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Silence, on communique

Par les temps de grande soif, due au réchauffement climatique, on peut traverser quinze villages sans trouver un bistrot. C’est excellent. Désormais on se saoule seul à la maison.

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Silence, on communique

Photo by Matthias Oesterle/Shutterstock (15177263q)

On ne croise plus sur les trottoirs des poivrots qui zigzaguent, entre lesquels les petits enfants des écoles devaient slalomer. On n’a plus droit à ces conversations de comptoir, qui usaient bien de la salive. Celui qui habite à trois cents mètres, on ne le connaît plus. Quand on le croise, on n’a plus à lui dire bonjour. Les villes sont moins favorisées. Ça y papote encore beaucoup dans les cafés. Heureusement, on a un petit peu rapetissé la surface parlante en interdisant de chauffer les terrasses. Autour des villes, dans les banlieues hirsutes, s’étendent de vénérables hypermarchés. Dans les temps barbares, le client discutait avec la caissière. Maintenant, la caissière se fait rare. On passe sa marchandise devant des yeux électroniques et hop, c’est payé.

« Tapez le 1 ou le 2 ou 3 ou le 4 ou le 5 »

Jadis, toujours dans les temps barbares, on téléphonait à une administration ou à une grande entreprise et on avait au bout du fil quelqu’un qui vous répondait et avec qui vous ajoutiez un brin de causette si l’individu était aimable. Maintenant, si vous téléphonez aux mêmes services, on vous dit (vous ne pouvez pas répliquer) : « Tapez le 1 ou le 2 ou 3 ou le 4 ou le 5 ». Et quand vous avez tapé : « Créez un compte, un mot de passe et rédigez votre message. » Ça prend du temps et vous n’avez pas dit un mot. Tout cela est excellent. Plus de vains propos, de ces paroles inutiles et calomnieuses. On objectera : l’homme silencieux est contraint à la vie intérieure, qui fait des refoulés, des coincés, des pas marrants. Mais non, l’homme silencieux ne regarde pas son âme, il regarde l’écran de son téléphone.

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