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TV : première pour Polonium

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TV : première pour Polonium

La réac qui s’en dédit, Natacha Polony, a désormais sa propre émission sur Paris première. Intitulée Polonium, elle se déroule dans les conditions propres à l’esprit de la chaîne : un lieu chic à l’ambiance feutrée. Célèbre établissement de la nuit parisienne, ce sont les Bains qui accueillaient la première de ce nouveau rendez-vous, vendredi 30 octobre.

Le lancement du programme est classique, l’animatrice racontant la soirée à venir en voix-off. Mais l’ultime animation, avant l’interview du premier invité, provoque l’hilarité : sur une musique au beat des années 80, la chroniqueuse d’Europe 1 apparaît bleutée avec des yeux et des ongles verts phosphorescents et termine un mouvement vaguement érotique en mimant une griffure sur son visage. Cette curieuse séquence ressemble à un clip de Mylène Farmer avec Mystique des X-men. Bien entendu, c’est complètement raté, grotesque et presque gênant. Piqué par la curiosité, un brin inquiet, on attend la suite.

Montebourg, président !

Accueillie par un groom, Mystique ou Natacha, on ne sait plus trop, se dirige vers son premier rendez-vous : Arnaud Montebourg, qui attend au bar, l’air pensif. L’ancien socialiste, élu de Saône-et-Loire, a quitté la scène politique après son départ du gouvernement il y a quelques mois. Après avoir repris des études de commerce, il a pris la direction d’une PME, spécialisée dans l’éolienne. Les mauvaises langues diront qu’il continue de brasser du vent. Un poil enamourée, l’animatrice l’interroge sur son changement de vie et profite de l’occasion pour donner son point de vue sur l’économie, le protectionnisme, le rôle du politique… Le ton est presque doucereux. Nos deux complices sont d’accord sur à peu près tout. L’échange n’est pas inintéressant pour autant. On sent l’ex-ministre transformé par son nouveau costume d’entrepreneur, conscient désormais des problèmes concrets rencontrés par des millions de français. Pas si mal, donc. Il part de loin, faut dire.

Après quelques minutes d’entretien, Natacha quitte Arnaud pour retrouver Philippe. Verdier. Ce dernier attend près de la petite piscine emblématique des Bains. Une sorte de jacuzzi dont la couleur change au gré d’un jeu de lumières, oscillant entre des tons de vert et de bleu. Négligemment assis sur l’accoudoir d’un fauteuil, l’ancien présentateur météo explique qu’il est en cours de licenciement par France 2 après la parution de son livre, Climat investigation. Elle est debout. Elle le questionne, le pique un peu. Ils se connaissent, se tutoient. Verdier est sur la défensive, pas très à l’aise, sans doute lassé des sempiternelles interrogations sur un climato-scepticisme dont il s’est pourtant clairement expliqué dans son enquête (aux éditions Ring).

L’émotion partout

Natacha retrouve ensuite plusieurs invités, réunis en cercle. Le comité à étrange allure : une drag-queen, une avocate, un neurologue et une philosophe. Il est question de genre, de sexe, d’identité. Chacun défend sa paroisse. La discussion reste assez policée. L’émotion et l’idéologie d’un côté, le raisonnement scientifique de l’autre. Rien d’inintéressant, certes, mais rien de palpitant non plus.

S’ensuit un débat sur Charlie-hebdo avec trois nouveaux invités. « Où sont passés les Charlie ? », interroge l’animatrice. Gérard Biard, nouveau rédacteur en chef du journal satirique, se plaint de la disparition de « l’esprit du 11 janvier ». De son côté, un surprenant islamologue, Ghaleb Bencheick, donne un peu de hauteur à l’émission, rappelant des évidences – mais ô combien utiles ! – sur la dictature de l’émotion.

Enfin, dernière séquence de Polonium : un entretien-culture à propos d’un film, Nous trois ou rien, avec l’actrice Leïla Bekthi et le comédien et réalisateur Kheiron. Le scénario est tiré de l’histoire de la famille de Kheiron, réfugiée en France après avoir fui le régime du Shah d’Iran. Evidemment, impossible pour le trio de ne pas enfiler les lieux communs en établissant un douteux parallèle avec la crise des migrants. Eux trois et rien, donc.

Ainsi s’est achevée la première d’une émission qui se voulait sans tabou. Impertinente. Se rêvant en Michel Polac, Natacha Polony propose une version moderne de Droit de réponse. Mais devant le manque d’originalité de ce nouveau format, le téléspectateur est surtout en droit de se poser des questions sur l’intérêt de Polonium, pas vraiment radioactif.

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