Civilisation

La modernité ou la perte du logos
Revenir d’urgence à Héraclite.
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Mise en scène Céline Devalan, avec Romain Arnaud-Kneisky et Céline Devalan.
Entre la vie du personnage créé par Shakespeare et Lizzie Siddal, muse préraphaélite, ce sont deux existences qui se rejoignent, l’une fictive, l’autre réelle. Londres 1850. Lizzie Siddal (1829-1862), vingt ans modiste, poétesse et passionnée de peinture, ne désire qu’une chose, en pénétrant l’univers de l’art, s’éloigner du rôle de modèle pour devenir à son tour artiste. Elle rejoint le groupe des artistes préraphaélites et accepte de poser pour John Everett Millais (1829-1896) pour son œuvre Ophélia. Placée dans une baignoire d’eau glacée Lizzie contracte une pneumonie et devient dépendante au laudanum. Subjugué par sa beauté, Dante Gabriel Rossetti (1828-1882) en fera sa muse, son élève et sa fiancée. Sous l’enseignement de Rossetti, Lizzie arrivera aux portes du succès mais la passion artistique, mêlée inextricablement à la complexité de leur relation amoureuse, sera dévastatrice. Lizzie, dont la santé fragile ne cesse de se détériorer, meurt à l’âge de trente-deux ans d’une overdose de laudanum. Dans sa Beata Beatrix terminée en 1872, Dante Gabriel Rossetti représentera Beatrice sous les traits de son épouse défunte.
La mise en scène soignée, qui honore la mémoire d’Elisabeth Siddal, ouvre une réflexion sur la passion et la création, la force inspiratrice qu’un modèle provoque chez l’artiste. C’est la célébration de la peinture par la puissance d’un théâtre profondément authentique. Céline Devalan, dans le rôle de Lizzie, et Romain Arnaud-Kneisky, dans celui de Dante Gabriel Rossetti, sont incandescents. À ne pas manquer.