Une fois encore, l’idéologie sentimentale de nos gouvernants a frappé, avec le refus présidentiel de participer au 70e anniversaire de la Victoire commémoré le 9 mai par les Russes. Sentimentale, parce que l’action du gouvernement semble systématiquement dictée par le choix « j’aime – je n’aime pas ». Je n’aime pas les méchants Russes qui embêtent les gentils Ukrainiens. Je préfère de loin les gentils Antillais qui vont m’aider à commémorer l’abolition de l’esclavage perpétrée pendant des siècles par les méchants blancs, que d’ailleurs nous continuons à être…
Un État ne se gouverne pas avec des sentiments ; sauf à être aveuglé par sa propre idéologie manichéenne – et c’est le cas – un chef d’État doit orienter ses actions, intérieures et internationales, en fonction des intérêts du peuple et du pays. Or, en ce mois de mai, notre président fait ce qu’il lui plaît ; ou plutôt ce qu’il aime. Le problème, c’est qu’avec lui, c’est mai toute l’année !
Et cela, après la triste cérémonie française du 8 mai ; une cérémonie indigente où les journalistes pourtant adoubés par le pouvoir remarquèrent eux-mêmes son absence de consistance et sa réduction à une longue série de serrages de mains et de tapotage sur les épaules.
En outre, à nos tristes sires –pardon de les appeler ainsi, mais cela correspond bien aux mines effondrées du président de la République et de son ministre de la défense – peut-être eût-il fallu rappeler que le 8 mai est la fête de la Victoire. Le 7 puis le 8 mai 1945 fut signée la capitulation allemande, assimilable à la victoire des forces alliées. Une Victoire, qui partout dans le monde occidental –un peu plus tard en Extrême-Orient – fut fêtée dans la joie extrême, dans la liesse ! Alors, s’il vous plaît, ne transformez pas cette fête en une cérémonie funèbre, et, de grâce, cessez ces airs contrits dont l’exagération fait douter de la sincérité !
Nous devons tous, sinon exprimer, au moins ressentir cette joie, ce bonheur de vivre en paix et dans des pays libres ! Cela ne fait en aucune manière oublier toutes ces innombrables victimes innocentes et tous ces soldats de la liberté qui ont péri durant cette guerre de terreur et de mort.
Si vous tenez tant à montrer un visage rempli de tristesse et de remords, faites-le en ce 10 mai, Messieurs, ô ministres intègres, conseillers vertueux, et ayez une pensée pour une victime innocente parmi tant d’autres, sacrifiée sur l’autel de l’épuration révolutionnaire : Madame Élisabeth, sœur du roi Louis XVI, conduite à l’échafaud le 10 mai 1794. Par son attitude exemplaire, par sa foi et sa fidélité à sa famille jusqu’au sacrifice suprême, par la pureté son âme et son intelligence, oui, elle mérite bien notre contrition collective !