Même sans compassion pour elle, vous êtes toutes des Philippine !
Chère étudiante, arracheuse d’affiches filmée à Science-Po, sache que la France entière a pu apprécier non seulement tes gestes obscènes, tes paroles affligeantes, mais aussi ton abondante chevelure châtain et la présomption d’ascendance culturelle que l’on devine chez toi comme « bien française ».
L’aridité d’une information aussi formelle que ton état civil, révélé par les réseaux sociaux, n’a tout au plus qu’accrédité le profil qui affleurait déjà sans équivoque dans les images filmées et les propos tenus par toi à Science-Po, quand tu déchirais devant la caméra les affiches rendant hommage à la disparition de Philippine. Ce profil, c’est celui d’une « héritière » culturelle française qui, en refusant la compassion à une victime comme Philippine, tombe dans la contradiction de se renier elle-même.
Est-il en effet besoin d’extrapoler ce que cette vidéo a laissé entrevoir de toi pour deviner que tu es, comme Philippine, une jeune femme « bien née », au sein d’une famille aisée d’origine européenne qui aime sûrement passer ses vacances en Bretagne, au Touquet ou au Pays Basque ? Rassure-toi, jeune rebelle, il n’y a rien de déshonorant, quand on est né et qu’on vit sur l’aire territoriale qu’on appelle « France », à avoir une allure et un patronyme « historiquement de ce pays ».
Ta parenté avec Philippine ne fait pas sentir seulement sa prégnance dans ta qualité d’héritière privilégiée (prénom, vacances familiales à la Baule, chances sociales), mais aussi dans le destin funeste que la violence de rue promet aux femmes de ton profil. Nommée Philippine aujourd’hui, ces femmes pourraient demain s’appeler Zoé, Mathilde, Sandrine, ou Ersilia. À défaut de te faire solidaire de Philippine par sympathie de genre, de nationalité ou de culture, tu pourrais donc au moins, chère Zoé, reconnaitre ta parenté de destin avec elle ; un destin qui tournera au tragique le jour où, comme elle, tu seras face à face avec une délinquance qui dans beaucoup d’agressions ne cache pas ses mobiles culturels.
La réalité de cette délinquance n’est pourtant pas nouvelle et apparaissait déjà sous un jour fort éloquent, chère Zoé, quand tes grandes sœurs étaient ciblées par des agressions sexuelles de masse lors des manifestations anti-CPE en 2006 , ou bien commises en marge des célébrations de la victoire de la Coupe du monde en 2018…Plus récemment, toi dont le courroux s’ électrise aux mots de « conservateur » et d’« identitaire », tu es étrangement restée l’arme au pied quand des « Torquemadas » importés et importuns ont insulté des femmes qui travaillaient en débardeur sur le chantier à ciel ouvert des fouilles de la basilique de Saint-Denis, dans la chaleur de l’été 2023.
Quelles fautes, quels crimes cherches-tu donc à expier ?
Vis-tu à ce point retranchée de la rue, chère Mathilde, que tu ignores que les mobiles à l’œuvre dans une partie de la délinquance qui sévit en France s’appuient sur des représentations culturelles, des visions du monde, qui vouent précisément une détestation identitaire à des femmes comme toi ? D’ailleurs, tu t’es peut-être déjà fait suivre dans la rue, traitée de « tepu » par des « jeunes » à qui tu auras refusé de donner une cigarette ou ton numéro de téléphone ? Tu préfères pourtant déployer tout ton talent d’indignation en allant grossir la meute qui crie haro sur « l’homme blanc de plus de 50 ans », dont la virilité et la démographie en berne lui ôtent tout statut de menace sérieuse contre les femmes…
Alors que cette délinquance sans équivoque de motif fait rage, toi tu assimiles le soutien aux victimes comme Philippine à du racisme… OQTF n’est pourtant pas une qualité ethnique, mais simplement un statut administratif réglé par le droit, c’est-à-dire froid et sans relief identitaire.
Mais puisque tu veux absolument voir du racisme et des leviers identitaires à l’œuvre, chère Sandrine, regarde plutôt du côté de cette délinquance de rue qui frappe fort, désormais partout en France. À travers elle, les clins d’œil culturels arrivent même dans les armes employées, comme le couteau, ou dans les victimes collatérales déplorées, comme les chiens. La plupart des assaillants eux-mêmes, que tu chéris dans ton cœur d’internationaliste en keffieh, se qualifient eux-mêmes et avec force sous le rapport de leur ethnie, de leur religion, voire même de leur nationalité de papier ou « de cœur », pourvue que celle-ci soit tout sauf française bien sûr.
Quelles fautes, quels crimes cherches-tu donc à expier, chère Ersilia, en désirant tellement le triomphe d’une cause à laquelle ni ton histoire, ni la survie même de ton mode de vie ne t’appellent, et qui aura tôt fait de te renverser toi et tes semblables quand tu auras fini de lui servir de marchepied politique et électoral ?
Tu es attendrissante, Erisilia, et à l’approche de la date du 7 octobre, je ne peux m’empêcher de te trouver des points communs avec les malheureuses idéalistes israéliennes qui dansaient, en ce jour tragique, le long d’une frontière qu’elles rêvaient d’abattre au nom de l’amour et de la tolérance universels. Si la frontière est bel et bien tombée, ce fut sous l’effet d’une attaque terroriste ; et quand ces jeunes filles ont croisé le regard des bourreaux dont elles avaient voulu se faire des frères, ce fut pour les supplier de ne pas les violer ni les assassiner…
Puisqu’aucun frein à l’immigration ni aucune politique d’assimilation sérieuse ne sont actuellement à l’œuvre en France, souhaitons tous et avant tout dans ton propre intérêt, chère arracheuse d’affiches, que la barrière sur laquelle tu danses ne cède pas. Cette barrière s’appelle forces de l’ordre.