C’est le membre odieusement stupide d’une commission spéciale dédiée qui parle :
La Dette, ça fait mal. Notre note sera encore dégradée, la honte ! Certains quidams, parfois ministres, ont proposé des parades. Parades insuffisantes, misérables, ridicules. Des misères. Ils grattent les fonds de tiroir. Il faut voir plus grand.
Nous avons la solution. Écoutez, nous allons parler tout bas, nous sommes entre nous, mais il ne faut pas que ça s’ébruite trop vite, les esprits ne sont pas encore préparés. Mais comme nous sommes entre nous, on peut le dire tout bas, tout à trac, si vous ne le répétez pas, si vous jurez qu’il n’y aura pas de fuite. Voilà : dans cinq, dix, vingt ans, quand on aura bien préparé les esprits faibles, nous décrèterons ceci : « Toute personne ayant atteint ses soixante-dix ans et présentant des pathologies plus ou moins mortifères sera, on ne dira pas « euthanasiée » (euthanasie fait penser à nazi, disent certains demeurés), on dira qu’elle bénéficiera d’une ingestion volontaire d’une substance létale (volontaire est le mot qui convient, puisqu’il y a des points d’apport volontaire où il est obligatoire de déverser ses verres usagés). »
Comment procèderons-nous pour préparer les esprits infertiles des demeurés ? Par étapes, mon cher ! Comme on a fait pour l’avortement. D’abord on dira que pépé (ou mémé) qui souffre, il faut abréger ses souffrances, s’iel le réclame. Puis même s’iel ne réclame rien, du moment qu’iel souffre et qu’iel est plus ou moins dans le cirage, allez, les pieds devant, mon petit père (ou ma petite mère) ! On pourra prendre par acquit de conscience l’avis de la famille, quoique la famille… institution patriarcale, franchouillarde, ça existe encore ? On fixera l’âge d’abord à quatre-vingt-dix ans, puis quatre-vingts et cahin-caha on arrivera à soixante-dix. Voyez l’économie ! La Sécu renflouée, la Caisse de Retraite excédentaire. Plus de sales gueules de vieux dans les rues, le Meilleur des Mondes enfin réalisé !