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Eloge du duel

Avec le panache, la fougue et la verve gasconne qui est la sienne – quand bien même serait-il originaire du Bourbonnais –, Bernard Lugan, fier cavalier battant les flancs de son palefroi, nous renvoie, au rythme d’une chevauchée effrénée, à des époques, hélas révolues, où l’honneur tenait rang éminent sur la vie.

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Eloge du duel

Distinct du duel judiciaire, ce combat armé d’homme à homme, que l’on peut appeler le duel du point d’honneur, se généralisa à partir du XVIe siècle, jusqu’à ce que Richelieu y mette un terme, imputant à cette pratique un taux de létalité important susceptible de compromettre la survie de la noblesse française. La Révolution, abolissant tous les édits et arrêts de l’Ancien régime, rétablit cette pratique qui allait ponctuer tout le XIXe siècle et notamment la IIIe République : « L’on se massacrait donc allègrement et pour des motifs essentiellement futiles en ces temps ‘‘bénis’’, quand l’on risquait certes sa vie, mais en ne perdant ni son temps, ni son argent dans de longues et stériles joutes tribunalesques ». Lugan, par ailleurs fondateur et président de l’Association pour le rétablissement du duel en matière de presse (ARDMP), condense en cette formule tout l’intérêt qu’il y a à recourir à ces combats singuliers très codifiés, dont la haute valeur sociale ajoutée n’était alors contestée par personne. Comme l’écrivait Marcel Boulenger, fin escrimeur, médaillé de bronze aux Jeux olympiques d’été de 1900 – et par ailleurs, talentueuse plume pour L’Action Française –, « le duel évite le scandale et le bruit. Le duel évite aussi la brutalité, la grossièreté, les pugilats ignobles, les coups de pied ou de canne dans la rue, sinon les coups de revolver. Il est la dernière, la frêle, mais encore souveraine barrière contre les calomniateurs et les goujats. » (Apologie du duel, 1914, disponible en ligne).

Contre les échotiers incultes et les cuistres bobardiers

Lugan souscrit pleinement à ce propos, estimant, lui-même, dans une langue joliment fleurie, qu’il est « inutile de continuer à enrichir la basoche en implantant des actions en justice (…). Car, qu’on le veuille ou non, [le duel] est en effet le moyen le plus rapide, le plus efficace et le moins onéreux de rendre enfin prudents plumitifs stipendiés, acrobates du micro, butors de la sous-culture et baises-cul de l’idéologie dominante ». Et l’auteur de ce jubilatoire nouvel éloge du duel – qui n’omet pas d’indiquer combien cette noble façon de mourir autant que d’éprouver son courage n’était pas l’apanage des hommes puisque le beau sexe, à l’instar de « la Maupin », n’atermoya guère à s’y livrer gaillardement, rapière haute et seins nus ! – de relever le gant d’une tradition qui, certes faisait couler le sang, mais incitait à la plus grande circonspection, voire à la plus sage retenue. En matière de presse, ce retour à l’ancien usage des gentilshommes n’aurait, en effet, que des vertus, dont celle – en sus des mérites précités – de faire choir de leur piédestal d’arrogance et d’immunité, les échotiers incultes et autres cuistres bobardiers qui payeraient sur leur minable vie, l’écot de leurs clabauderies et de leurs impostures. Dès lors, Messieurs –et Mesdames –, déclarez vos témoins et n’oubliez pas que le choix des armes revient toujours à l’offensé !

Bernard Lugan, Eloge du duel. L’honneur au-dessus de la vie, La Nouvelle Librairie, 2023, 153 p.

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