Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Commencer par une réunion, continuer par une réunion, finir par une réunion…
Depuis une bonne cinquantaine d’années, dans les entreprises publiques, les entreprises privées, même dans les associations de bénévoles, partout, partout, sévit la réunionite. Les réunions issues de la réunionite ont quelque chose des assemblées du café du commerce, on y émet des vœux pieux, qui font hocher la tête d’attendrissement à quelques-uns, mais qui sont tout de suite contrecarrés par quelques furieux, c’est animé, mais en fin de compte, l’attendrissement des uns étant contrebalancé par la furie des autres, et encore par les discours sédatifs de quelques autres qui s’écoutent parler en ronronnant, on se sépare gentiment, sans qu’il soit rien ressorti de la palabre.
Finalement, seuls les organisateurs de la réunion, plus quelques moutons toujours prêts à bêler, croient à l’intérêt et à l’importance de la réunion. Ils l’avaient d’ailleurs dit avant : « Venez, venez. Votre présence est indispensable. C’est très, très important ! » Les autres, qui sentent qu’ils ont perdu leur temps, auraient bien aimé faire tout leur possible pour abréger, ils ont fait de gros yeux aux moutons, qui ont continué de bêler, aux loups qui auraient voulu croquer les moutons, mais les moutons et les loups n’ont rien vu, ils ont continué de bêler et de hurler, jusqu’à ce que les estomacs aient tiré et qu’on ait commencé à avoir les yeux dans la cuisine.
Mais il faut impérativement fixer la date de la prochaine réunion, la palabre qui s’était assagie, qui paraissait même éteinte, s’est remise à flamber, ça fait un beau feu pendant une petite heure, jusqu’à ce qu’on ait abouti à un compromis ; on se sépare très content d’avoir trouvé une date. Ainsi, de fabrication de date en fabrication de date, on va au bout de l’année et puis commence une nouvelle année et encore une autre.
Une variété de la réunionite est la passion pour la démocratie participative, expression qui, à première vue, a quelque chose du pléonasme. La démocratie participative pratique beaucoup le questionnaire, le sondage, mais n’exclut pas du tout la réunion. Elle permet la plupart du temps aux élus, aux décideurs de ne pas prendre de décision, de ne rien faire, de vivre indéfiniment dans le projet, jusqu’à ce que le projet soit enterré, sans funérailles retentissantes, sa mort est passée inaperçue, on l’a oubliée. Entre-temps, un autre projet a vu le jour : tout neuf, il paraît très mignon.