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Le vrai soutien de la justice

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Le vrai soutien de la justice

Voilà donc vingt ans que nous bataillons, par la plume, dans Politique Magazine, pour le Royaume de France. Au cœur du Royaume, il y a l’œuvre de justice.
C’est par leur réponse, concrète, efficace, au besoin de justice que tout homme porte dans son cœur, que les capétiens ont instauré leur règne bienfaisant. Leurs décisions plus justes, plus rapides et donc plus pacifiantes ont fait que par-dessus les barons et même, parfois, par-dessus les évêques, les justiciables allaient vers les juges du Roi, et, à la fin, jusqu’à lui-même, quand ils n’appelaient pas – dernier recours – « du Roi mal informé au Roi mieux informé ».
Tout avocat sait que chez tout client les vicissitudes de l’existence conduisent à « avoir affaire avec la justice » ; ce désir d’appel au « grand juge » souverain est présent, même quand, par les malheurs de la politique, ce souverain n’est plus là.
S’il fallait résumer les vingt ans passés, on y verrait, de réforme en réforme, la volonté de faire de la justice une institution plus proche du justiciable, plus facile à comprendre et donc à être comprise et obéie, un souci pressent de « mise à jour » comme on disait dans l’Église au temps de Vatican II : transformation des locaux – palais de justice aux salles fonctionnelles, sans décor, ni apparat, vocabulaire simplifié, codes pénal et civil réécrits dans une langue plus approximative, se voulant plus accessible.
Mais que dit le justiciable ? Il ne voit pas l’abandon des ors et des sculptures, le dépouillement des salles sans tableau, ni tapisserie. Les Codes lui sont, malgré Internet, toujours aussi obscurs, et dans ses murs d’acier et de verre, qui remplacent les bois et les marbres, la justice est aussi lointaine et inhumaine, un peu plus glaciale dans son décor d’Ikea pour collectivités.
Le monarque actuellement régnant avait appelé près de lui, comme Garde des Sceaux, un avocat tonitruant et dépoitraillé, arrachant par la violence de son verbe des acquittements surprenants, devenu en quelques années le nouveau symbole de la défense. Dans cet univers de plus en plus numérique, dans ce parc glacé même s’il n’est pas solitaire, une voix allait résonner. Nous allions entendre la plainte du pauvre, le gémissement de l’accusé, la colère « du juste mis au rang des assassins ». Bref, avec Dupont-Moretti, il allait enfin ! se passer quelque chose.
Le confrère au col dégrafé a mis une cravate et a fermé les boutons de la veste de son costume. Il a policé son langage et modéré ses humeurs. Il ne tempête plus à la radio que contre Marine Le Pen et les Identitaires. Il a pris sa place dans le politiquement correct et fait la chasse, comme tout le corps judiciaire, à la plaidoirie importune.
Bien sûr, il a mis contre lui les magistrats et syndicats. Ses outrances verbales du passé lui valaient bien cette petite guerre. Mais, vues de l’extérieur, les choses se tassent, à défaut de s’apaiser, et, en définitive, c’était un coup pour rien !
Combien en avons-nous connu, de ces coups pour rien ?
Quand comprendrons-nous qu’en France la justice est née du Roi et que, sans le Roi, elle demeure veuve, ou orpheline… assistée de tuteurs provisoires souvent incompétents.
Il reste, encore, quelques traditions de l’institution et – heureusement ! – la loi de la nécessité qui est dictée par le besoin de justice. S’il n’y a plus de Roi, il y a encore le peuple, qui, dans ses litiges civils et ses plaintes pénales, recherche la justice.
Par là – et par les hommes de bonne volonté – la justice, les yeux bandés et les jambes fragiles, marche encore en boitant.
D’où notre volonté, toujours plus forte, de lui rendre la main et les bras sur lesquels elle pourrait s’appuyer.

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