Civilisation

Maistre, plus que jamais d’actualité
Voilà un livre puissant qui est, à ce jour, la réflexion la plus poussée sur la vie et l’œuvre de Joseph de Maistre.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Notre ami Yves Morel a publié – en tout cas à ce jour un premier volume – une sorte de petite encyclopédie des contre-révolutionnaires français.
Le travail est soigné comme toujours avec notre auteur. L’essentiel est dit, tant sur la vie que sur l’œuvre de ces vingt-trois hautes figures de penseurs et de héros, qui, tous, ont affronté eux-mêmes de leur vivant la Révolution. Soit des philosophes ou des publicistes comme Bonald, Maistre, Mallet du Pan, Montlosier ou Cazalès, Ferrand, soit des combattants qui ont mené la plus violente des luttes contre l’horreur révolutionnaire, des Cadoudal, des Charrette, des D’Elbée, des Lescure, des La Rochejaquelein, des Bonchamps, des Cathelineau, ce qui ne les empêchait nullement de savoir profondément les raisons de leur engagement, qui était d’abord le refus de l’immense impiété que représenta à tout jamais la Révolution dite française. S’ajoutent les politiques qui ont essayé de comprendre et de faire face ; ce fut possible surtout au moment de la Restauration, mais même au moment de l’Empire. Il est vrai, les royalistes, soit modérés comme Royer-Collard, soit plus décidés comme Corbière et Villèle, souvent gênés par leurs « ultras », comme il arrive toujours avec ces esprits qui ne comprennent jamais que l’art du compromis fait partie de la politique, n’arriveront pas à leur fin malgré leur remarquable intelligence, tant la bête était indomptable. Et, pourtant, jamais la France n’a été mieux administrée que sous la Restauration. Enfin, Morel s’attarde aussi sur des penseurs qui s’attachent à l’histoire politique et à l’histoire même de la Révolution – et ce sont les premiers du genre – pour en cerner les contours et en comprendre les ressorts, comme Sénac de Meilhan, Ferrand, Beaulieu.
L’ensemble forme un tout des plus instructifs. Ce qui frappe chez tous, c’est qu’ils ont compris qu’ils vivaient un événement unique dans l’histoire du monde. Cela, celui qui l’a le mieux dit, c’est Maistre. Et que ce caractère unique allait revêtir du coup un caractère universel. Donc, le combat intellectuel, militaire, physique, quotidien, idée contre idée, système contre système était total. Mieux, même le modéré, prêt au compromis, savait qu’il traitait avec une pensée, un mouvement de nature globale et envahissante. Ils n’avaient pas encore le nom, mais ils avaient compris le phénomène « totalitaire ». Un livre à offrir pour de jeunes étudiants en quête de réflexion. Nous attendons la suite, le volume II, les contre-révolutionnaires après la Révolution.