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La justice, fondement de la souveraineté

Si les peuples se sont toujours émus ou passionnés, voire déchirés, pour des drames privés, crimes ou délits, c’est qu’ils ont, inscrits en eux, le besoin de justice.

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La justice, fondement de la souveraineté

L’œuvre de justice, si imparfaite qu’elle soit sur cette terre, est toujours aperçue comme une œuvre divine. Le savent même ceux qui font profession d’ignorer le divin, et son imperfection qui nourrit le débat est le signe irrécusable que nous avons le pressentiment qu’il y a une autre justice, parfaite celle-là, dont la nôtre est une mauvaise image. 

C’est pourquoi les débats sur la récupération politique de l’assassinat de la jeune Lola sont vains. Les pharisiens s’offusquent de voir les publicains de la vie politique (ces pécheurs publics du politiquement correct) appeler à la manifestation contre l’État car ils sentent que, dans cette réprobation, c’est leur pouvoir et leur respectabilité qui est en cause. 

Une enfant est assassinée dans des circonstances épouvantables. Celle qui est désignée comme l’assassin est une étrangère sous le coup d’une ordonnance d’expulsion du territoire qui n’a pas été exécutée. Le meurtre de Lola n’est pas le résultat d’un malheureux hasard, car l’assassin n’aurait pas dû être là. Sans la défaillance de l’État dans l’exercice de sa justice, il n’aurait pas eu lieu. Ce n’est pas l’État qui a tué directement Lola, mais c’est l’État qui est responsable de la présence sur son territoire de l’assassin de Lola.

Le territoire est un élément essentiel, en droit public, de la souveraineté de l’État. L’État est gardien de l’intégrité du territoire et, donc, de la paix et de la sécurité qu’il doit y faire régner. C’est l’essentiel de sa mission : « les sujets, en retour de l’impôt, reçoivent la justice ». L’État qui n’est plus souverain sur son territoire ne remplit plus son devoir d’État. Il fait défaut.

La Justice était le premier des devoirs des rois.

Lorsque les policiers de la BAC Nord de Marseille sauvent la vie d’une jeune femme violée en pleine rue, la nuit, par un criminel qui était sous le coup d’une ordonnance d’expulsion du territoire non exécutée, ces policiers sauvent leur honneur et celui de la police mais soulignent la défaillance de l’État. Dans le jugement de ces drames, ce ne sont pas les juges ou les policiers qui sont responsables, c’est l’État.

L’État ne peut pas s’abriter derrière une impossibilité de moyens (l’impossibilité de renvoyer ces expulsés dans leur nation d’origine). L’État a une obligation de résultat. L’art politique n’est pas fait de discours ou de déclarations mais d’un ensemble d’actes. En mille ans, les « quarante rois qui ont fait la France » n’ont pas fait mille pages de discours mais ils ont aménagé « un espace de paix et de sociabilité » (P. Chaunu). C’est que la Justice était le premier de leurs devoirs, dont ils répondaient devant Dieu. De là venait leur souveraineté. Il est temps de s’en souvenir. 

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