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Sécurité, terreur et libertés [PM]

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Notre sécurité intérieure et extérieure est une priorité nationale. Pour une raison essentielle : elle est la condition première du plein exercice de nos libertés. Pas de sécurité, pas de libertés. Mais si les impératifs de sécurité en venaient à détruire nos libertés fondamentales, nous serions affrontés à une contradiction mortelle.

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Nous sommes en guerre contre l’islamisme, une guerre qui, pour n’avoir pas été déclarée dans les formes prescrites par le droit international, n’a pas moins fait l’objet d’incessantes et tempétueuses déclarations de l’ennemi. Certes, le champ de bataille revêt des formes mouvantes. Depuis quelques mois, avec l’État islamique, il a pris l’aspect classique d’une conquête territoriale. Encore que cet « État » n’a que des contours flous – un morceau pris à l’Irak et un pan ravi à la Syrie. Le clivage chiite/sunnite – en interférant avec de multiples autres oppositions religieuses, ethniques, idéologiques…, bref, « l’Orient compliqué » – le rendent difficile à combattre. Mais pour les mêmes raisons, même s’il aura entre-temps provoqué d’abyssales calamités, sa viabilité à terme est hautement improbable.

La France, déstabilisée, se trouve en état de guerre
Le conflit, cependant, a atteint la France. Sa déstabilisation, grandement facilitée par quarante ans d’inconscience immigrationniste, est devenue un acte de guerre : il nous faut le prendre pour tel. Il a pris la forme des différents attentats que nous avons connus depuis l’affaire Merah. Dans tous les cas, l’aspect délibérément spectaculaire de l’opération prouve la volonté de provoquer et d’exploiter les retombées médiatiques de l’évènement.
Dans la même optique, une tout autre forme de guerre a commencé à faire son apparition, la guerre électronique. On sait qu’il suffit de disposer d’un groupe de « hackers » doués, déterminés et imaginatifs pour pouvoir obtenir des résultats impressionnants, voire extrêmement dangereux.

La nécessité de réagir est donc tout à fait impérative, et le renseignement est une pièce essentielle du dispositif. Nous ne critiquerons jamais un gouvernement qui y mettra tout le sérieux et la détermination nécessaires. Mais il faut se rappeler que c’est un effort qui s’assume sur le temps long et qui doit donc échapper – au même titre que tout ce qui concerne la défense nationale – aux vicissitudes et instabilités de la politique partisane.
Fallait-il pour autant légiférer ?

En préparant une loi sur le sujet, l’intention avouée du gouvernement était de donner une couverture légale à des pratiques des services de renseignement en principe proscrites, mais devenues courantes. Soit. Il est vrai, également, que les libertés menacées semblent avoir tout à gagner à jouir d’une protection législative. Mais l’expérience que nous avons de la protection des libertés publiques aujourd’hui prouve qu’un mince rideau législatif n’offre que des garanties largement illusoires.

Les dérives vers une police de la pensée
Car, on le sait, une tout autre forme de lutte se déroule en même temps sur notre territoire. Quand on voit ce que les oligarchies actuellement au pouvoir sont capables d’imposer, que ce soit dans le domaine politico-économique avec l’aveugle fuite en avant européiste, ou dans l’ordre « sociétal » avec le mariage homosexuel ou la commercialisation de fait de la gestation, force est de constater que ces oligarchies ont pour premier souci de faire perdurer leur pouvoir.

C’est à cette seule fin qu’on voit se développer une surveillance généralisée de la société, et que se met en place une véritable police de la pensée. Nous sommes en droit d’être passablement inquiets pour l’avenir.

L’exposé des motifs de la loi, on a pu le voir, indique qu’elle a notamment pour objet de prévenir les atteintes à la forme républicaine et à la stabilité des institutions. Or, chacun sait qu’il s’agit là d’une vieille lune aujourd’hui dépourvue de sens. Non seulement parce que huit pays d’Europe, et pas les moindres, ont des institutions dont la « forme » n’est pas « républicaine », mais aussi parce que les terroristes réels, aujourd’hui, ont pour objectif l’établissement d’une république islamique qui se garderait bien de remettre en cause les « valeurs républicaines » : inutile d’avoir lu Houellebecq pour savoir qu’elle se contenterait, comme le fait déjà la république actuelle, de donner aux mots le sens qui lui conviendrait.

« Nous créons la nature humaine…»
On ne peut s’empêcher, sur ce point, d’attirer l’attention sur une étrange parenté entre tous ces « républicains » qui prétendent régenter nos existences et jusqu’à notre pensée même. On se rappelle que, dans le 1984 d’Orwell, l’État nouveau a subverti le langage lui-même, instituant une « novlangue » : « L’appauvrissement du vocabulaire est considéré comme une fin en soi. La novlangue est destinée non à étendre mais à diminuer le domaine de la pensée. » Est-il excessif d’écrire que la disparition du grec et du latin pourrait constituer un terrain d’entente entre la politique de Najat Vallaud-Belkacem et celle que mènerait en France le président… Al Baghdadi ?

Quand on voit comment une « valeur républicaine » aussi emblématique que la liberté d’expression a pu être balayée par des diktats législatifs tels que les lois mémorielles ou celles portant sur le racisme ou l’homophobie, on est en droit, là aussi, de faire des rapprochements qui paraissent contre nature, mais ne laissent pas de poser des questions. Certes, on n’a pas de mal à discerner des différences entre l’avenir que nous prépare Manuel Valls et celui que prône l’État islamique. Mais parmi ces différences, il y en a une à souligner : autant les islamistes, malgré leur grande capacité de nuisance, ne sont pas près de prendre le pouvoir, autant les mesures prises par nos derniers gouvernements portent en germe un nouveau totalitarisme que, lui, nous avons toutes les chances de voir prospérer longtemps. Si nous ne réagissons pas.

Car le développement accéléré des technologies de pointe nous fait désormais courir des risques considérables. Les techniques de communication, d’abord, dont les progrès et l’omniprésence rendent désormais impossible le respect absolu du caractère privé de nos conversations. Mais aussi les biotechnologies devenues le prétexte et l’instrument d’une volonté proprement nihiliste de détruire les fondements anthropologiques de notre société. Selon cette profession de foi qu’on peut lire dans 1984 : « Nous commandons à la vie. À tous ses niveaux.

Vous vous imaginez qu’il y a quelque chose qui s’appelle la nature humaine qui sera outragée par ce que nous faisons et se retournera contre nous. Mais nous créons la nature humaine… »
C’est ainsi que la loi sur le renseignement de Manuel Valls, drapée des voiles de l’innocence et des bonnes intentions, requiert toute notre vigilance. Pour qu’elle revête un caractère exclusivement positif, il faudrait la voir appliquée par un gouvernement qui se serait radicalement converti à la recherche exclusive du bien commun.
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