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Samedi de plomb

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Samedi de plomb

Jamais nous n’avions vu Paris dans un tel état un samedi soir. Terrasses silencieuses, restaurants et troquets fermés, ambiance lourde. Les conséquences du massacre commis le vendredi 13 novembre par des islamistes se feront sentir à long terme.

Les feuilles mortes volent dans des rues noires et incroyablement silencieuses pour un samedi soir. Le tiers des troquets et restaurants habituellement ouverts ont baissé leurs rideaux. Le reste est habité par quelques rares grappes de personnes. Certains commerces de bouche sont vides.

On peine à reconnaitre le centre de Paris. Et pourtant, nous sommes bien à l’Odéon, l’un des quartiers les plus vivants de la capitale. Plus vide et plus silencieux qu’un jour de semaine en plein mois d’août. Impression saisissante.

Le cœur lourd

Les lumières des bars encore ouverts et les petits groupes qui s’y concentrent ont quelque chose d’extrêmement chaleureux. Nous entrons dans l’un d’entre eux. Quinze personnes forment l’armada du soir, dans ce lieu habituellement plein. La tenancière explique qu’une association qui était censée venir dans l’après-midi avait annulé sa réunion. La patronne n’allait pas fermer pour autant sa taverne, « sinon ils gagnent ».

Les discussions ne portent pas sur le massacre de la veille dans des cafés et une salle de concert du 11ème arrondissement (129 morts et 352 blessés à l’heure où nous écrivons ces lignes). On parle, on rit, on exorcise peut-être un peu aussi.

L’un des membres aurait dû se retrouver devant la salle du Bataclan la veille, mais il était sorti trop tard de son travail pour pouvoir s’y rendre à temps. Un autre client raconte que l’un de ses amis a perdu sa mère et sa sœur dans le massacre. Assassinées par les islamistes.

Définitivement marqués au fer rouge

Nous ressortons. Toujours ce silence impressionnant. Si peu de monde, si peu de voitures…

« L’ampleur de la mobilisation est à la hauteur de la peur qui a pris les Français après la tuerie islamiste de Charlie Hebdo » relatait notre confrère dans un reportage sur la manifestation géante consécutive au massacre du 7 janvier dernier (https://www.politiquemagazine.fr/je-suis-charlie-ce-qui-sest-vu-ce-qui-ne-sest-pas-vu/). Ce n’était rien par rapport à l’effroi qui a saisi la population vendredi 13 et samedi 14 novembre.

Aujourd’hui, en France, des kamikazes élevés dans des banlieues immigrées ou arrivées dans le pays par les chemins balisés de l’immigration clandestine se font sauter dans la foule et tirent à la kalachnikov sur des passants choisis au hasard. Ou presque : les islamistes visent exclusivement les Français et les non musulmans *.

Une fuite du ministère de l’Intérieur nous apprend que plus de 11 000 individus ont été fichés pour radicalisation islamique dans le pays. Impossible à surveiller tous, affirment sans détour les spécialistes.

Pour le moment, la population parisienne panse ses plaies. Onze mois après le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, premier du genre au cœur de la capitale, les Parisiens ont vécu un nouveau cauchemar. Ils sont définitivement marqués au fer rouge.

Mais, derrière le silence très lourd de ce samedi soir, il y avait peut-être, pour la première fois, quelque chose d’une colère sourde et profonde, encore à peine perceptible.

* L’ambiance très lourde qui règne à Paris contraste singulièrement avec celle des quartiers dits populaires, selon plusieurs témoignages.

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