Civilisation
À la recherche du XVIIIe siècle
Le père de Berthe Morisot, préfet à Limoges, y créa un musée des Beaux-Arts. Une des premières œuvres données fut un ravissant portrait de Nattier.
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Luxes est à la fois une exposition au Musée des Arts Décoratifs et un livre, aux éditions MAD. L’ouvrage, publié sous la direction d’Olivier Gabet, directeur du Musée, propose une fresque historique et iconographique de 80 objets, des temps anciens à nos jours : une rarissime perle des Émirats arabes unis, des objets précieux du XVIIe siècle qui rassemblent porcelaines d’Asie et bronzes dorés, le raffinement d’une robe de Worth à la fin du XIXe siècle marquant la naissance de la haute couture, ou le mobilier en marqueterie de paille conçu en 1930 par Jean-Michel Franck pour François Mauriac. Conjointement au livre, l’exposition du même nom, en replaçant la notion de luxe dans son cadre historique, culturel et artistique, se propose de nous donner des clés pour mieux en comprendre les codes à travers les millénaires et les continents.
Comment définir le luxe ? C’est un terme qui renvoie à la notion d’élégance et de richesse, voire de réussite et qui permet d’observer la société dont il est issu. Ainsi, dans l’Égypte ancienne, les parures en or (l’or étant de nature divine) sont synonymes de protection et accompagnent le défunt jusqu’à sa dernière demeure ; à Rome, la richesse de l’Empire se jauge à la mesure du train de vie luxueux d’une élite sophistiquée ; et n’est-ce pas un message de raffinement et de puissance que le roi Louis XIV adresse lorsqu’il invite ses courtisans à Versailles ? Cette évocation du luxe témoigne de la diversité des savoir-faire à travers les siècles, qu’il s’agisse de joaillerie, de cristallerie, de maroquinerie, de mobilier, du bibelot à la pièce monumentale… mais c’est aussi sa limite. Par trop d’éclectisme, l’exposition à tendance à nous égarer quelque peu mais le thème n’en demeure pas moins passionnant. Le luxe dépasse la notion marchande ; sans lui, y aurait-il des monuments, des œuvres d’art ou des musées ? Le vrai luxe, cette perfection sur mesure étroitement liée à l’art, contribue depuis toujours à la renommée d’un pays, d’une civilisation et porte en son cœur le sceau d’un héritage qui se transmet et perdure.
Illustration : Cuillère coquillage. XVIe siècle, Allemagne. Manche en argent fondu, ciselé et gravé, cuilleron en coquillage. Paris, Musée des Arts Décoratifs. © MAD Paris / Jean Tholance.