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Citoyens en armes !

Peu nombreux sont les ouvrages défendant le droit véritable pour tout individu de s’armer, de porter et d’utiliser une arme pour assurer sa défense.

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Citoyens en armes !

Bertrand Saint-Germain, juriste et universitaire, vient opportunément combler une grave lacune éditoriale qui se caractérise par une effrayante vacuité en la matière. De son propre aveu, « seul le livre de Pierre Lemieux [économiste canadien, auteur en 1993 de Le Droit de porter des armes], maintenant ancien, s’en est naguère approché ; il est hélas aujourd’hui indisponible à l’achat ». À cela, deux raisons : le totem hobbesien de l’État détenteur du monopole de la violence légitime ; le tabou prohibitif du droit de s’armer individuellement. Ils se complètent avec une telle évidence que quiconque s’aventurerait à émettre la moindre réserve critique passerait immédiatement pour hérétique, sinon pour inconséquent.

Comme le rappelle utilement l’auteur, la question de la possession des armes par les membres de la cité est aussi ancienne que cette dernière. De Platon, Aristote, Cicéron, Machiavel aux libéraux Locke et Montesquieu, jusqu’à même Beccaria, précurseur de notre droit pénal moderne, elle fait l’objet d’un relatif consensus reposant sur le triptyque suivant : défendre la liberté de la cité contre les menaces extérieures ; éviter la tyrannie à l’intérieur ; garantir la sûreté individuelle. En France, la législation sur les armes oscillera entre la prohibition et la licence relative (consacrée par la loi Farcy du 14 août 1885), jusqu’à son point d’orgue, c’est-à-dire son enterrement définitif avec le décret-loi Daladier du 18 avril 1939 qui accompagnera la mise en place d’un des régimes les plus restrictifs au monde, l’interdiction étant désormais la règle et la détention, l’exception.

Les honnêtes citoyens désemparés, désarmés

Bien qu’une très large majorité de pays possède une législation restrictive en matière d’accès des particuliers aux armes, d’autres pays comme les États-Unis (où le droit de s’armer individuellement s’adosse autant au 2e amendement qu’à la structure fédérale de l’État), la Suisse, la République tchèque, le Guatémala, le Mexique, Haïti ou Israël (10 % de la population est armée) ont opéré le choix d’armer leur population et de nombreux États (à l’exception des régimes dictatoriaux), en dépit du caractère restrictif de leur réglementation, autorisent la possession individuelle d’armes légères.

À l’heure où nos sociétés sont en proie à un « ensauvagement » (dixit le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin) croissant, ce n’est le moindre des paradoxes que d’observer une crispation jalouse de l’État sur ses prérogatives sécuritaires, lors même qu’il est régulièrement pris en flagrant délit de faillite à l’égard d’honnêtes citoyens littéralement désemparés. Désarmés.

Le livre de Bertrand Saint-Germain arrive d’autant plus à point nommé qu’à travers la possibilité de s’armer, il pose le problème récurrent de la légitime défense ou autodéfense, laquelle n’est que la conséquence ultime d’un droit beaucoup plus fondamental à l’autoconservation. Ici, il s’agit bien moins d’un droit naturel que la nature elle-même qui s’exprime à travers l’instinct de survie.

 

Bertrand Saint-Germain, P(rendre) les armes. Le Polémarque, 2023, 224 p., 15 €

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