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Chronique de déconfinement

Deux mois de confinement : la France se réveille, comme après une anesthésie, par petits bouts.

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Chronique de déconfinement

On évite encore de se serrer la main, les « anciens » de plus de soixante-cinq ans doivent se munir d’une attestation pour utiliser les transports en commun, les passants dans la rue portent ou non des masques qui ressemblent un peu à des groins, on fait respectueusement la queue devant les boulangeries… Mais la circulation retrouve de la densité, on revoit ici ou là des terrasses ouvertes, et l’esplanade des Invalides se remplit de jeunes gens peu soucieux de « gestes barrières » et de « distanciation sociale » ; grand Dieu ! Quel jargon de cuistre !

Les agriculteurs, eux, en ces semaines magnifiquement ensoleillées, ont travaillé dur, comme d’habitude, et ne se sont pas sentis enfermés ! Les artisans œuvrant à l’extérieur, comme les couvreurs, ne comprenaient pas bien pourquoi certains rechignaient à les employer, tout en admettant très bien qu’on leur adressât la parole de plus loin qu’à l’ordinaire, et que l’on se passât du « canon » convivial après le travail…

Pour certains, le confinement a été une douloureuse épreuve, aggravée par la promiscuité, l’énervement des enfants, le manque de nouvelles, l’inquiétude, voire l’angoisse pour l’emploi, et l’ennui des journées trop longues ; il y avait, bien sûr les numéros de clowns involontaires de nos ministres, et les sketches désopilants de l’extraordinaire, de l’extravagante porte-parole du gouvernement, qui a fait de son mieux pour égayer l’atmosphère avec ses saillies et ses déguisements ; mais à la longue, on se lasse un peu, évidemment.

Et puis, il y a eu les épreuves, les amis, les parents que l’on a perdus sans pouvoir les approcher dans leurs derniers instants, les visites interdites en ehpad, le transfert des corps à Rungis dans un hangar réfrigéré transformé en morgue, et puis les enterrements furtifs à assistance réduite…

Nous avons perdu une grande dame, Birthe Lejeune, l’âme de la fondation Jérôme Lejeune, qui a jusqu’à son dernier souffle manifesté sa présence aimante à ses proches et à ses amis, handicapés et bien portants. L’archevêque de Paris, Mgr Aupetit a rappelé lors de ses funérailles (vingt personnes présentes physiquement, mais au moins 10 000 assistants par internet en direct, du monde entier) : « Qui est contre la vie ? Qui est contre l’amour ? Satan, qui défigure l’amour dans les cœurs. C’est pourquoi ils (Jérôme et Birthe Lejeune) ont été attaqués par des gens qui se réfugiaient derrière de fausses compassions afin de masquer leur lâcheté et leur veulerie. »

Notons cependant que le gouvernement et ses partisans n’ont pas craint de donner quelques marques d’intérêt en ces temps de disette spirituelle : le ministre des cultes a observé qu’il est très possible de prier chez soi, et le journal Le Monde a publié un article sur la fête de l’Ascension qui enseignait à son lectorat éclairé que Jésus a quitté ses disciples pour s’incarner dans l’Esprit Saint et que cette belle fête se célèbre le Jeudi Saint !

Terminons cette brève chronique par un événement heureux : le Conseil d’État, qui n’est pas toujours aussi bien inspiré, a donné raison aux catholiques qui demandaient la levée de l’interdiction des cérémonies religieuses ; conformément à sa raison d’être, il a dit le droit à la liberté de culte, et enjoint au gouvernement de permettre son exercice ; on aura remarqué que les requérants venaient plutôt des brebis que des pasteurs, et qu’un seul parti politique, le Parti Chrétien Démocrate, a participé à cette démarche si importante pour le droit et pour l’honneur.

Illustration : Monument aux morts d’Ascain, par Maxime Real del Sarte

 

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