Comment lutter efficacement contre les crimes et les délits ? Aux états-Unis est apparue, depuis quelques années, une méthode dite de police prédictive qui permet, grâce à la compilation et au croisement de données, de faire baisser drastiquement le nombre d’atteintes aux biens et aux personnes.
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Comme son nom le suggère, la « predictive policing » est une innovation américaine. Pour faire baisser la criminalité et la délinquance, des logiciels informatiques spécialement conçus enregistrent toutes données relatives à un acte malveillant sur une zone définie : l’heure, le lieu, le mode opératoire… Après traitement, le logiciel permet à la police d’établir à quel moment un crime ou un délit a le plus de probabilité d’être commis. Plutôt que de patrouiller au simple flair, les effectifs policiers peuvent donc être répartis efficacement.
Différentes villes américaines – et, désormais, européennes – en sont équipés. à Memphis, par exemple, les prédictions se fondent sur « le logiciel Blue Crush [qui] utilise les antécédents judiciaires des personnes arrêtées ainsi que les données fournies très régulièrement par les patrouilles de police, tel que les lieux où les crimes sont commis, le jour et l’heure où ils ont été commis, et un large éventail de caractéristiques des victimes », explique une note de l’Institut pour la justice (IPJ), intitulée Police prédictive, une chance à saisir pour la France. Les résultats semblent être plus qu’encourageant : « Entre 2006 et 2010, Blue Crush a contribué à faire diminuer la criminalité à Memphis de 31 % et les crimes violents de 15,4 %. Les vols de voiture ont diminué de 75 % et les attaques de commerces de 67 %. »
Aux états-Unis toujours, Nashville utilise également ce genre de logiciel. En partant du constat que « les lieux fréquentés régulièrement par les criminels devaient connaître plus d’infractions routières, et notamment plus d’infractions conduisant à des collisions automobiles », le Data-driven approaches to crime and traffic safety (DDACTS) a permis à la capitale du Tennessee de faire coup double : non seulement le nombre de crimes y est en baisse mais aussi celui des accidents routiers !
En Suisse également
En Suisse, à Zurich, une autre variante de programme de police prédictive a été mise en place. Il ne concerne que la prévention des cambriolages. Ces derniers ont baissé de 30 % depuis le lancement du logiciel, nommé « precobs », une allusion directe à Minority Report. En effet, dans ce film tiré d’une nouvelle de Philippe K. Dick, trois « precogs » – des individus disposant de capacités exceptionnelles de précognition grâce à des flashs cérébraux – alertent une unité de police « précrime » qui intervient avant que les délits se produisent.
Pour autant, la police prédictive telle qu’elle se développe aujourd’hui, est bien loin de relever de la science-fiction. Comme l’écrit l’IPJ: « Le terme de « police prédictive » peut faire naître bien des faux espoirs, et bien des craintes exagérées, car les « prévisions » dont il est question ne sont rien d’autre que des probabilités établies à partir du passé. » Le terme « prédiction » est trompeur : il serait sans doute plus juste de parler d’« anticipation ». En France, seule la gendarmerie nationale commence à s’équiper de tels logiciels. Mais toutes les analyses montrent que, pour être efficaces, ces logiciels ne peuvent être utilisés que dans des zones urbaines. Affaire à suivre…
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