Tribunes
Bethsabée
Bethsabée était très belle, son mari Urie le Hittite était à la guerre, et elle prenait son bain en plein air dans son jardin…
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Dites-moi, cher ami, vous en faites une drôle de tête, ce matin, que se passe-t-il donc ?
– Vous trouvez que tout va bien, vous ? Eh bien, pas moi ! Comment un patriote pourrait-il sourire béatement à l’actualité ? On s’entretue un peu partout, les caïds triomphent dans les banlieues, la France se déclasse dans tous les domaines, nos enfants sont guettés par les corrupteurs numériques et LGBT, et le président se prend pour Hannibal ou Alexandre le Grand, peut-être même pour Mars incarné, semblant ignorer qu’il ne dispose que d’une armée résiduelle de trois catapultes, deux béliers et quelques piétons… Mais avec le feu grégeois, tout va bien !
– Allons, allons, cherchez bien… Il y a bien quelque chose qui vous a plu, ou même réjoui, ces derniers temps ?
– En cherchant bien, oui : la manière dont Vincent Bolloré s’est présenté devant la commission d’enquête parlementaire m’a procuré un vif plaisir : « J’ai eu la chance de naître dans une famille catholique, bretonne, riche et célèbre, riche pas seulement d’argent… mais aussi de tendresse… C’était une famille nombreuse, nous étions et sommes d’ailleurs très heureux ensemble… » Prononcée imperturbablement devant une commission peuplée en bonne part de païens, de bobos hostiles et de politicards sans âme, présidée qui plus est par un député LFI, cette déclaration a pris – à mes oreilles en tous cas – une dimension de provocation tranquille hautement réjouissante. Plus tard, il n’a pas hésité à faire franchement état de ses convictions religieuses, par exemple en répondant à une question portant sur une prétendue conversation dans une église à l’occasion de funérailles que « dans une église, on ne parle pas » et « dans une église, on sent la présence du Christ » ! Le président de la commission, un dénommé Aurélien Saintoul, en avait l’œil terne et l’expression hébétée de quelqu’un qui avale une huître avariée…
– Bon, j’ai quelque chose, un dictame à vous proposer : il y a quelques soirs, j’étais invité par des étudiants de classes préparatoires à un petit concert : ces jeunes garçons et filles, candidats aux grandes écoles, Polytechnique, Normale Supérieure et autres Centrale, Mines, etc., avaient pris sur leurs maigres loisirs le temps de s’approprier une dizaine de morceaux de musique polyphonique baroques et classiques, qu’ils ont magnifiquement interprétés devant leurs familles et leurs amis… J’ajoute que parmi ces jeunes gens, un bon nombre pratique la religion catholique…
– Bravo ! Voilà des étudiants qui seraient mal accueillis à Sciences Po !
– Vous prenez tout de travers ; et que pensez-vous de ceci : le Puy du Fou vient de se voir décerner à Los Angeles le Thea Award du meilleur spectacle du monde pour « Le mime et l’étoile », sa création de 2023. Cette même année, le parc d’attraction a reçu deux millions et demi de visiteurs, battant son propre record de 2022 ; à remarquer non seulement l’éminente qualité des spectacles, mais aussi la part importante prise par un bénévolat enthousiaste.
– Oui, réconfortant, en effet, ce nombre de visiteurs ; évidemment, ce parc est méprisé par les ténébrions haineux subventionnés, qui trouvent bizarre que les bénévoles qui font sa force travaillent gratuitement !
– Vous trouverez toujours à redire, vous, mais convenez avec moi que tant qu’il reste de la jeunesse et de l’enthousiasme… Et puis souvenez-vous : « La beauté sauvera le monde » !
Illustration : Quand Philippe expliquait le spectacle à Emmanuel, en août 2016.