France
L’impossible autorité
Il y a beaucoup d’excellentes raisons d’accueillir avec un haussement d’épaules le discours « d’autorité » tenu par Gabriel Attal devant l’Assemblée Nationale le mardi 30 janvier.
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Aujourd’hui, tout le monde se croit obligé d’être gaulliste. De Gaulle lui-même l’aurait prédit !
Il est permis de rappeler ce que fut réellement l’itinéraire de cet homme. Exceptionnel, si l’on veut ! Mais terriblement destructeur. Aussi bien des institutions que de l’histoire, des communautés que des hommes, pour qui il n’a jamais éprouvé que mépris et indifférence. L’histoire est là ; elle peut et doit juger. On le vante d’avoir créé la Ve République ; il n’a pu le faire qu’en se servant d’un mouvement national français qu’il a détourné à son profit pour se constituer un outil politique à son seul usage. La preuve, aujourd’hui.
Dès le début de son aventure londonienne, De Gaulle a donné à ses choix, nullement militaires, toujours exclusivement politiques, une allure de guerre civile. Il s’est bien gardé de faire la guerre aux Allemands, il n’a fait la guerre qu’à Vichy, en réalité au maréchal Pétain, en assouvissant, de plus, une rancune personnelle qui tournait à la haine. Puis, il l’a faite à tous les Français qui ne lui reconnaissaient pas une légitimité hors norme et consubstantielle à son personnage. Son unique objectif était le pouvoir, tout le pouvoir et pour lui seul, trompant les Français les plus sincères qui venaient le servir en croyant servir la France. Dès Alger, il éliminait tous ses concurrents, tel Giraud, comme autant d’adversaires. Il s’entendait, lui, le catholique, royaliste, traditionaliste, avec les pires communistes, les pires francs-maçons, tous les responsables de la défaite de 1940 pour mieux arriver à ses desseins.
Il a recommencé en 1958. En quatre ans, il a largué dans des conditions effroyables l’Algérie qui lui avait fait confiance. Combien de milliers de morts, de harkis, de pauvres civils, de femmes, d’enfants, de militaires, assassinés pour rien, pour la satisfaction de l’orgueil de cet homme.
Le prix de sa politique se paye aujourd’hui. En France et en Algérie. Toute la prétendue modernité – qui était d’ailleurs parfaitement en cours, y compris la dissuasion nucléaire – aujourd’hui compromise, politique industrielle, politique agricole, politique des villes, qu’en reste-t-il ? Des champs de ruines, trop prévisibles. Et la Justice a jamais dépravée, et l’Armée a jamais déshonorée et décatie, l’éducation a jamais abandonnée à la gauche, et tous les corps d’État disloqués. Michel de Crousnilhon maintient malgré tout un jugement équilibré dans son essai. Remarquable, car tout y est analysé en un point de vue aussi ramassé que complet.
À commander à l’auteur : Michel de Crousnilhon, 280 avenue du Maréchal Foch 83000 Toulon, 04 94 22 91 00.