Dimanche prochain 9 février, nos amis des 26 cantons helvétiques sont conviés à une « votation » portant sur trois sujets dont deux procèdent de l’initiative populaire : pour l’un, il s’agit de radier les coûts de l’avortement de l’assurance de base obligatoire en Suisse, en se fondant sur le principe que cet acte est une affaire privée ; l’autre initiative propose de maîtriser l’immigration en établissant des plafonds annuels pour l’immigration et des contingents pour les autorisation de séjour, les demandeurs d’asile et les frontaliers.
Le troisième volet de cette consultation concerne un projet fédéral de financement et d’aménagement de l’infrastructure ferroviaire. Les citoyens suisses ont pris connaissance officiellement des questions qui leur sont posées au moyen d’un document paraissant sous plusieurs supports dont l’internet, dans lequel le projet leur est présenté, ainsi que la position du gouvernement fédéral ; cette argumentation officielle est consultable sous la forme d’un petit exposé vidéo émis par une personne de l’un ou l’autre sexe s’exprimant avec une austérité toute helvétique.
Constatons que nos voisins sont invités à se prononcer sur des sujets de fond, ressortissant à l’équilibre de leur société, à leur équipement, à la morale… Ils disposent d’une réelle possibilité de peser collectivement sur la politique de leur pays.
Notons que la question concernant l’immigration est posée à l’initiative de l’UDC de Oskar Freysinger, qui a obtenu lors d’un vote fameux l’interdiction des minarets en Suisse… La polémique est vive autour de ce nouveau projet, et les intentions de vote font l’objet d’évaluations fiévreuses ; le gouvernement fédéral argumente comme s’il s’agissait d’interdire totalement l’immigration et en brandissant la menace de détérioration profonde des relations avec l’Union Européenne, comme il l’avait fait lors du vote en faveur ou non de l’intégration à l’UE : on sait que le vote négatif n’a eu aucune conséquence négative sur ces relations, ce qui montre bien que l’idéologie européiste n’est pas absente du débat… L’UDC, quant à elle, avance que la Suisse compte 23% d’étrangers, lesquels commettent 70% des délits.
Il semble d’après les sondages que le projet fédéral de financement ferroviaire soit vu favorablement par l’ensemble de la population, qu’en revanche le « non » doive l’emporter concernant l’avortement ; l’estimation est plus incertaine pour l’immigration au fur et à mesure que l’échéance approche.
Les Suisses sont-ils plus sages et raisonnables que les Français ? Certains le pensent. Évidemment, tout n’est pas transposable d’un bord à l’autre du lac Léman, notamment en termes de population, d’histoire et de traditions politiques. Quoi qu’il en soit, nos amis Helvètes se sont bien organisés pour être convenablement représentés, et par là, demeurer aux commandes de leur destin national…