Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Alors, hier, on a parlé de concombres de mer, de trous noirs et de Macron. On n’a pas voulu parler de Notre-Dame, mais on a quand même égratigné la manière dont l’État finance et protège le patrimoine, et on s’est consolé avec les anges du Val-de-Grâce. Mais revenons aux concombres de mer. On vient de découvrir un fossile vieux de 430 millions d’années, dont Francis nous a parlé avec talent. Il a quarante tentacules et vient d’Angleterre (comme quoi ça fait longtemps qu’ils sont bizarres). Mais il est tout petit, ce qui fait qu’on ne comprend pas bien pourquoi il a été appelé Cthulhu, parce que ce dieu imaginaire est gigantesque. Comme le trou noir qu’on enfin réussi à photographier, cet endroit singulier qui pèse si lourd qu’il absorbe tout ce qui est à sa portée, même les photons. La matière y est attirée si vite qu’elle brille en disparaissant. Ça porte un nom poétique, l’horizon des événements, et ça fait penser à la démocratie française : une fois qu’on a voté, on ne voit plus rien et l’État pèse plus lourd en dévorant tout sur son passage. Comme le feu qui a consumé Notre-Dame, et sans doute le peu d’intelligence qui restait à Castaner, qui a doctement expliqué sur BFM TV que « Notre-Dame n’est pas une cathédrale. », tel que. Dommage qu’il ait pas essayé d’expliquer ça à Joseph, le dernier chrétien de Raqqa, qui aurait été drôlement content d’être éclairé par notre ministre. Lui, il a tendance à trouver que les églises sont des bâtiments chrétiens. Les gens de l’État islamique aussi, qui les détruisent avec méthode, entre deux meurtres ignobles, comme celui de cette fillette yézidi, condamnée à mourir de soif en plein soleil : l’Allemande convertie à l’islam qui a commis cet acte trouvait qu’on ne la laissait pas vivre sa foi en Allemagne. Depuis, rentrée (ça devenait compliqué de vivre sa foi de musulmane dans un pays dévasté par l’État islamique), emprisonnée et jugée elle explique, en gros, qu’elle a suivi les consignes, en se souvenant des bonnes leçons de Nuremberg. On a reparlé un coup des animaux, avec une très bonne chronique de Johannes Herrmann, « Plaidoyer pour les animaux que l’on n’aime pas » (il ne parlait ni de Le Maire ni de Castaner), qui rappelait qu’on prend tout dans le vivant, même les bêtes qui sont toutes noires avec des pattes partout, parce que « la vie sauvage est libre, ce n’est pas une installation municipale qu’on monte ou qu’on démonte », ou une flèche de cathédrale qu’on réinvente en fonction « des enjeux de notre époque. » On s’est appesanti sur le pipi des vaches. On avait préparé un gros truc sur les négociations entre l’UE et les États-Unis mais on n’a pas eu le temps, on a à peine évoqué la lettre cinglante de François Sureau à un évêque, on a survolé le dossier du coût réel de la transition énergétique, on a juste eu le temps de dire que les lois généreuses de l’Allemagne en matière de prostitution avaient en fait réussi a transformer le pays en grand bordel européen (c’est le titre du Point et c’est une manie, chez eux) et a attiré toute la misère du monde maintenant que les souteneurs peuvent exercer en toute légalité tout en continuant à exploiter le bétail humain – et on a dit que Macron avait surtout été financé par les Parisiens, drôle d’association d’idée. On s’est, dans le même genre, un peu attardé sur les scientifiques qui prennent l’avion pour dire dans des congrès internationaux qu’il ne faut pas que les autres le prennent, parce qu’on voit bien que les gens de gauche généreux pensent qu’avec eux « c’est pas pareil ». On s’est félicité que les robots permettent à l’entreprise Jacquemet de déléguer les tâches ingrates (genre attendre devant une machine qu’elle ait craché 50 crochets d’acier pour les fagoter…), on a regretté que les mêmes robots apprennent à souder parce que les gens croient encore que la soudure c’est sale et ça paye mal, on a glissé sur Pepsi-Cola qui veut faire de la publicité dans le ciel. On a dit que Vincent You est un type bien et que Tavoillot est un sale type, qui veut qu’on obéisse à l’État – alors même que celui-ci nous ment comme un arracheur de dent, comme le prouve le dossier sur les armes françaises utilisées au Yemen, des armes qui tuent, bizarrement, même si le ministre des Armées refuse de l’assumer. Et puis on s’est tu, parce que c’était fini, mais vous pouvez nous écouter ce soir en rediffusion et demain en podcast !