Recevez la lettre mensuelle de Politique Magazine

Fermer
Facebook Twitter Youtube

Article consultable sur https://politiquemagazine.fr

C’EST BEAU, LA SCIENCE…

Facebook Twitter Email Imprimer

C’EST BEAU, LA SCIENCE…

Et plus qu’on ne pense. On croit qu’elle affirme des vérités solides, immuables, indiscutables, objectives et qui mettent tout le monde d’accord, ce qui secrète l’ennui. Pas du tout. La crise du coronavirus nous a montré que la science est beaucoup plus amusante. Entre scientifiques, on a l’insulte joyeuse. Un adversaire du professeur Raoult, qui avait attrapé un coup de lancette, déclara que ce professeur avait acquis son diplôme dans une pochette-surprise. Le professeur trouva les enquêtes de La Lancette « foireuses », dont il traita les auteurs de « pieds-nickelés. »
Ce n’est pas neuf, les querelles de clercs sont les bonnes, disait Barbey d’Aurevilly. On a vu psychanalystes, comportementalistes, médicamenteux se vomir, s’interdire ; les darwiniens et les partisans de l’Évolution par mutations s’agonir, s’exclure ; les déterministes et les amis des quantas vociférer.
Vers 1950, Pierre Gaxotte dans son Histoire des Français établissait la liste de toutes les vérités scientifiques, affirmées péremptoirement indiscutables vers 1900 par des chercheurs à binocles et à barbichettes, lesquelles vérités entre 1900 et 1950 s’étaient mises singulièrement à branler ; elles étaient remplacées vers 1950 par des vérités toutes neuves, radicalement opposées à celles de 1900 et soutenues mordicus par des chercheurs glabres et gominés. Par exemple, en 1900, les barbichus croyaient la matière pleine ; en 1959, les gominés la pensaient pleine de vide. Mais on peut remonter plus haut. Montaigne dans son Apologie de Raimond Sebond rappelle que de son temps le système de Ptolémée, qui avait pourtant paru évident pendant des siècles à un petit bonhomme bien posé par terre sur ses pieds et qui chantait que ce système avait permis de calculer justement les éclipses, les saisons et des tas d’excellentes choses, venait d’être remplacé par le système de Copernic, un Polonais, qui s’était propulsé en imagination dans les Éthers. Montaigne ajoutait à peu près que probablement dans quelques siècles le professeur Zigoto, un Italien ou un Vénézuélien un peu Patagon, adoptera un autre point de vue en s’enfonçant peut-être dans les Enfers et proposera le système Zigoto, comme quoi la science est mobile, comme la donna de Rigoletto, et en tout cas bien rigolote.

Facebook Twitter Email Imprimer

Abonnez-vous Abonnement Faire un don

Articles liés