souverain fut un grand collectionneur de tableaux et d’objets, agrandissant ainsi la Collection royale. Régulièrement, la Galerie de la Reine de Buckingham organise des expositions qui mettent en valeur ce fonds important de la couronne. Cette fois-ci, c’est le parcours de George IV qui est présenté au visiteur à travers des peintures et des objets. L’exposition nous permet de suivre ce monarque éclipsé par le long règne de la reine Victoria. Pourtant, ce roi est fasciné par la France dès sa jeunesse. Comme dans cette caricature où il figure avec son ami le duc d’Orléans, tous deux en train de chasser la couronne… George IV se passionne pour l’histoire de France et sa culture. Quitte à dépenser sans compter. Certains objets témoignent des grandeurs et des convulsions de notre pays qui émurent tant George IV.
Un siècle après sa mort, le Roi Soleil fascine encore les cours d’Europe. George IV n’a pas été insensible à ce grand règne jalousement envié par beaucoup de monarques. À l’instar de cette statue d’un Louis XIV à cheval, posée sur un piédestal ou de ce tableau de van der Meulen qui peint la construction de Versailles. George IV, issu d’une famille qui accepté le compromis monarchique avec la Chambre des communes, n’a pas renié ses ancêtres Stuart, dont certains ont du sang français. Nous devons à George IV l’acquisition de ce magnifique service en porcelaine de Louis XVI daté de 1792 au moment où l’infortuné roi de France était aux Tuileries. Ce fut l’un de ses achats les plus coûteux. Et Napoléon ? C’est l’ennemi de l’Angleterre, comme on le voit avec ces prises de guerre que sont le plan de la Bataille d’Austerlitz ou le bâton du maréchal Jourdan. Il y a aussi cette gravure qui se rapporte au sacre. En revanche, il n’y a pas de pièces liées à la Restauration, période pourtant contemporaine au règne de George IV. Peut-être parce qu’il s’agit de l’actualité, pas de l’histoire, même proche. Mais ce collectionneur suit l’Europe. Le Congrès de Vienne, qui solda les errements de l’aventure napoléonienne, est présent. Non seulement par ce tableau, mais aussi par certains acteurs qui redonnèrent à la papauté son prestige après la chute de Napoléon : les grands portraits de Pie VII et du cardinal Consalvi peints par Thomas Lawrence. L’anglican George IV ne put être indifférent à la figure pontificale et au prestige de l’Église, lui qui reçut de son père ce livre d’heures ayant appartenu aux Sobieski de Pologne. Dans le tumulte du monde, le roi mène aussi une vie paisible. C’est lui qui donne au Palais de Buckingham ses contours actuels. Résidant à Carlton House, puis à Windsor avec ses proches, on comprendra l’attrait pour ces peintures décrivant la vie champêtre et le petit peuple. George IV ne fut-il qu’un monarque constitutionnel, coupé de l’exercice réel du pouvoir ? Ce serait réducteur et caricatural. Outre sa participation aux affaires publiques, confirmée par ces tableaux illustrant la politique étrangère, cette étole utilisée dans les cérémonies de la cour rappelle l’origine divine du pouvoir.