Tribunes
Bibine et couvre-chef
Il peut paraître hors de saison de rappeler les recommandations que font les médecins pour les temps de canicule, mais avec le réchauffement climatique, on peut craindre un hiver torride.
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Longtemps, je me suis demandé pourquoi certaines personnes, hautement diplômées, pouvaient sortir des absurdités, des énormités qui font rire jusqu’à mon chien Nestor, alors qu’il est connu que les chiens ont peu le sens de l’humour et rient difficilement.
Dire que ce sont des imbéciles instruits les qualifie bien, mais n’explique rien.
– Eh bien, moi, je sais, intervient mon cousin Barnabé.
Et il m’explique qu’en fait, ces proféreurs de monstruosités sont de grands sportifs, ils aiment faire la course.
La plus grande partie de ces sportifs pratiquent la course à l’échalote : ils reniflent le derrière du précédent, ce sont des suiveurs, ils bêlent. Laissons-les de côté, ils ne nous intéressent pas.
Mais il y a ceux qui font la course en tête, toujours plus en tête. Ce sont des romantiques. On sait que depuis le romantisme, il s’agit d’être toujours d’avant-garde. Au début, ces romantiques, pour être toujours en avant, ont déclamé des théories au départ étonnantes, qui affligeaient le bourgeois, qui étaient plus ou moins fausses, mais pas trop, qui étaient discutables et ne s’écartaient qu’un peu du réel et de la saine raison. Et puis petit à petit, ils ont été à court et ont trouvé dans le délire de quoi satisfaire leur désir d’être toujours à la pointe, toujours en avant.
Un truc qui a bien réussi à ces gens-là est le ressenti. Avec le ressenti on assomme le traînard qui se permet d’avoir encore deux centimes de jugeote. On proclame par exemple qu’on est non-binaire, ni homme ni femme. Nestor mon chien lui dit : « Hé, regarde dans ta culotte ! » Certains non-binaires, gênés par la remarque de Nestor, courent chez le charcutier et se font enlever ce qu’il y a de trop ou mettre en place ce qu’il n’y a pas assez. Moi, grand coureur, je vais plus loin. J’ai un ressenti de crocodile, je me sens crocodile, j’ai bien le droit. Ça me vient de l’enfance où on me chantait : « Ah les crococo, les crococo, les crocodiles, sur le bord du Nil… » Ceux qui rigolent, je vais leur faire voir : un artiste du scalpel va me planter des écailles, raccourcir mes quatre membres et me fabriquer une longue gueule avec une superbe denture.